Vers un automne fiscal ?
par maltagliati
mardi 10 juillet 2012
Une société qui n’aime pas les jeunes, ainsi que je le soulignais la semaine dernière, c’est avant tout une société de fonctionnaires, des gens en place. J’ai souligné leur rôle dans l’élection récente. Voici maintenant les conséquences à tirer pour la société française : on ne réduira pas les dépenses, on ne touchera pas au statut de ces Messieurs-dames… les choix des Hollandais sont faits : voici venir l’augmentation des impôts, « seul moyen » de tenir le statut de la dette française !
Attila est là
Mais écoutons d’abord l’ignoble Attila, conseiller spécial de Mitterand et revenu dans les allées du pouvoir (sans les avoir vraiment quittées, mais en s’y étant fait plus discret) ; l’homme qui est capable de dire avec la même assurance le tout et son contraire ; un des promoteurs de la grande gabegie financière des trente dernières années, qui ose se lever pour dire : « j’avais bien dit que cela finirait ainsi ». Il fait penser à cette kyrielle de dirigeants occidentaux qui, pris en flagrant délit d’embrassades avec Ceausescu avant-hier, Kadhafi hier, ont le lendemain dénoncé les tyrans.
Écoutez-le, ce profanateur de toute honnêteté intellectuelle : « Nous avons tous vécu dans l’illusion. Voici venu le moment d’accepter la réalité. Il n’est pas possible de laisser croire que tous les Français n’ont pas profité de l’endettement de ces dernières années : depuis dix ans et pendant plusieurs mois par an, tous les Français ont bénéficié de services publics sans les payer. »
Triple andouille, c’est l’État et sa machine qui ont « profité » de ce mécanisme au point d’en devenir obèse. Écoutez-le encore : « La dette publique ne pourra pas se réduire sans réduire significativement les dépenses pour tous et sans augmenter significativement les impôts de tous. » « Il faudra en particulier, et le plus tôt serait le mieux, augmenter tant la CSG que la TVA. »
L’herbe ne repousse pas là où est passé le pseudo-intello et sa horde de gratte-papiers. Ce digne émule de Richelieu et de son comparse Renaudot nous indique clairement le chemin qui se dessine pour le « nouveau » Pouvoir : le rasoir de l’impôt. Après avoir fait largement illusion avec sa mallette de commis-voyageur sur laquelle il avait écrit « croissance », Hollande définit enfin son programme en un mot : IMPÔTS !
Vers un automne social fiscal
"Les fonctionnaires qui ont été méprisés ces dernières années avaient un grand besoin qu'on les écoute". (Marylise Lebranchu ) A la conférence sociale aussi le ton est donné, même si l’on ne va pas revenir globalement sur la réduction du nombre des fonctionnaires mise à l’ordre du jour depuis quelques années. Que les fonctionnaires soient rassurés, le gouvernement de gôche est bien un propagateur du sévice public, il n’est pas du tout dans ses intentions de poursuivre l’action menée dans le sens d’une réduction des dépenses, il ne reste donc qu’à augmenter les rentrées. Françaises et Français, passez à la caisse, d’autant que c’est VOUS qui profitez gratuitement de nos sévices depuis trop longtemps…
C’est à peine croyable d’oser développer une politique pareille. Sauf si bien sûr on veut remercier ses électeurs (1 Français sur 6, en gros les fonctionnaires et apparentés). Sauf si on est obnubilé par la tranquillité sociale. Ce n’est évidemment pas de ce côté-là que viendra la chaleur de l’automne. Le retour de vacances sera chaud, certes, mais d’un tout autre point de vue : FISCAL !
Je ne me ferai pas de souci pour les contribuables soumis à l’ISF qui payeront soit une deuxième contribution, soit une contribution doublée en septembre. Le seul souci que cela puisse poser au pays, c’est de les encourager à « convoler »… Tout autre est le problème des centaines de milliers de foyers jusqu’ici non imposables et qui subiront à la rentrée une double peine : 1) payer l’impôt ; 2) être écartés de tous les avantages que réserve aux Français le statut de non imposable.
Les socialistes vont dans le sens de l’égalité, c’est bien connu. Ils vont donc, ainsi qu’ils l’annoncent peu à peu, augmenter les impôts les plus égaux, mais aussi les plus injustes : la TVA transformée d’injuste en juste par le qualificatif de sociale sui lui est accolée, et la CSG inventée par un factieux de 1968, le socialissime Michel Rocard. Ces impôts sont injustes précisément parce qu’ils frappent également tous les revenus, alors que le seul impôt juste est l’impôt sur le revenu, qui touche les revenus de manière progressive. Mais en France TOUT repose sur les taxes et autres retenues, et l’impôt sur le revenu ne contribue que pour une part infime aux recettes nationales. C’est la tradition républicaine !
Dernier volet de cet automne fiscal : les taxes locales – taxe foncière et taxe d’habitation. Il n’est pas une région, pas un département, pas une municipalité qui n’annonce depuis des années le gel de ces taxes, en pourcents additionnels. C’est tout simple : il suffit de laisser les pourcentages intacts et de réviser les bases de calcul. D’où une augmentation qui frise l’indécence. Calculez juste : vous êtes propriétaire de votre logement ? FAUX. Vous payez désormais directement votre LOYER à l’État. Faites le calcul, c’est imparable !
Il faut tempérer les sangsues fiscales, c’est inévitable, sous peine de ce qui menace à l’horizon : la révolte contre l’impôt. Le problème en l’occurrence, c’est que les sangsues fiscales dont aussi les principales sources de la « croissance », vu que plus de 50% du P.I.B. est lié à l’activité de l’État et des collectivités locales. Réduire leurs dépenses, c’est arrêter le B.T.P. Vous savez ce que c’est qu’un cercle vicieux ? Vous avez entendu parler de ce qu’est qu’une double contrainte ? Voilà, vous y êtes…
Reste à savoir combien de temps et jusqu’où les citoyens vont supporter ces exactions fiscales. Tout en sachant bien sûr que pour qu’elles s’avèrent efficaces, il faudra encore pomper, pomper,… jusqu’à l’assèchement complet de la source ! Si la voie n’est pas strictement identique, le résultat l’est assurément : l’avenir grec de la France est assuré.
MALTAGLIATI
Post Scriptum
1. La dette publique de la France a augmenté de 72,4 milliards d'euros au premier trimestre pour atteindre 1 789,4 milliards fin mars, soit 89,3 % du PIB, selon les statistiques publiées par l'Insee. La dette de l'État a augmenté de 46,8 milliards d'euros sur la période janvier-mars pour s'élever à 1 381,9 milliards. La dette publique au sens de Maastricht inclut également les dettes des administrations de sécurité sociale (236,6 milliards, soit 31,4 milliards de plus qu'au trimestre précédent), des administrations publiques locales (160,9 milliards, - 5,4 milliards) et des organismes divers d'administration centrale (10 milliards, - 400 millions). Ce qui est sans doute le plus inquiétant, hors la dette publique à proprement parler, c’est la croissance exponentielle des engagements de l’État français dans le cadre des plans de sauvetage - existant ou à venir - des États du Sud européen.
2. Tout ceci dans un contexte où au dernier sommet européen les pays les plus endettés ont pu faire valoir leur loi, mais d’une manière telle qu’en apparence la solidarité européenne est renforcée et le cours vers une intégration européenne supranationale maintenu. Marché de dupe du dernier sommet européen qui a rassuré les marchés (à savoir avant tout les banques) jusqu’au début de cette semaine, les taux d’intérêts espagnols reprenant ce lundi 9 juillet leur ascension là où ils l’avaient interrompue le 19 juin.