Cop21, de l’espoir au cauchemar

par olivier cabanel
samedi 12 novembre 2016

Au-delà des déclarations optimistes qui ont suivi la Cop21, suivies plus tard de concrétisation d’une partie des participants, force était de constater que les avancées étaient malgré tout plus que modestes... et qu’aujourd’hui, depuis l’élection américaine, le peu qui avait été engagé est menacée de faillite.

Modeste les avancées ?

Le seuil de 2°C qu’il ne faudrait pas dépasser en terme de réchauffement planétaire est un concept assez illusoire, car il s’agit en réalité d’une moyenne, qui permet d’aller jusqu’à 5° par endroits, ce qui serait admettre que certains endroits de la planète deviendraient quasi inhabitable.

D’autre part, le seuil de 2°C (à la fin de ce siècle) est largement insuffisant, car les engagements fragiles pris à Paris conduisent à un réchauffement plus important que ce que l’on veut bien nous dire. Au-delà de cette estimation dont l’accomplissement serait à la fin du siècle, le GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental) affirme que la température moyenne de la planète a déjà augmenté de 0,78°C sur un siècle, avec de fortes disparités.

En France, par exemple, cette augmentation était de 1,8°C fin 2014, et nous avons assisté à une augmentation sensible durant les 2 années qui ont suivi, alors que d’autres pays, plus au sud, sont bien évidemment beaucoup plus touchés.

En effet, l’année 2016 a été l’année la plus chaude depuis 1880, suivant de près les températures enregistrées l’année précédente, ce qui semble confirmer la tendance d’une courbe exponentielle... lien

Or, c’est d’abord le domaine de l’eau qui est concerné : le pourcentage des populations exposées aux situations de stress hydrique passerait de 9% en 2008 à 38% en 2025... donc bien avant la fin de ce siècle. lien

Et puis, comme l’affirme Christiana Figuere, secrétaire de la CCNUCC (Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique), les décisions prises ne peuvent limiter qu’à 2,7% la montée prévisible de la température moyenne. lien

La récente arrivée au pouvoir d’un certain Trump, à la tête des USA a de fortes chances de rendre l’accord de Paris caduque.

En effet, personne n’a oublié que le candidat républicain américain a promis, entre autres, s’il était élu, d’enterrer sans états d’âme l’accord de Paris, annulant ainsi les engagements pris par Obama pour limiter le réchauffement climatique, assurant aussi qu’il allait densifier l’exploitation du pétrole de schiste, reprendre aussi l’utilisation du charbon, afin d’assurer l’indépendance énergétique des Etats-Unis. lien

Bien sur, le règlement décidé pour cet accord parisien prévoit qu’un pays peut reprendre sa parole, mais ça ne peut être qu’au bout de 3 ans, auxquels il faut ajouter une période d’une année pour entériner la décision.

Sauf que, quoi qu’il en soit, si Trump prend la décision de quitter l’accord parisien de la Cop21, elle finira par être appliquée.

Aujourd’hui, ils sont nombreux a affirmer que Donald Trump serait le président de l’anti-écologie, et ils en veulent pour preuve les nombreuses déclarations, pour le moins hasardeuses sur le sujet.

N’a-t-il pas déclaré : «  le concept du réchauffement climatique a été créé par la Chine pour rendre l’industrie américaine non compétitive  » ? lien

La position du nouveau président américain ne devrait pas être une surprise puisque un américain sur deux est climato-sceptique.

Ce sont la plupart du temps des républicains, et souvent des croyants qui trouvent orgueilleux de la part de l’homme d’imaginer pouvoir avoir une influence sur le climat, affirmant : « Dieu contrôle le climat  ». lien

Plus grave, si Trump dénonce finalement l’accord de Paris, il pourrait bien être suivi par quelques autres pays qui finalement, changeront aussi d’avis...

Rappelons que les accords de Paris avaient eu les faveurs de 180 signataires (lien), puis qu’en septembre 2016, 26 pays seulement l’avaient ratifié (il en faudrait 55 pour qu’ils entrent en vigueur à partir de 2020). lien

Mais revenons à la décision de Trump.

On sait ce qu’il en est des promesses électorales, et pour une fois, on ne peut qu’espérer que celles faites par le nouveau président américain ne seront pas toutes appliquées, et que sa menace au sujet de l’accord de Paris ne sera pas suivie d’effet, mais est-ce bien rationnel ?

En France, depuis les récentes déclaration du candidat Sarközi sur les doutes qu’il émettait quand aux causes du changement climatique, on imagine sans difficulté que, s’il était élu, il remettrait lui aussi en question les accords de Paris.

Sa pirouette climato-sceptique ne laisse aucun doute la dessus. lien

Du coté de François Hollande règne une certaine confusion puisque le président français, présent à Marrakech pour la Cop22, devrait évoquer l’initiative française en faveur du développement des énergies propres en Afrique.

La France s’était engagée à installer en Afrique 2 GWe de capacité de production d’énergie propre, même si un conseiller français assure : « cela ne sert à rien de développer des centrales solaires ou des fermes éoliennes si les gestionnaires de réseau ne savent pas gérer l’intermittence ne la production  ». lien

Mais comme dit mon vieil ami africain et Serge Gainsbourg « les salauds vivent du travail, de la maladie et de la misère des imbéciles et se servent d’eux pour neutraliser ceux qui s’en rendent compte ».

L’image illustrant l’article vient de marillysmace.com

Merci aux internautes de leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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