L’argument caverneux

par C’est Nabum
jeudi 6 octobre 2022

 

Quand le débat prend des allures caricaturales.

 

Si les prochaines décennies s'annoncent pénibles et même un peu plus, s'il y a lieu de modifier nos comportements que ce soit individuellement ou collectivement, le débat en matière d'écologie semble toucher le fond, creusant même la question pour chercher certainement des ressources énergétiques dans les profondeurs de l'âme humaine.

L'argument choc des adeptes du « Jusqu'à présent, tout va bien, il n'y a pas de raison de changer ! » réside dans la chasse systématique à l'incohérence chez ceux qui agitent le drapeau vert pour appeler à plus de raison, à plus de sérieux dans notre rapport à la Planète. Immanquablement, la traque des négationnistes de la catastrophe annoncée vise à pointer du doigt chez leurs contempteurs, la faille dans la cuirasse, le petit quelque chose qui est censé leur démontrer que ceux-ci non plus ne sont pas sérieux, pas cohérents, totalement inconséquents

Ainsi, le retour à l'âge de pierre est la seule alternative pour ces oiseaux de mauvais augures que ces progressistes aveugles entendent enfermer dans des cavernes afin de ne plus entendre leurs jérémiades, leurs griefs, leurs plaintes souvent justifiées. Ils ne font du reste qu'imiter le brillant président qui, pour faire le malin comme il s'y entend à merveille, avait évoqué en bon génie, la lampe à huile.

Le procédé argumentaire est toujours le même, tant que vous ne vivrez en totale harmonie avec vos idées, vous n'avez rien à nous reprocher, nous qui réfutons toutes les évidences et repoussons toutes les demandes de sobriété. Ils se drapent dans leur superbe, refusent d'admettre le moindre effort sous prétexte qu'un écologiste prend l'avion, qu'un autre utilise un ordinateur, qu'un troisième dispose d'une piscine chez lui.

Ces gens-là, fort de cette poutre dans l'œil qu'ils perçoivent dans la manière d'agir de leurs ennemis, se persuadent qu'ils n'ont aucun effort à consentir de leur côté. Ils ne cherchent même pas à mesurer les inflexions, les progrès, les mesures prises par ces maudits régressifs avant que de les condamner au bûcher médiatique par cette riposte massue « Allez vivre à la préhistoire ! »

Le pire c'est qu'ils sont persuadés d'assener là un argument décisif qui leur autorise tous les abus, tous les gaspillages, toutes les folies sous prétexte qu'en face, ils n'ont pas renoncé à vivre dans cette société qu'ils chérissent tant. Le seul effort qu'ils consentent consiste à s'acheter une voiture électrique fort onéreuse, le nec plus ultra de la citoyenneté en marche.

Pour le reste, il convient de ne strictement rien changer tant que ces profiteurs intolérants demeurent encore dans leur chère société si parfaite, si merveilleuse, si moderne. Alors, pourquoi pas utiliser des engins à moteur pour leur seul plaisir, s'offrir des croisières pour rester entre eux à travers le globe, prendre un bain tous les jours, arroser les terrains de golf et continuer de brûler la chandelle par tous les bouts.

Ils pensent faire des étincelles en envoyant à la tête des plus conscients, les petites entorses que leur vie impose à une doctrine qui n'a jamais exigé d'être extrémiste. C'est justement cette manipulation de la pensée qui est extrême, intolérante et nuisible. Attendre la perfection d'un côté pour justifier les incessants errements de l'autre est de la plus parfaire mauvaise foi. L'âge de pierre d'un côté, l'âge nucléaire de l'autre. L'alternative est aussi élémentaire que radicale. Elle délite une ligne à haute tension entre les uns et les autres.

Bien sûr que le courant ne peut passer pas plus que la prise de conscience quand à chaque occasion, un brillant esprit riposte de la sorte. Allez donc vivre dans votre grotte et laissez-nous vivre comme nous l'entendons, en dépit du désastre que cela entraîne. Pour souligner le trait, le terme d'écologie punitive est né afin sans doute de lui opposer le libéralisme permissif. Ils ont raison, tout est permis y compris de détruire la Planète pour leur petit confort d'égoïstes aussi foireux que leur argument est primaire.

À contre-sens


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