120g/Km de CO2 : des voitures plus petites et plus chères.

par ÇaDérange
jeudi 8 novembre 2007

Les constructeurs européens étaient censés arriver pour fin 2008 à des émissions moyennes de CO2 sur leur gamme de véhicule de 140 g d’émission au km. Emissions moyennes voulant dire les émissions de toute la gamme des véhicules proposés à la vente, pondérées par les volumes de ventes de chaque type de véhicule. Si donc, comme Porsche, vous ne vendez que des modèles de sport ou de luxe, il ne vous est simplement pas possible de respecter la norme.

 

Par ailleurs, ce sont les clients qui achètent et pas les constructeurs, qui ne peuvent les forcer à acheter de petits véhicules s’ils en veulent des gros ! Il y a donc un fort impact du comportement de la clientèle dans la performance moyenne des émissions sur la gamme de véhicules d’un constructeur auquel ils ne peuvent pas grand-chose. La mode du moment pour les 4X4 ou l’aspect statutaire que comprend une décision d’achat sont malheureusement des facteurs en dehors de son contrôle.

Tout ceci pour dire que les constructeurs européens ne vont pas réussir à atteindre l’objectif d’émissions que la Commission de Bruxelles leur avait fixé. Et pas d’un peu puisqu’ils en seront péniblement (et nous solidairement aussi) à environ 160g/km.

 

Dans le même temps, la Commission veut aller plus loin, comme elle s’y est engagée. Elle veut donc mettre en place un nouvel objectif pour 2012 de120 g/km. Est-ce réaliste ? Les constructeurs disent que non en arguant que les nouveaux moteurs et modèles prennent de 6 à 7 ans à concevoir et que donc pour 2012 c’est trop tard et que la technique n’avance pas aussi vite que cela. Par ailleurs, ils souhaiteraient avoir un peu d’aide de ceux qui peuvent influer sur les comportements des acheteurs par des campagnes d’incitation à l’achat de véhicules moins émetteurs, des campagnes de modération ou des règlementations plus restrictives à l’utilisation et en dernier recours par la taxation.

 

Des actions tout aussi essentielles pour la réduction de nos émissions que les améliorations techniques, mais qui sont de la responsabilité des Etats. Il est, bien sûr, pour ces Etats ou la Commission qui les représente, toujours plus facile de demander des efforts aux autres que d’en faire soi-même !

 

Ceci dit, derrière cette unanimité de façade pour lutter contre la règlementation commune se déroule une lutte acharnée entre constructeurs pour faire en sorte que l’effort soit plutôt demandé au confrère qu’à vous-même et au-delà peut-être même pour rebattre les cartes commerciales et les parts de marché. Car le système de calcul en moyenne sur toute la gamme de véhicules produits pénalisent ceux qui fabriquent et vendent les voitures les plus grosses et les plus consommatrices de carburant. C’est-à-dire l’industrie automobile allemande par rapport à ses homologues françaises ou italiennes que l’histoire et le développement économique moindre que celui du voisin d’outre-Rhin ont spécialisé dans la petite voiture populaire.

 

D’où la demande allemande que les moyennes d’émission limites soient calculées non pas par constructeur, mais par classe de véhicules. Les petites voitures à 100 g/km maximum par exemple et les grosses berlines ou 4X4 à 170/180 g/km ! Une idée ingénieuse et techniquement fondée pusiqu’il sera toujours difficile, voire impossible, de satisfaire les 140 g/km sur un gros 4X4 de 6 litres de cylindrée, même en y utilisant la technique la plus sophistiquée et la plus chère que ne pourrons pas se payer les petites voiture populaires. Comme les carroseries en aluminium qui pour des raisons de coût ne peuvent exister que sur des grosses berlines chères alors qu’en termes énergétiques globaux incluant l’énergie pour produire ledit aluminium ce sont des gouffres à énergie. Par contre, c’est une idée inégalitaire en ce sens que le riche aurait toujours la possiblité de se payer le gros 4X4 auquel le moins riche ne pourrait pas accéder. Un inégalitarisme qui doit être modulé néanmoins car chacun sait bien que ce sont les voiture à forte marge, les grosses, qui font vivre les constructeurs et leurs employés.

 

La bataille pour trouver d’autres systèmes de norme de limitation d’émission est lançée et chacun y va de sa suggestion. Le poids peut-être mais, comme vu ci-dessus, ça avantage le gros modèle cher, ou la surface au sol.

 

La bataille ne serait qu’académique si derrière les limites moyennes maximales que Bruxelles entend imposer ne se cachait

pas... des sanctions financières pour ceux qui ne seraient pas capables de les satisfaire. C’est dire que désormais, ce n’est plus par intérêt technique et citoyen tout de même que les constructeurs travailleront sur le sujet, mais qu’il y va de la survie des moins bons. Tout le monde attend donc de savoir qu’elle sera la grille de calcul des pénalités que Bruxelles va présenter pour adapter sa stratégie de gamme de produits.

 

Une chose est sûre la voiture à 120 g/km d’émission de CO2 vous coûtera nettement plus cher, de 2 500 à 3 500 euros de plus par véhicule disent les constructeurs


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