Après Totnes, voici Feldheim !

par olivier cabanel
vendredi 16 janvier 2015

Après Totnes, en Angleterre, première commune alternative, ayant tourné la page des énergies dangereuses et sales, voici, chez nos voisins d’outre-Rhin, une nouvelle commune à suivre le bon exemple : Feldheim

Les 150 habitants de ce village, situé au sud–ouest de Berlin, sont chauffés à l’énergie éolienne, au bois, au fumier, pailles de refus, et il est le premier à avoir entièrement basculé vers les énergies propres et locales.

Comme l’explique le responsable de la coopérative énergétique locale, Werner Frohwitter, son village n’a plus à payer les 160 000 litres de pétrole et «  l’argent ne va plus à des cheikhs arabes ni à Vladimir Poutine. Désormais, il reste ici  ».

Pour y arriver, il a fallu emprunter bien sur aux banques, et obtenir des subventions, mais tous les habitants de Feldheim y trouvent leur compte.

Totalement autonome en énergie, il a obtenu en 2010 le prix de village bioénergétique décerné par le ministère allemand de l’agriculture.

99% de l’énergie éolienne, et la totalité de la production du parc solaire, installée sur une ancienne base soviétique, est revendue au réseau national. lien

À part le champ d’éolienne, une usine de biogaz, alimentée par du fumier (et du maïs) produit chaleur et électricité, et une petite centrale à biomasse brûle les déchets forestiers.

Les éoliennes de Feldheim, légèrement à l’écart de la commune, occupent un terrain de 86 hectares, avec une capacité correspondant aux besoins de 40 000 foyers.

Quant à l’unité de méthanisation, elle récupère le lisier des 600 cochons de la porcherie et produit 4 millions de Kilowattheure depuis 2008, et assez de chaleur pour chauffer la porcherie, 2 PME et la quasi-totalité des habitations du village. lien

Bien sur, le reste de l’Allemagne n’est pas sortie d’affaire pour autant, mais l’année 2014 a vu pour la première fois, les énergies propres dépasser en production les énergies sales, et fossiles.

Et pourtant, alors que l’Europe entière, petit à petit, tourne le dos au nucléaire, la France de Ségolène Royal dans la droite ligne de celle de Nicolas Sarközi s’entête dans la voie mortifère du nucléaire, et vient d’annoncer que le miracle énergétique s’appellerait EPR. lien

Après avoir favorisé la relance de la consommation d’électricité, donc du nucléaire, en faisant une couteuse promotion des voitures électriques, elle vient d’annoncer : « il faut programmer la construction d’une nouvelle génération de réacteurs qui prendront la place des anciennes centrales lorsque celles-ci ne pourront plus être rénovées »…

Sauf que, d’une part, elle oublie que c’est déjà le cas, et que ces vieilles centrales ne peuvent être rénovées, les cuves en étant l’un des éléments les plus fragiles, et ceux qui ont été le plus exposés.

Certaines d’entre-elles sont fissurées, et il est impossible de les changer, mais on sait déjà que la facture imposée par un minimum de réparations s’élèvera à 200 milliards, loin des 55 milliards annoncés.

Ces fissures de cuves sont fragiles comme du verre, suite aux énormes pressions dont elles sont l’objet, aux irradiations constantes, et la démonstration d’Arnie Gundersen est particulièrement éclairante. lien

C’est le syndrome de la fragilisation neutronique.

Nos voisins britanniques, devant la menace que faisaient courir ces fissures, ont déjà arrêté de nombreux réacteurs nucléaires. lien

D’ailleurs, après l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, et quelques autres, l’Autriche veut bannir le nucléaire du plan Juncker. lien

Quant à « la nouvelle génération de réacteurs », elle existe déjà, avec les EPR, mais on sait déjà que la filière est un échec.

Un échec technique, et surtout un échec financier, responsable de la débâcle financière d’Areva, l’entreprise ne tenant la tête hors de l’eau que grâce à l’état qui détient la grande majorité des actions, et qui en bouchant les trous, vide les poches des français, par impôts et taxes interposés.

La chute est sévère : l’action qui était de 82 euros se retrouve aujourd’hui à 9 euros, soit une perte de 90%...

L’EPR finlandais a montré la voie, triplant son budget de départ, repoussant continuellement la date de mise en service, et les dépassements de prix du chantier sont, par contrat, à la charge d’Areva…et donc de la France…il s’agit déjà de près de 6 milliards que nos impôts vont payer. lien

Le journaliste économiste indépendant Thierry Gadault évoque cette punition que tous les français vont être obligés de subir, parce que, dit-il : « EDF a eu les yeux plus gros que le ventre  ». lien

l’EPR de Flamanville a suivi le même chemin, et la facture est passée de 2,8 milliards à près de 10 milliards aujourd’hui alors que la mise en service, prévue pour 2012 est pour l’instant repoussée à 2019.

Et puis, ne serait-ce oublier que l’ex-président avait eu en 2008 la même posture et fait les mêmes déclarations.

C’était le 25 septembre 2008 : « le remplacement de nos centrales nucléaires par les centrales de la nouvelle génération sera accéléré ».

Oubliée donc manifestement la promesse hollandaise de réduire la part du nucléaire en France…

Rien de bien nouveau sous le soleil…

Sauf que, d’après les experts les plus pointus, nous sommes réellement en danger d’un accident majeur, puisqu’ils considèrent que l’on peut classer en 3 phases le fonctionnement d’un réacteur nucléaire : la 1ère phase est lors de la mise en service, il y a un risque élevé d’incidents du fait de « maladies d’enfance » et de la manipulation encore inconnue des installations.

La 2ème phase constitue la situation la plus sûre et s’arrête aux alentours de la 20ème année.

Par la suite la courbe des incidents et accidents s’élève drastiquement…

Malgré tout, l’ASN (autorité de sureté nucléaire) vient d’autoriser le fonctionnement du réacteur n°5 de Bugey jusqu’en 2022…à cette date, ce vieux réacteur aura 43 ans. lien

Son enceinte de confinement fuit de tous les cotés… mais ça n’a pas eu l’air d’émouvoir l’ASN

Ajoutons pour la bonne bouche qu’il y a eu récemment, à Bugey, le 9 janvier, une fuite de tritium, produit dont la toxicité est largement sous-évaluée, puisque s’il est absorbé par l’organisme, il pénètre alors dans l’ADN des cellules, (lien)…une fuite avait déjà eu lieu en 2012, fuite pour laquelle le parquet de Bourg en Bresse avait décidé d’engager des poursuites, d’autant que lors d’un prélèvement en octobre, le niveau de tritium avait été mesuré à 200 Bq/l contre 8 Bq/l habituellement. (lien

La raison de cette fuite est vraisemblablement due à l’utilisation d’une canalisation généralement non utilisée par EDF, mais suite aux avaries connues par la centrale au printemps 2012, elle avait été sollicitée, ce qui aurait provoqué la fuite dans l’environnement.

Ce ne sont pas de très bonne nouvelles pour les 1 324 637 habitants de l’agglomération lyonnaise, lesquels ne sont qu’à une trentaine de kilomètres de cette centrale nucléaire, et qui, en cas d’accident majeur, seraient aux premières loges.

Mais revenons aux énergies propres.

on sait déjà depuis le mois d’aout 2014 que l’énergie solaire est compétitive, et s’il faut en croire Jean Pierre Farandou, le PDG du groupe Kéolis, que le solaire est une énergie déjà rentable, et il en veut pour preuve le fait que la société saoudienne Acwa Power a remporté un appel d’offres en proposant un prix de 48 euros le MWh (mégawattheure) pour un parc solaire photovoltaïque. lien

Dans le même ordre d’idée, Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez confirme la baisse du coût de production de l’électricité solaire, et qu’elle devient moins chère que celle produite par le nucléaire, le charbon, ou le gaz. « Même en France, l’écart a été divisé par 3 en quelques années », témoigne-t-il.

Thierry Lepercq, PDG de Solairedirect enfonce le clou, expliquant : « l’augmentation régulière des rendements des cellules photovoltaïques, qui pourraient encore s’améliorer dans les 10 ans qui viennent. Ensuite, les couts des modules nécessaires à la production de l’énergie solaire ont été divisés par 6 depuis 2008. Enfin, les coûts de financement ont été réduits de moitié, car les investisseurs considèrent ce secteur comme peu risqué sur le long terme ».

Mais voilà, alors que nos voisins transalpins couvrent déjà 10% de leurs besoins avec le solaire, cela ne représente qu’un petit pourcent dans notre pays…qui, continue à s’enfoncer dans le déni, en favorisant l’énergie nucléaire, au grand dam de Yannick Jadot, député européen qui considère qu’il s’agit d’un sabotage des renouvelables. lien

Pourtant, droite dans ses bottes, Royal, dans la plus totale contradiction, continue d’affirmer « sortir du tout nucléaire », et « accélérer la montée en puissance des énergies renouvelables ».

En ces temps d’agitation terroriste, alors que des drones non identifiés continuent de survoler les centrales nucléaires, la sagesse ne serait-elle pas d’en finir avec cette énergie obsolète et dangereuse qu’est le nucléaire ? lien

Comme dit mon vieil ami africain : « un peuple sans culture est un homme sans parole ».

L’image illustrant l’article vient de paperblog.fr

Merci aux internautes de leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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