Une prime à la casse ambitieuse ?
par clapou
samedi 10 janvier 2009
La prime à la casse à pour objectif de répondre à cette triple question :
1/ comment soutenir l’industrie automobile trébuchante ?
2/ comment renouveler le parc automobile et le rendre plus écologique ?
3/ comment répondre aux deux premières questions sachant que le consommateur a les poches vides et qu’il a peur de l’avenir ?
Qu’en est-il ?
Une des mesures annoncées pour le plan de relance est la prime à la casse.
On en parle beaucoup dans les média car cette mesure intéresse les gens : "1000€, c’est déjà quelque chose, c’est mieux que rien !" disent-ils.
Nous avons tous conscience que la crise du marché automobile est l’une des plus graves depuis longtemps (si ce n’est pas la plus grave). Les gouvernements des pays industrialisés ont donc décidé de réagir. C’est aujourd’hui le tour de la France avec "la prime à la casse".
Si l’on se rappelle bien, il y a 13 ans, pour répondre à une crise automobile d’une ampleur bien moins grave, Balladur instaura une prime à la casse de 1000€. La mesure proposée par Sarkozy n’est pas plus ambitieuse que la « Balladurette » alors que la situation est bien plus grave. Si les gens attendaient une mesure censée restaurer la confiance, ils récoltent ici une mesure qui loin de rétablir la confiance pourrait bien accentuer la déception, la résignation, le sentiment d’impuissance de la puissance publique.
Etes-vous la cible de cette prime :
- Si vous aviez une très vieille voiture...
- Si vous aviez l’intention et la capacité (par l’emprunt ou grâce à votre épargne) d’acheter une voiture neuve...
- Si vous n’aviez pas l’intention de céder votre vieille voiture (qui marche encore bien) à un proche...
- Si vous hésitiez un tout petit peu à acheter...
...Alors, vous êtes probablement la cible de cette mesure : celui qui fera l’acte d’achat parce qu’il sera incité. Beaucoup de ’Si’ en effet ! Vous conviendrez avec moi que des cibles comme ça, on en trouve pas à tous les coins de rue.
Mais si l’on voulait vraiment doper les ventes...aider l’industrie moribonde et ses employés inquiets... que faudrait-il donc faire ?
Au lieu de choisir une si petite cible, on aurait pu opter pour une cible plus grande. Si la prime à la casse avait été attribuée à toute personne souhaitant acheter un véhicule de moins de cinq ans (neuf aussi évidemment), alors le nombre de "clients" potentiels à cette prime aurait été beaucoup plus important. Hors, comme généralement un acheteur de véhicule d’occasion acquiert son véhicule auprès d’un vendeur qui souhaite acheter un véhicule encore plus récent, souvent neuf (c’est le principe des « vases communicants »), l’appel d’air aurait provoqué des ventes de véhicules neufs..
Cette prime à la casse à cible élargie répondrait donc aux trois questions :
1/ les ventes automobiles sont dopées, l’industrie automobile est réellement aidée.
2/ le parc automobile est renouvelé (et plus propre).
3/ un plus grand nombre de gens bénéficie de la prime, dont ceux qui en ont le plus besoin.
Certains diront que cela coûterait plus cher et que finalement, ce serait nos impôts qui augmenteraient. Il faut néanmoins considérer deux paramètres :
- des couches plus modestes de la population tireront bénéfice d’un tel dispositif alors que la prime proposée par Sarkozy ne les toucherait pas (les gens trop modestes n’achètent généralement pas de voitures neuves).
- Le coût de la prime proposée par Sarkozy est estimé à 200 millions d’€, soit moins d’1% du plan de relance. Alors si ce coût pouvait être élevé à 600 millions d’€, la prime aurait au moins le mérite de remplir tous ses objectifs réels tout en restant raisonnable (3% du fameux plan de relance), elle aurait en plus donné aux consommateurs un sentiment réel d’augmentation de pouvoir d’achat.
...De quoi restaurer un peu la confiance.
De manière générale, l’ambition et le réalisme créent de la confiance.
Christophe Lapoujade