Déçu, déçu, déçu...

par Francois Duplan
mardi 14 novembre 2006

... Je suis déçu. C’est bien simple, je crois que c’est la déception la plus décevante de ma vie ! J’attendais ce Mardi 7 novembre comme le jour de La Grande Révélation. Enfin quelqu’un allait porter des propositions écologiques. Pas n’importe quel quelqu’un, et pas n’importe quelle proposition !

Un candidat allait parler d’environnement. Attention, pas d’écologie au sens où les Verts l’entendent souvent (je n’ai riencontre" les verts et même j’ai de l’estime pour Dominique Voynet, mais ce qui m’embête, c’est le fait que je les entends souvent sur les intermittents, sur le CPE, sur la fusion Arcelor-Mittal, sur la réforme des retraites, sur l’ouverture du capital d’EDF et de GDF, sur la constitution européenne, pour la légalisation des drogues douces, contre le service minimum dans les transports, etc., et finalement assez peu sur l’écologie).

Hulot, comme drapeau, c’était chouette !

Et puis, qu’on se le dise, ce qu’il allait dévoiler, ce n’était pas de la roupie de sansonnet. Des experts réunis dans des comités avec des intitulés aussi édifiants que le CVE (Comité de veille écologique) avaient travaillé dans l’ombre d’arrache-pied depuis des années pour nous transmettre enfin ce matin « Cinq propositions très concrètes pour changer les choses ». Je frétillais à l’approche de l’annonce.

On serait frétillant à moins.

Et puis ce matin, les dix objectifs et les cinq propositions sont dévoilés. La platitude des uns n’est comparable qu’à la vacuité des autres. D’abord les dix objectifs  :

Economie. Une logique de la durabilité.

Energie. Organiser la baisse de la consommation.

Agriculture. Produire autrement.

Territoire. Contenir l’extension péri-urbaine et relocaliser les activités humaines.

Transports. Sortir du tout routier.

Fiscalité. Etablir le véritable prix des services rendus par la nature.

Biodiversité. Faire entrer la nature dans l’aménagement du territoire.

Santé. Prévenir avant de guérir.

Recherche. Faire de l’environnement un moteur de l’innovation.

Politique internationale. Prendre l’initiative.

Et dire qu’on n’y avait pas pensé ! Mais oui ! Mais c’est bien sûr ! Tout s’éclaire, on passe de l’ombre à la lumière, comme dirait l’autre.

Qui a dit que la politique ne faisait plus rêver ?

Bien sûr, ça ne sera pas aussi facile que cela. Il ne suffit pas de le dire. C’est pour cela qu’il y a "cinq propositions concrètes". Attention les yeux :

1. - Un vice-premier ministre chargé du développement durable. Si vous dites que ça vous rappelle la commission nationale du développement durable, la délégation interministérielle du développement durable ou le comité d’étude du développement durable, vous êtes un esprit chagrin.

2. - Instaurer une taxe carbone en croissance régulière. Oui, bon d’accord, pas nouveau, la taxe carbone mais bon, c’est toujours le même problème, comment la mettre en œuvre ? Je lis « provoquer volontairement une baisse de nos émissions de gaz carbonique et de notre consommation d’énergie fossile avant que nous y soyons brutalement contraints. Cette taxe, applicable au pétrole, au gaz et au charbon, croîtrait de manière progressive...  » Cool, en fait c’est facile, elle existe déjà cette taxe, c’est à peu de chose près la TIPP !

3. - Réorienter les subventions agricoles vers une agriculture de qualité. C’est tellement beau, j’en pleurerais presque. Mais réorienter l’agriculture vers la qualité, c’est si neuf comme idée. Si révolutionnaire. Si inattendu. Je me demande : la société est-elle prête à entendre ce message ? Et puis le site précise : « l’agriculture de qualité - biologique, labellisée, d’appellation d’origine contrôlée », mais je m’interroge : quand on s’acharne à faire pousser du maïs dans des régions dont le climat et le sol ne peuvent supporter cette culture, celle-ci est toujours "d’origine contrôlée", non ? Le problème, c’est peut-être qu’on plante du maïs dans des régions sèches plutôt justement que de s’assurer qu’il vient bien de là...

 

4. - Systématiser les procédures de démocratie participative. Là j’ai pas bien compris. Le site n’aide pas beaucoup car le titre reprend en fait la proposition 1, mais heureusement il y a aussi cette précision : « ... en soumettant systématiquement en amont au débat public toutes les grandes décisions nationales en matière de développement durable afin d’éclairer les choix des élus... » En fait, on ne fera rien pour le développement durable, car d’ici à ce que toutes les procédures de consultation soient organisées et aboutissent, la planète aura sauté dix fois.

5. - Mettre en place une grande politique d’éducation et de sensibilisation. Comme ça, si vous n’avez pas envie d’acheter le livre, vous pourrez aller voir le film...

Déçu, déçu, déçu...


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