Au Canada, Brigitte Bardot se prend pour un phoque

par Jean-Philippe Wauthier
lundi 27 mars 2006

L’industrie de la chasse aux phoques est, au Canada, un secteur économique mineur. C’est, toutefois, une économie qui est viable et la chasse aux phoques est scrupuleusement réglementée par un ministère fédéral, Pêches et Océans Canada.Brigitte Bardot, qui est au pays depuis hier est, quant à elle, vigoureusement opposée à cette industrie, qu’elle n’hésite pas à qualifier de « barbare », allant même jusqu’à lui donner l’accrochant titre d’écœurant génocide animalier.

Il est évident que voir un jeune blanchon se faire fracasser le crâne par un solide coup de gourdin n’est pas une image que l’on aime contempler, mais comme l’industrie de la chasse aux phoques est une pratique légale, on peut se demander qui a tort, et qui a raison...

Si on jette un œil sur les réalités de cette industrie, on peut se rendre compte que plusieurs arguments dans l’attaque de madame Bardot contre le gouvernement canadien sont quelque peu, sinon erronés, au moins déformés.

Premièrement, la chasse aux blanchons. Il est évident que tuer le blanchon est un acte passablement barbare, compte tenu de la manière dont cela est fait, si l’on se fie aux différentes photos qui nous sont présentées par l’entremise des différents médias et groupes de défense des animaux. Pourtant, ce qu’il faut savoir, c’est que la chasse aux blanchons, ou aux petits de toutes autres espèces de phoques au Canada, est interdite depuis près de vingt ans. De plus, il est interdit de chasser le phoque dans des aires de reproduction et de mise bas. Comme pour tout autre animal, il faut suivre un cycle strict de reproduction, pour en garder un nombre maximal viable.

Il y a également, dans les critiques les plus virulentes de madame Bardot, la question d’une industrie inutile, qui, dit-elle, salit la réputation du Canada. Un point soutenu même par [monsieur Fab Four lui-même->http://www.dfo-mpo.gc.ca/seal-phoque/myth_f.htm], qui y est allé d’un petit voyage sur la banquise pour visiter un de ces plutôt mignons blanchons, et qui soulignait du même coup le déshonneur que cette chasse amène à cette grande nation qu’est le Canada.

Cette industrie présente toutefois, qu’on le veuille ou non, son lot d’utilités. Plusieurs familles de l’Est du Canada vivent de cette industrie dans les mois d’hiver qui se font plus arides pour la pêche et, par conséquent, pour le portefeuille. Cette chasse, qui est contrôlée, a été l’une des plus profitables en 2005 et procure donc un revenu stable à plusieurs personnes au pays.

Que conclure dans toute cette histoire ?

Que l’aspect physique du phoque l’aide grandement dans le soutien qu’il reçoit ? Personne ne s’acharne, comme madame Bardot le fait pour les phoques, sur les producteurs de porcs, de veaux ou de poulets, animaux qui subissent une mort atroce, et une vie en usine qui l’est encore plus. Il faut y voir une certaine relation, car si le phoque avait ressemblé à [quelconque hideux animal->http://www.inouille.com/article.php3?id_article=349], il est peu probable que Paul et Brigitte auraient dépensé un sou pour aller les sauver sur la banquise.

Et il faut choisir ses batailles. Car, bien qu’il existe toujours quelques hors-la-loi dans toute activité où l’homme sévit, il faut prendre en perspective l’énergie dépensée pour sauver une vie, animale de surcroît. Un génocide animalier, et qui à la lumière des différentes informations officielles sur le sujet n’en est visiblement pas un, mérite-t-il toute cette énergie, alors que la cendre de nombreux génocides humains est encore chaude, et que la famine qui gruge le monde n’est pas à la veille de se résorber ?

La question mérite d’être posée.


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