Voile noir sur I’UPM

par Henri Diacono
mardi 10 juin 2008


L’actualité récente de ces derniers jours a jeté un voile noir sur le projet français de l’UPM (Union pour la Méditerranée). Trois des supposés principaux acteurs de ce projet, alliés du président Sarkozy dans sa démarche, et issus de la rive Sud, en Afrique du Nord, viennent en effet d’être secoués par des troubles violents et meurtriers. Ceux-ci ont pour effet immédiat de s’interroger sur la fiabilité des régimes concernés dans les domaines de la sécurité, mais également et surtout dans la gestion sociale des peuples.

En Tunisie, dans une localité du sud-ouest du pays, proche de la région minière de Gafsa où sont exploités de gros gisements de phosphate, une importante manifestation de jeunes chômeurs et d’ouvriers dénonçant l’importante augmentation de la vie constatée en quelques mois, s’est heurtée aux forces de police. Des tirs à balles réelles ont été utilisés par ces dernières et le bilan officiel a fait état d’un mort (trois ou quatre selon d’autres sources) et d’une bonne vingtaine de blessés.

Peu après, en Algérie cette fois, deux attentats meurtriers, revendiqués par Al-Quaïda Maghreb, se sont soldés, près d’Alger par treize morts dont un ingénieur français, et des dizaines de blessés.

Samedi dernier enfin, le 7 juin, dans le sud-ouest du Maroc, des centaines de jeunes chômeurs ont également affronté d’importantes forces de l’ordre, provoquant, de source officielle, quarante-quatre blessés dont vingt-sept policiers, alors que selon les syndicats il y aurait eu de un à cinq morts parmi les manifestants.

Il faut noter que ces trois pays dits « émergents » et jouissant, pour la France, comme pour bon nombre d’investisseurs étrangers, d’un attrait certain, continuent depuis leur indépendance de mener une politique interne qui n’a fait qu’accroître les écarts criants entre les différentes couches de la société civile. Jusqu’à nos jours rien n’a pu freiner ce cycle infernal en dépit, d’une part, des richesses minières de l’Algérie et, d’autre part, des nombreux bons points et ides financières distribués – quelquefois à juste titre – par les instances internationales à la Tunisie et au Maroc.

Il est par exemple de notoriété publique dans cette région que les favoris du régime et même les « familles » de celui-ci ont la plupart du temps la mainmise sur les projets d’envergure qui intéressent le pays, et la toute récente crise mondiale qui s’est soldée par une forte augmentation des produits de première nécessité n’a fait qu’aggraver le malaise qui touche à présent, et assez fortement, la moyenne bourgeoisie.

Si l’on ajoute à ces incidents préoccupants chez les « trois Nord-Africains », le conflit qui oppose Israéliens et Palestiniens, la situation politique pour le moins confuse au Liban, les récentes émeutes de la faim égyptiennes et les réticences pour cette Union des pays du Golfe, sous forte influence américaine, tout comme celles de certains européens, la naissance de l’UPM, voulue le mois prochain à Paris, dans le faste, par le président français, apparaît aujourd’hui devoir être bien pâle, sinon compromise.


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