Une décennie perdue

par Michel Santi
lundi 25 janvier 2010

Dans sa configuration actuelle, le système bancaire - de moins en moins productif et de plus en plus parasite - est un facteur majeur dans la destruction des richesses, la réduction des P.I.B. et dans l’appauvrissement de la classe moyenne.

 Nos économies, qui ont certes un besoin structurel en intermédiaires financiers mais de taille nettement plus modeste, risquent le choc anaphylactique si les Etats-Unis poursuivent leurs achats frénétiques d’obligations au rythme de 1’500 milliards de dollars ayant eu lieu en 2009. En effet, il est facile aujourd’hui de prétendre imposer un impôt sur les profits aberrants, parce que totalement décorrélés de la réalité de l’économie, des Banques importantes quand l’ensemble de l’appareil de l’Etat s’est lancé à corps perdu durant de nombreux mois afin d’améliorer les valorisations des papiers valeurs et autres titres détenus par ces mêmes établissements.

Pire encore : cette générosité de l’Etat envers ses Banques a amplement desservi le secteur privé (et donc appauvri l’économie réelle) car la protection prodiguée au secteur financier devenait mécaniquement inversement proportionnelle à l’exposition d’un secteur privé livré à lui-même et en première ligne face aux aléas de la dépression. Secteur privé qui a en outre été privé d’intérêts estimés à 250 milliards de dollars par an qui n’ont pas été prélevés sur un secteur financier ayant reçu une assistance quasi gratuite tout en ne se privant pas d’ignorer les actifs toxiques toujours présents à son bilan !


A la vérité, les taux d’intérêts ridiculement bas - âprement défendus par des autorités soutenues par les élites académiques Américaines - ravagent nos économies. Cet argent facile annihile la prime de risque, indispensable à une sélection naturelle condition sine qua non au retour de la vitalité du secteur financier, tout en volant le secteur privé et en favorisant la déflation... Du reste, ce secteur bancaire tentaculaire - donc inefficient - aujourd’hui devenu un poids mort à la charge de la société - n’a plus rien de "privé" puisqu’il est à la charge de l’Etat !

Au demeurant et même en période de prospérité, les Banques ne sauraient être assimilées au secteur privé puisque les liquidités de leurs comptes de réserves où elles peuvent puiser à tout moment leur confèrent une capacité virtuellement équivalente à la création de monnaie qui fait défaut au secteur privé. En réalité, le secteur bancaire US et sa Réserve Fédérale, en théorie elle aussi organisme privé mais dans les faits excroissance du Gouvernement Fédéral, partagent bien des similitudes et c’est précisément pourquoi il devient urgent d’abandonner cette (non) politique des taux très bas et de monétisation extrême de la dette.

Il est effectivement temps de revenir à une politique monétaire rationnelle afin que ce transfert massif de richesses hors de l’économie et en faveur de la finance soit enfin stoppé ! Il est inadmissible qu’un système financier omniprésent fasse la pluie et le beau temps dans l’ensemble des domaines de l’activité économique aux Etats-Unis et dans le reste du monde tout comme il devient aujourd’hui vital de corriger les distorsions injustes induites par ces baisses de taux quantitatives qui n’ont fait que confirmer la profession financière dans la haute idée qu’elle se fait d’elle-même.

C’est l’ensemble des schémas économiques et commerciaux qui sont à repenser mais il semblerait que la décennie écoulée ait été une période particulièrement pauvre en innovations et en grands projets créateurs d’entreprises et donc d’emplois. A mon sens, cette déficience d’innovation économique fut dissimulée par l’essor du secteur immobilier qui devait dès lors - mécaniquement et faute d’alternative séduisante - connaître une flambée sans précédent. Cette cruelle absence d’innovation - et donc d’imagination - ayant également résulté en une hypertrophie de la Finance.
 

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