Du Plutonium dans la nature (suite)
par olivier cabanel
samedi 24 octobre 2009
La suite fait froid dans le dos.
Récemment, un communiqué de presse nous a appris qu’une enquête était lancée sur ce plutonium caché.
Mais il y a plus grave.
En effet, par une dépêche parue le 23 octobre 2009 nous avons appris que les possibilités d’une catastrophe ne sont pas totalement écartées.
Une éventuelle évacuation de la Provence serait même envisagée. lien
C’est dire l’importance et la gravité de la situation.
Mais revenons à l’enquête et à la procédure lancée.
L’autorité de sureté nucléaire a été auditionnée le mercredi 21 octobre par la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’assemblée nationale.
Le 5 octobre, le CEA (commissariat à l’énergie atomique) et AREVA ont informé l’ASN (autorité de sureté nucléaire) que les quantités de poudre de plutonium découvertes étaient 5 fois plus importantes que celles initialement calculées par les ingénieurs, avant le démantèlement.
Il y a en 39 kilos.
Il faut savoir qu’il suffit de 11kg pour ce qu’on appelle un accident de criticité puisse se produire.
Or dans l’une des boites à gant découverte, il y avait 10 kg de plutonium.
Beaucoup de questions restent posées :
Comment le CEA a-t-il pu sous estimer les dépôts de plutonium dans de telles proportions ?
Pourquoi n’a-t-il pas immédiatement prévenu l’ASN.
Rappelons que la découverte a été faite au mois de juin 2009.
Mais aujourd’hui les inquiétudes sont encore plus grandes.
Pour les responsables du réseau SDN (sortir du nucléaire) une question est posée :
La Provence doit-elle être évacuée avant la reprise des opérations de démantèlement ?
Au sens de IV de l’article 29 de la loi du 13 juin 2006, cette situation constitue un risque grave et imminent.
Rappelons que par le passé des accidents dits de criticité se sont produits.
En 1957, la catastrophe nucléaire de Kychtym, en Russie, a contaminé plus de 1000 km2.
Le 29 septembre 1957, par un beau dimanche d’automne, Vassili Chevtchenko a entendu une explosion et vu un nuage.
Une cuve ouverte à ciel ouvert contenant 160 m3 de déchets nucléaires très toxiques a explosé.
Elle a relâché 20 millions de curies, dont 2 millions ont été projeté sur 1000 km2.
Ce n’est qu’en 1976 que cet accident a été connu, grâce au réfugié biologiste Zhorès Medvedev, mais ce n’est qu’un juin 89 qu’un rapport officiel en a livré les détails. lien
23 villages ont été rasés et 10 000 personnes avaient été évacuées.
la pollution rejetée correspond à près de la moitié de la radioactivité lors de la catastrophe de Tchernobyl.
le 30 septembre 1999 à Tokaïmura, au Japon, des milliers de personnes ont été irradiées suite à un accident de criticité mettant en jeu 16 kg d’uranium. lien
« Des ouvriers mélangeaient de la poussière d’uranium avec de l’acide nitrique pour faire une solution d’uranium, mais ils ont déversé une trop grande quantité d’uranium, provoquant ainsi une réaction nucléaire » dit la déclaration officielle de la société JCO, responsable de l’accident.
Le hasard est parfois cruel, puisque ces deux accidents se sont produits pratiquement le même jour (29 septembre 1957/ 30 septembre 1999).
Dans le cas du Japon, la question reste posée du nombre de personnes irradiées suite à cette catastrophe, car cela s’est passé à une centaine de kilomètres de Tokyo.
Le 14 octobre, l’ASN a suspendu les opérations de démantèlement à Cadarache.
http://www.asn.fr/index.php/content/download/22382/132471/file/Decision-2009-DC-160.pdf
Le 19 octobre, l’ASN a posé les bases d’une reprise des activités de démantèlement par le CEA. http://www.asn.fr/index.php/content/download/22385/132486/file/Decision-2009-DC-161.pdf
Et maintenant, que faut-il faire ? chantait le chanteur aux 100 000 volts.
La région Provence-Alpes-Côte d’azur compte tout de même près de 5 millions d’habitants, et le secteur de Cadarache est très urbanisé. lien
Et puis c’est la que se trouvent 19 installations nucléaires de Base, avec 35 000 m3 de déchets radioactifs stockés et que l’on tente de construire ITER, en pleine zone sismique : il y a un siècle exactement, s’est passé le plus grave séisme que la France n’ait jamais connu. (Trevaresse)
Alors comme disait mon vieil ami africain :
« Rien n’est tard, si la vie se prolonge ».