Comme tous les ans, les stérilisateurs d’œuf de goéland sont venus sur mon toit au Havre
par boddah
lundi 1er juin 2009
A Saint-François les goélands ne peuvent passer inaperçus, ils sont omniprésents. Ils sont emblématique de ce quartier historique de gens de la mer, pour eux (les gens de la mer), le goéland argenté fait partie du décor. Ils chassent et nichent depuis nos toits, de ce fait ils sont une espèce (l’une des seules) qui vit complètement avec ses hommes burinés par le soleil marin (oui oui, il y a du soleil au Havre). Les avantages d’une telle coexistence sont nombreux, comme les inconvénients, mais sans aucun doute, vivre avec ces colocataires est enrichissant et intéressant socialement.
Le goéland argenté, Larus Argentatus, est une espèce qui se remet à peine, protégée elle était en voie d’extinction. L’oiseau marin revient de loin…
Pour limiter son nombre en agglomération havraise, puisque ce n’est pas son milieu naturel, la mairie a entrepris de les chasser de nos toits. Après quelques balbutiements la méthode est dorénavant rodée. Les débuts ont été difficiles, pour les goélands comme pour les résultats mais depuis quelques années, la stérilisation des œufs dans leur nid à fait ses preuves. On recense aujourd’hui entre 3000 et 4000 nids sur la ville du Havre, l’efficacité est difficilement chiffrable.
Pour parler de mon expérience personnelle, il y a deux ans un couple c’est formé sur le toit à quelques mètres de ma fenêtre. J’ai pu assister à la construction du nid, et lorsque les œufs sont venus, le mâle et la femelle ont à tour de rôle couvé. Lorsque les employés de la mairie ont sonné à ma porte, j’ai refusé de leur ouvrir l’accès à mes amis. Ceux-ci (mes amis) venant régulièrement me demander ce qu’ils voulaient en tapant à ma fenêtre. Bien-sûr, les employés, qui n’y sont pour rien, ont tout de même eu accès au toit et ont fait leur travail. Ces hommes ne se font pas seulement plaisir en grimpant aux immeubles et en faisant de belles descentes en rappel, ils se font aussi attaquer. C’est incroyable le spectacle des goélands fondant sur eux et frappant leurs casques bienvenus de leurs becs hargneux. Malheureusement (surtout pour les goélands), les hommes araignée sont passés trop tard, les trois œufs ont éclos. J’ai pu suivre la croissance du premier jusqu’à son premier envol, une expérience inoubliable. Quand aux deux autres, empoisonnés ils ont résisté respectivement deux semaines et un jour pour le petit dernier…
Fort de cette expérience je considère que nous devons nous adapter à eux. Ils ont évolué et transformé leur mode de vie par notre faute (toits et poubelles accueillants). C’est un signe de tolérance de les accepter parmi nous. Leurs crottes sur les pare-brises et les poubelles (mal triées) éventrées sur les trottoirs sont leur « bruit et l’odeur ». Un peu de nature vivante dans nos univers de béton ne peut être que bénéfique, laissons les en paix et vivons en harmonie.
Je salue toutefois la démarche de leur faire redécouvrir leur territoire naturel, l’association du Chêne d’Allouville est décidément un des meilleurs refuges. En plus de recevoir les oiseaux mazoutés de toute l’Europe, ils élèvent les bébés goélands citadins pour les libérer dans leur milieu naturel. Si vous avez un nid épargné par l’intolérance, n’hésitez pas à contacter la mairie (0800351011) qui viendra chercher les petits afin de les remettre à l’association).