Quand la crise du climat s’invite au lycée

par Roland Gérard
samedi 28 janvier 2023

Les 23 et 24 janvier pendant une heure et demi 27 élèves d'une classe de seconde le lundi et 27 d'une autre le mardi ont vécu une animation reposant sur un débat mouvant et une boule de neige.

Le débat mouvant

C'est très simple le débat mouvant. Un petit panneau avec écrit "d'acc" collé sur un mur de la classe, un panneau avec écrit "pas d'acc" sur le mur d'en face et au milieu les élèves qui peuvent se déplacer suivant les 5 affirmations énoncées dans l'ordre : "Nous vivons un réchauffement du climat", "Ce réchauffement est du aux activités humaines", "L'espèce humaine est menacée de disparition", "Quoi qu'il arrive on s'en sortira toujours", "Je ne peux rien faire seul contre la dégradation de la planète". Aux élèves de se déplacer, de se positionner, de discuter ensemble de leurs arguments.

Climatosceptiques et stratégie du doute

Depuis que cette animation se pratique, lundi c'était la deuxième fois qu'un élève ose tout seul aller au mur "pas d'acc" à la première affirmation. Il préfère le mot "dérèglement" à "réchauffement" le débat était lancé... Après les échanges entre les élèves, je profite de cette première affirmation pour évoquer les "climatosceptiques" espèce pas tout à fait en voie de disparition, ainsi que la "stratégie du doute" qui a si bien marché dès les années 50 avec la question du lien entre cancers et cigarettes et qui marche encore si bien à propos des énergie fossiles et de l'élévation des températures. Les relevés météo sont éloquents depuis le début de l'ère industrielle il y a 150 ans la température s'est élevée de 1,1 degré.

Effet de serre

Les deux jours les élèves étaient d'accord pour dire que ce réchauffement est du aux activités humaines. Ils savent évoquer à chaque fois les responsabilités de l'industrie, des transports, de l'agriculture... logement... et autres activités produisant des gaz à effet de serre. Je rappelle à cette occasion que le kérozène n'est pas taxé quand le carburant des voitures l'est et aussi la pollution incroyable due aux porte containers et bateaux de croisière... A la question : qui peut nous expliquer en quelques mots ce qu'est l'effet de serre  ? Ils se précipitent plus à regarder leurs chaussures qu'a se jeter sur le tableau pour nous faire un dessin... conforment à l'ensemble de la population, les élèves.

Aller sur Mars

A la troisième affirmation "l'espèce humaine est menacée de disparition" le groupe se divise, certains s'installent dans la rivière du doute. A chaque fois il y en a un petit nombre pour dire qu'on ira sur Mars... pas pour rire... ils le croient vraiment... enfin ils en donnent l'impression. Ils donnent leurs arguments, mais ils sont peu nombreux et n'arrivent pas à convaincre leurs collègues. C'est l'occasion, cette affirmation, d'évoquer la sixème extinction de masse... souvent quand je demande : "Et quand a eu lieu la dernière ?" On entend : "dinosaures" et souvent certain.es dans le groupe savent que c'est il y a 65 millions d'années.

Géante rouge

Avec l'affirmation : "Quoi qu'il arrive on s'en sortira toujours" on voit qu'un petit nombre a une tendance à faire une grande confiance à la technologie... L'occasion est belle d'évoquer le fait que comme toutes les étoiles le Soleil est né et va mourrir et qu'a cette occasion il deviendra une géante rouge et que la Terre sera tellement impactée que toute vie y sera impossible... bon c'est dans 7 milliards d'années... mais c'est là. Occasion de nous plonger dans un abime de réflexion... que deviendra la vie ? Que deviendrons-nous ?

Couche d'ozone et poissons dans la Seine

La dernière affirmation : "Je ne peux rien faire seul contre la dégradation de la planète" est l'occasion de découvrir que certains élèves agissent déjà à leur niveau, en consommant moins de viande, ou en privilègiant les transports en commun ou le vélo... En exposant l'exemple du protocole de Montréal sur la couche d'ozone, ou le retour des poissons dans leur diversité dans la Seine on voit que l'action individuelle c'est bien mais que l'action collective est nécessaire pour arriver à des résultats significatifs.

Les actions que nous pouvons mener

La boule de neige que nous faisons aussitôt (nous n'avions qu'une heure trente), invite de façon très active, les élèves à se questionner sur les actions qu'ils pourraient mener pour entrer un peu plus dans la transition et à débattre entre eux. Après le vote deux tendances sont apparues le lundi : utiliser le vélo et manger local et le mardi ça a été : moins consommer d'énergie et trier, recycler, composter. Je termine toujours l'intervention en disant que l'espèce humaine est très adptable et que si l'on s'y met la crise pourrait être résolue.

Qu'ils prennent la parole

Plus que le fond, c'est sans doute la forme qui importe le plus. Oui c'est bien quand nous avons les points de repère essentiels sur un sujet. Mais ce n'est pas parce qu'on sait les choses qu'on va agir, ce n'est pas parce qu'on veut intervenir qu'on va pouvoir le faire. Le sentiment d'impuissance quant aux enjeux de la crise du climat est immense et répandu et ce sentiment seul mène bien souvent au désespoir, à l'éco-anxièté. Ce qui est bien avec l'éducation populaire c'est que c'est souvent très facile à mettre en oeuvre. Il y a quelques années des élèves de troisième avaient réinvesti leur expérience et animé débat mouvant et boule de neige avec les élèves de quatrième, cinquième et sixième de leur propre collège. On peut toutes et tous agir pour le climat.

C'est dans le programme du lycée et du territoire.

C'est à Bagnères de Bigorre au lycée Victor Deruy que ces animations se sont déroulées. Marlène Bonnefille y est professeur de sciences économiques et sociales et responsable des éco-délégué.es du lycée, elle nous dit que cette activité colle bien au programme où l'on trouve les chapitres : limites écologiques de la croissance, action publique pour l'environnement et l'engagement politique. C'est grâce au tout nouveau Collectif Citoyen pour le Climat et à son action "les rendez-vous du climat" que cette action a pu se réaliser... n'en doutons pas : ceci entraine cela !


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