Fukushima, mon amour

par olivier cabanel
lundi 14 mars 2011

La catastrophe de Fukushima continue, tout comme le séisme en cour, à faire des vagues, et les conséquences de ce drame prévisible ne s’arrêteront manifestement pas au Japon.

Aujourd’hui, ce ne sont pas moins de 600 000 personnes qui ont été déplacées, et probablement  plus de 10 000 personnes à avoir trouvé la mort dans cette catastrophe.

Un deuxième réacteur a explosé, et un troisième menace, projetant dans l’atmosphère toujours plus de radioactivité.

Deux nouvelles explosions se sont produites dans la nuit du dimanche au lundi relâchant fatalement de la radioactivité dans l’atmosphère.

Ce matin du 14 mars, un troisième réacteur pose problème, et la pression augmentant, il est probable qu’il va connaitre le sort des deux réacteurs précédents.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la transparence n’est pas l’une des qualités du monde nucléaire, et au Japon, comme en France, le mot d’ordre est de minimiser.

On peut en effet être surpris d’apprendre que la catastrophe a été classé 4 sur une échelle qui compte 7 barreaux. lien

On est surpris aussi d’entendre par la voix d’Eric Besson, qui n’en est pas à une énormité près, qu’il ne faut pas évoquer pour ces évènements le mot de catastrophe, et que celui d’accident suffit amplement. lien

Au matin du 13 mars, NKM finissait par admettre sur l’antenne d’Europe 1 le terme de catastrophe : décidément le cafouillage est l'une des principales données de ce gouvernement.

Quant à la radioactivité relâchée, ce n’est que grâce à des expertises indépendantes que l’on peut s’en faire une idée plus précise.

Le directeur du magazine « Days Japan », Ryuichi Hirokawa s’est rendu à Futaba, à 2 km de la centrale de Fukushima, dimanche 13 mars à 10h20 muni de 3 compteurs Geiger différents et il a constaté que la radioactivité ambiante dépasse la capacité de mesure de ces 3 compteurs.

A l’aide du compteur Victoreen 209-SI le débit de dose a été mesuré à 0,1 mSv/h, ce qui signifie qu’un citoyen japonais reçoit en 10 heures la dose annuelle tolérée en France. lien

La radioactivité mesurée au matin du 13 mars était 400 fois supérieure à la normale, et ceci à Miyagi, c'est-à-dire à 80 km de la centrale de Fukushima.

Mais connaitre la quantité de radioactivité présente dans l’atmosphère ne suffit pas, il faut aussi connaitre le sens du vent.

Or les vents soufflent vers l’Ouest, comme on peut le constater sur ce lien (secteur Japon) et celui la (secteur Canada), et c’est en effet la région de Vancouver qui est menacée.

Mais on se souvient que la catastrophe de Tchernobyl avait relâché son nuage radioactif sur une bonne partie de la planète, et ceci pendant plus de 15 jours.

Sur ce lien, le déplacement de ce nuage, en animation, heure par heure.

Une question est sur beaucoup de lèvres : pourquoi le Japon, riche en énergie géothermique, et 3ème fabricant au monde (lien) de capteurs photovoltaïques, s’entête-t-il dans la solution nucléaire, contestée à 70% par les japonais ?

En France, le projet ITER, à Cadarache, est, outre les sommes considérables qui vont y être investies, en plein sur une zone sismique connue. lien

En 1909 le « séisme de Lambesc » à provoqué la destruction de plusieurs villages.

De plus, il représente un réel danger s’il faut en croire le prix Nobel de physique 2002, le japonais Masotoshi Koshiba qui déclare : « le réacteur nucléaire ITER, qui brûle du tritium, est extrêmement dangereux du point de vue de la sûreté et de la contamination de l’environnement ». lien

Et que dire de la catastrophe financière que représente l’EPR d’AREVA qui dépasse toutes les prévisions financières, doublant son prix de départ, et dépassera vraisemblablement au final le sommet atteint aujourd’hui de 6 milliards d’euros. lien

Le projet Finlandais met la France dans une très mauvaise passe financière, car TVO, l’opérateur finlandais à signé un contrat à prix fixe (3 milliards) et le dépassement sera pour notre poche. lien

Et ne parlons pas des dépassements de calendrier pour une centrale qui devait être inaugurée en 2009

Alors les mauvais esprits diront qu’en France un Tsunami n’est pas envisageable, mais ce serait oublier la longue liste des accidents déjà survenus chez nous, comme à la centrale de Blaye, où nous sommes passés à 2 doigts du pire.

Et que dire de la vieille centrale de Fessenheim dont le gouvernement veut prolonger la vie, bien qu’elle soit prévue pour résister à un séisme de 6,7, et que sa région ait déjà subi des séismes du même ordre (entre 6,5 et 7,2 à Bâle en 1356) lien

Et puis il faut rappeler le terrible accident de Three Miles Island, qui bien qu’il ne se soit pas produit dans une zone sismique, à bel et bien provoqué la fusion du combustible. lien

Au moment ou nous savons (lien) qu’il est possible en France, et ailleurs, de se passer totalement des énergies fossiles, sans pour autant se priver, en se tournant délibérément, et progressivement vers les énergies propres et renouvelables, pourquoi s’entêter dans cette voie suicidaire que représente l’énergie nucléaire.

Daniel Cohn-Bendit réclame ce matin qu’un référendum et un débat soit organisé autour de la question nucléaire, débat qui serait beaucoup plus constructif, et légitime, que celui que veut organiser notre autocrate présidentiel sur « l’islam ».

Au moment ou déjà 97 % des français sont favorables aux énergies propres et renouvelables, comment pourrais-t-on ne pas accepter un tel débat. lien

Combien faudra-t-il de nouvelles catastrophes pour que les bonnes décisions soient enfin prises ?

Comme dit souvent mon vieil ami africain :

« Le grillon tient dans le creux de la main, mais on l’entend dans toute la prairie ».

L’image illustrant l’article provient de : « alvinet.com »


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