Conférence environnementale : bilan

par POlivier
lundi 17 septembre 2012

Ce fut l'une des promesses du nouveau gouvernement, promesse que la plupart des écolos ont pris avec des pincettes, se souvenant du décevant Grenelle de l'environnement, qui n'avait au final pas donné grand chose, si ce n'est des promesses...

Et au niveau des promesses, rassurez vous : il y'en a au moins autant qu'au Grenelle.
De beau discours, certes, de belles mesures, oui, mais à voir si cela va se concrétiser. Et, sans même parler de la concrétisation, encore une fois, on pourra être déçu par la teneur du discours, très classique, entièrement porté sur des sujets, certes importants, mais qui ne sont pas forcément fondamentaux vis à vis de la nature. Explications.

En premier lieu, saluons les mesures liées à l'énergie : arrêt d'une centrale nucléaire, interdiction du gaz de schiste, mesures promises pour la rénovation thermique, réinvestissement dans l'éolien.
On pourra cependant noter que la fermeture du réacteur de Fessenheim sera largement compensé par la construction d'une nouvelle centrale, en cours, et que, une centrale fermée sur 58, ça fait peu, nous sommes loin du zéro nucléaire de l'Allemagne ou, dans un futur proche, du Japon, pays ou la polémique du nucléaire a ressurgi.

La volonté de créer des nouveaux parcs naturels peut sembler positive, mais, au vu de la gestion de ces parcs, et de leur laxisme (la chasse y est souvent autorisée, quand le cueilleur de champignons y est interdit), on peut se poser des questions quant à l'efficacité de cette mesure.
D'ailleurs, en parlant de cela, le sujet chasse n'a pas du tout été évoqué : on reste donc dans une politique pro-chasse, ou la chasse est autorisée 7 jours sur 7, qui dispose du plus grand nombre d'espèces chassables de l'Europe, et dont le précédent gouvernement a lancé de nombreuses barrières pour toute association qui tentait de s'y opposer.


L'annonce d'intégrer l'éducation à l'environnement en milieu scolaire peut donc être autant une bonne nouvelle que la pire nouvelle qui soit, quand on sait qu'il n'est pas rare que des chasseurs ou des pro corridas y sont invités pour faire du prosélytisme/ .


En fait, les deux mesures clés du discours sont, d'une part, la rénovation thermique, et ; d'autre part, la limitation de l'artificialisation des sols.
Le nucléaire n'est que secondaire, il n'y a qu'une seule centrale concernée, et au niveau des pesticides, l'épandage aérien, non seulement est déjà interdit, mais, surtout, ne concerne que peu d'exploitants : cela n'empêchera en rien les tracteurs de déverser leur poison. Notons par ailleurs que le Grenelle de l'environnement avait pour objectif une réduction de 50% des pesticides : en 5 ans, il y'a eu une augmentation de plus de 2% ; c'est dire que l'Etat n'a strictement rien fait pour arriver à une utilisation plus modérée de ces tuent-vie, et ce n'est pas l'arrête de l'épandage aérien qui va changer quoi que ce soit.

Arrivé aux normes énergétiques pour les anciens bâtiments est une bonne chose, mais cela ne suffira en rien à faire de la France le leader dans le domaine de l'environnement : cette mesure se heurtera forcément aux capacités des Français(e)s de rénover leur habitation, et en temps de crise qui semble empirer, cela ne va pas vraiment aider les choses à bouger.
Limiter l'artificialisation des sols, quand à elle, est une excellente idée, mais si cet objectif est seulement soutenu par la création d'une Agence nationale pour la diversité, sachant ce que sont devenus la plupart des machins officiels, nous sommes en droit d'être sceptiques.

 

Au final, le discours était joli, mais deux choses me chiffonnent : d'une part, comme indiqué, c'est la réalisation de ces projets : quand ? Comment ? Avec quels moyens ? Combien de temps ? Nous n'avons pas oublié le précédent Président, qui, au bout de quelques mois, a lâché un magnifique 'l'environnement, ça commence à bien faire". Espérons que nous n'aurons pas la même finalité.

Mais ceci, c'est secondaire. Peu importe les mesures, tant qu'elles sont en faveur de l'environnement, je suis preneur ; au niveau écologique, nous sommes en sévère disette depuis plusieurs millénaires, nous n'allons pas faire la fine bouche arrivé à ce stade.
Non, moi, ce qui m'inquiète vraiment, c'est l'incapacité à nos gouvernements d'avoir une prise de conscience sur 3 éléments essentiels vis à vis de l'environnement, qui, si on ne les traite pas, ne feront qu'aggraver la crise écologique que nous subissons : la consommation excessive, le gaspillage énergétique et la surpopulation.

Ces 3 sujets sont le cœur du sujet écologique ! Il est inutile de transiter vers de nouvelles énergies si la consommation énergétique continue d'augmenter de façon exponentielle : il faut pouvoir diminuer cette consommation, en interdisant les excès, les éclairages inutiles, les chauffages inutiles.
Vain de vouloir tout recycler quand la consommation des ménages ne cesse d'augmenter, poussée par un capitalisme qui n'est basé que sur ce point unique : cessons la consommation excessive et inutile, et concentrons nous sur les besoins prioritaires.
Et puis, avant même de parler d'une baisse de la consommation ou de l'énergie, qui passera forcément par de l'éducation et des interdits (ou limitations, en tout cas), quel est le premier point qui fait qu'il y'a hausse de la consommation de tout ? C'est bien évidemment la hausse exponentielle de la population !

Or, sur ce sujet, le gouvernement français est clair : il veut de la croissance, encore et toujours. Et oui : !
On pourra donc multiplier les Grenelles et autres conférences, la crise écologique continuera de peser, et pèsera de plus en plus.

Alors, pour finir, ne soyons pas trop pessimiste : j'espère malgré tout que cette Conférence aboutira à du concret, à des avancées en la matière, mais je ne suis pas dupe : je ne saluerais l'initiative qu'une fois qu'elle se sera concrétisée, et non pas uniquement sur des discours.


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