Ecologie : la Banque mondiale se met au vert ?

par scripta manent
lundi 4 février 2013

La Banque mondiale a publié, en novembre 2012, un rapport intitulé “ Baissez la temperature. Pourquoi un réchauffement climatique de 4° C doit être évité ”.

Sous ce titre presque badin se situe un rapport carrément alarmiste, intéressant à un double titre : il émane d’un organisme de sensibilité « ultralibérale », que l'on ne suspectera pas d’outrance écologiste ... ; il entérine l’hypothèse de la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique : « La science établit sans équivoque que l’humanité est la cause du réchauffement climatique ».

Le rapport analyse les évolutions climatiques constatées à ce jour, sur la base d’une abondante documentation, et décrit ce à quoi ressemblera la planète d’ici la fin du XXIème siècle si elle subit un réchauffement de 4°, ce à quoi nous devrions semble-t-il nous préparer si des dispositions radicales ne sont pas prises.

 L’avant-propos de Jim Yong Kim, Président de la Banque mondiale depuis juillet 2012 s’ouvre sur ces mots : « Mon espoir est que le choc de ce rapport nous jettera dans l’action ». Il ajoute : « Le scénario des 4° est dévastateur. » : inondations ici, désertifications là, malnutrition, raréfaction de l’eau douce, canicules, cyclones, pertes irréversibles de biodiversité. Plus généralement, perte de contrôle du « modèle prévisionnel », du fait d’un écart trop important avec le climat actuel. Dans l’hypothèse où la communauté internationale respecterait ses objectifs environnementaux actuels, l’augmentation de température serait de 4° et non de 2° comme escompté jusqu’alors.

Voila qui n’est guère rassurant, car les objectifs en question sont loin d’être respectés et ce n’est pas l’issue piteuse de la conférence de Doha (décembre 2012) qui y changera grand-chose. Alors que l’encre du rapport de la Banque mondiale est à peine sèche, faut-il en conclure que le scénario « dévastateur » est déjà dépassé ?

Afin de donner la petite touche d’espoir sur laquelle il est désormais d’usage de conclure les exposés sur la dérive climatique (donner à penser que tout est perdu découragerait les bonnes volontés), la Banque mondiale soutient qu’il y a urgence mais qu’il existe de nombreuses possibilités pour réduire de façon drastique l’impact climatique du développement, sans ralentir pour autant la lutte contre la pauvreté ni la croissance économique : « many opportunities exist to drastically reduce the climate impact of development, without slowing down poverty alleviation and economic growth ». 

Nous y voila : ne surtout pas donner le sentiment qu’il pourrait être opportun de « lever le pied » sur la croissance ! Pourtant, imaginer que l’on va pouvoir, dans les quelques décennies qui nous restent (peut-être) pour redresser le tir, poursuivre la course à la compétitivité dans un monde dérégulé tout en instaurant une « éthique écologique », relève de l’angélisme. 

Pour conclure, saluons tout de même comme il convient ce rapport de la Banque mondiale mais ne perdons pas de vue que, pour donner suite à cet appel à la raison, il faudrait réformer en priorité … la Banque mondiale, qui a été jusqu’à ce jour le plus puissant propagateur de la dérégulation économique, financière et sociale, au point que l’on n’en finirait plus de citer les projets « dévastateurs » qu’elle a financés.

 www.citoyensunisdeurope.eu

 Pour accéder au communiqué de presse de la Banque mondiale (en français) et au contenu du rapport (en anglais) : http://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2012/11/18/new-report-examines-risks-of-degree-hotter-world-by-end-of-century

 Sur le même sujet, on pourra aussi consulter : http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2012/12/23/la-planete-en-2030-vue-par-les-services-de-renseignement-americains/#xtor=RSS-32280322


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