Une reprise oui, mais une reprise faible, inégale et temporaire

par Laurent Herblay
mercredi 11 septembre 2013

Depuis quelques semaines, il semble entendu que notre pays est sorti de la récession. S’il est probable que la croissance sera légèrement positive l’an prochain, en revanche, il faut avoir en tête que non seulement cette reprise sera faible, mais qu’elle sera aussi inégale et temporaire.

Une reprise faible
 
C’est sans doute une conséquence de la crise que nous traversons depuis 2008, mais on a fini par se satisfaire de chiffres de croissance totalement dérisoires. Le gouvernement se félicite d’une prévision de croissance qui atteindra environ 1% en 2014 ! Quand on songe que la population de notre pays croît d’environ 0,6% par an, cela signifie que la croissance du PIB par habitant sera à peine positive, et que nous resterons encore largement en-dessous du niveau de 2007. En outre, avec 1% à 1,5% de croissance du PIB par an, il ne sera pas possible de réduire significativement le niveau du chômage ou de permettre une progression du pouvoir d’achat. Au mieux, la progression du chômage sera stoppée ou il baissera un petit peu. Et le pouvoir d’achat, au mieux également, stagnera.
 
Une reprise inégale
 
On pourrait se dire qu’avec une légère progression du PIB, théoriquement tout le monde devrait en profiter. Malheureusement, ce qu’on voit aujourd’hui, c’est que la croissance est complètement inégale, à savoir que seulement 1% de la population en profite, comme le souligne Joseph Stiglitz, qui a contribué à inventer le terme des 99%, ou Emmanuel Todd dans son livre « Après la Démocratie  ». La meilleure preuve, c’est l’envolée de 25% de la fortune des 500 personnes les plus riches de France en 2012, alors que le pouvoir d’achat reculait comme il ne l’avait jamais fait depuis 1945. Les autres bénéficiaires de la croissance, ce seront les multinationales qui sont les grands bénéficiaires de cette mondialisation qui leur permet de maximiser leurs profits par les délocalisations, la désertion fiscale et le chantage aux subventions et aux aides. 99% des Français ne verront pas la couleur de cette reprise.
 
Une reprise temporaire
 
Le torrent de liquidités déversé par les banques centrales pour aider le secteur bancaire est une des raisons pour lesquelles nous sommes sortis (certes, de manière illusoire) de la récession. En effet, cet argent contribue à soutenir les cours de la bourse et de l’immobilier, créant un effet richesse pour une partie des ménages et des entreprises, soutenant la croissance par un effet de ruissellement, même si 99% de la population n’en recevra que des miettes. En revanche, du fait de réformes financières insuffisantes, tous les mécanismes qui avaient mené à la crise de 2008 sont à nouveau à l’œuvre et devraient donc aboutir à une nouvelle grave crise financière. Toute la question est de savoir si cela aura lieu en 2016 ou en 2019… En effet, les banques savent parfaitement influencer les règles en leur faveur (notamment sur Bâle 3), les innovations qui provoqueront la crise sont déjà là (dark pools, ETF, trading à haute fréquence…) et les premiers signes de bulle sont déjà là, notamment en Chine.
 
Oui, il y a aura sans doute une petite reprise économique dans les mois, voire années à venir. Mais cette reprise sera triplement illusoire : elle sera trop faible pour dynamiser l’emploi et le pouvoir d’achat ; elle sera inégale et ne bénécifiera qu’à une infime minorité ; et elle ne sera que temporaire.
 

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