De la fin d’un Monde

par olivier cabanel
lundi 20 janvier 2020

Entre ceux qui pensent que « c’est foutu  ! », qu’il aurait fallu réagir il y a 50 ans, et ceux qui pensent « qu’on s’en sortira », et qu’un monde fini peut s’accoutumer de la croissance infinie, en passant par ceux qui veulent ignorer le danger, qualifiant de catastrophistes ceux qui croient à la fin de la présence humaine sur cette planète, ou même de ceux qui acceptent la « politique des petits pas », accablant le citoyen, et ignorant les plus gros responsables, il y a de la marge.

Aurélien Barrau, fait partie des premiers.

Invité de « l’heure bleue », sur l’antenne de France Inter, le 17 janvier, cet astrophysicien, sortant de son domaine de compétences, décrivait sa vision du monde à venir, de quoi faire gonfler les rangs des collapsologues, déjà pourtant nombreux.

Se défendant d’être un pessimiste anxiogène, il veut seulement partager un constat scientifique : « la vie, sur Terre est en train de mourir. L’ampleur du désastre est à la démesure de notre responsabilité. Plus qu’une transition, je pense qu’il faut une révolution. Et c’est presque une bonne nouvelle ». lien

Si l’on essaye d’analyser froidement sa réflexion, les arguments qu’il a déployés ne manquent pas de pertinence.

Les espèces animales disparaissent les unes après les autres, les glaciers et les banquises fondent à vitesse grand V,

Les pollinisateurs sont de moins en moins nombreux, laissant présager un monde sans fruits, ni légumes, les océans, et fleuves sont envahis par des micro-plastiques, que l’on retrouve déjà dans la chair des poissons,

la pollution nucléaire et chimique s’est installée pour longtemps dans nos vies, à coup de cancers ou leucémies.

Alors les politiques s’engagent, mais la plupart du temps, seulement en parole, Chirac en tête, dénonçant « la maison brûle, et nous regardons ailleurs  », en regardant ailleurs à son tour.

Le romancier Pierre Lemaitre, est en phase avec Aurélien Barrau.

Ce prix Goncourt 2013, s’exprimant dans l’émission « boomerang », brosse un tableau plutôt sombre de ce qui nous attend, avec une montée des eaux atteignant 1, voire 2 mètres...lien

Il est difficile d’imaginer toutes les conséquences d’une telle montée, mais quand l’on songe que les grandes métropoles du monde ont déjà les pieds dans l’eau, on devine aisément que la solution « digues » ne sera jamais que provisoire, et qu’un jour ou l’autre, il faudra bien se résigner à envisager l’accueil de ces millions d’humains obligés de chercher refuge ailleurs.

Selon l’étude de 22 experts, publiée le 21 mai 2019, ce ne sont pas moins de 187 millions d’humains qui seront bientôt rangés dans la catégorie « déplacés climatiques ».

De Shanghai, à Tokyo, en passant par New-York, Miami, Los Angeles, San Francisco, Abidjan, Le Cap, Lagos (avec ses 15 millions d’habitants), Alexandrie (8 millions de personnes), mais aussi Londres, Amsterdam, Bordeaux, Saint Malo, Calais, Dunkerque...nombreuses sont ces grandes villes qui sont menacées à terme. lien

Le chiffre officiel pointe 2050... d’autres plus optimistes repoussent le danger à 2100... mais quid des modèles utilisés ?

On se souvient que, par le passé, les optimistes envisageaient la montée des eaux un maximum de quelques centimètres.

De son côté, Yannick Jadot serait plutôt à classer dans la catégorie de ceux qui, tout en réalisant le danger extrême de la situation, se refuse à envisager le pire, estimant qu’il est encore temps d’agir.

Jadot a le droit d’y croire mais quels sont ses arguments ?

Répondant aux questions d’Ali Baddou, sur l’antenne de France Inter, le leader écologiste s’en prenait à l’état, et à celui qui est à sa tête, lui reprochant de ne pas agir, et d’en rester à la pratique du discours, sans pour autant passer aux actes. lien

Dans le camp des optimistes « raisonnables » on envisage des solutions étranges...comme celle de la voiture électrique par exemple.

Oubliant que cette voiture sera majoritairement nucléaire, avec les conséquences que l’on sait : prolifération des déchets ingérables, qu’il serait irresponsables d’enterrer... l’autre problème étant la batterie, que l’on sait très polluante, et dont le recyclage coute la « peau des fesses », raison pour laquelle, en Europe, les batteries au Lithium ne sont recyclées que dans 10% des cas... et les batteries stockées continuent de polluer l’atmosphère... en attendant un improbable et très cher recyclage. lien

D’autres solutions prônées par « ces optimistes raisonnables » est de montrer du doigt ceux qui se chauffent au bois, ou qui roulent en diésel, baissant pudiquement les yeux sur les gros industriels, le trafic aérien, les paquebots et autres tankers.

Pourtant les gros responsables ne sont pas ceux que l’on croit...un porte-conteneurs produit autant d’oxydes de soufre qu’un million de voitures. lien

Quant aux pesticides, comme on l’a vu, les lobbys ont gagné, et repoussé à plus tard leur interdiction...et la piètre mesure prise par le gouvernement démontre le manque d’un engagement efficace et sincère.

La catastrophe « lubrizol » montre aussi le peu d’importance que l’état donne à de telles situations, alors que des quantités d’agents chimiques ont été dispersés des dizaines de kilomètres à la ronde.

Sur le chapitre nucléaire, bien loin d’être une industrie dé carbonée, la volonté de Macron de construire de nouveaux EPR, démontre à quel point il ignore les conséquences mortifères de l’industrie nucléaire, malgré Tchernobyl, et Fukushima. lien

Passons maintenant dans le camp des « climato sceptiques ».

Bolsonaro, Trump, ou Scott Morrison, le premier ministre australien, qualifient tout ça de « bull-shit », de fake-news, alors que les incendies à répétition dans leurs propres pays, sont la preuve évidente qu’il y a un problème. lien

Alors où se trouve la vérité ?

Nietzsche ne disait-il pas : « le goût du vrai va disparaitre à mesure qu’il procurera moins de plaisir  »... lien

Qu’elle que sera la vérité, et chacun choisira son camp, faut-il pour autant devenir collapsologue, et se préparer à vivre dans un monde de violence, où, à l’abri dans leurs blockhaus, équipés de purificateur d’eau et d’air, avec des réserves considérables d’aliments en tout genre, des survivalistes tenteront de rester en vie ? lien

Et ça ce n’est pas une fake news, c’est déjà une réalité.

La société américaine Vivos a mis en chantier 600 maisons bunker pour le prix de 25 000 $ l’unité.

Chaque bâtiment peut abriter entre 50 et 100 personnes, garantissant aux occupants une autonomie de 365 jours...et après ? lien

D’autres vont beaucoup plus loin.

Pablo Servigne et Raphaël Stevens, les inventeurs de la collapsologie, cette science de l’effondrement, ont publié la dessus à plusieurs reprises, et le dernier ouvrage paru le 18 octobre 2018, explique comment on pourrait survivre après l’effondrement de notre civilisation.

Sur l’air de « une autre fin du monde est possible  », (le Seuil éditeur-2019) ils imaginent la suite, dans une société désorganisée face à la violence des cataclysmes à venir. lien

On doit à l’ingénieur russo-américain Dmitry Orlov la description des 5 phases de l’effondrement : financier, économique, politique, social et culturel.

Servigne, Stevens, auxquels s’est ajouté Gautier-Chapelle, précisent qu’ils ne prédisent rien, n’ayant aucun moyen d’avoir la preuve de ce qui va arriver, portés simplement par une intuition.

Dérèglement climatique, mais aussi destruction des êtres vivants, fragilité du système financier, sont autant de faits qui ne laissent présager rien de bon, et ils pensent que c’est un leurre d’imaginer que la transition écologique pourra mettre un terme à l’utilisation des énergies fossiles, tant il faudra de sources minérales pour les développer.

Ils ajoutent que l’effondrement économique global passera par une perte de confiance généralisée, à laquelle s’ajouteront d’autres effondrements, comme celui de la disparition massive des oiseaux et des insectes, la catastrophes climatiques aggraveront tout ça dans un immense effet boule de neige. lien

L’avenir nous dira si leur vision était bonne... ou pas.

Comme dit mon vieil ami africain : «  quand on a un marteau dans la tête, on voit tous les problèmes sous la forme d’un clou ».

L’image illustrant l’article vient de bernard-gensane

Merci aux internautes pour leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

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