Ecolos des villes, écolos des champs

par wawa
lundi 29 janvier 2018

Ecologiste est devenu un terme fourre-tout qui regroupe des chapelles bien différentes, nous verrons que cela entraîne une ligne de fracture irréconciliable. Inspiré par une fable de la Fontaine, j'en ai fait un petit article.

 

Les écolos des villes s'inquiètent de l'équilibre global de la planète, de son climat, de l'intègrité génétique, de la biodiversité : antinucléaires avérés, antienergie fossiles, antiOGM ; ils se targuent d'une vision à long terme et sont défenseurs des énergies renouvelables, ils sont soucieux des générations futures. Appellons les BOBOs, diminutifs de « bourgeois bohèmes  »

 
Les écolos des champs sont beaucoup plus prosaïques  : Ils ne veulent pas qu'on leur salope leur pré carré. Près de chez eux, ils ne veulent ni centrales nucléaires des fois qu'il pleuve du césium sur leur jardin, ni éoliennes qui hachent les chti zoiseaux en vol et qui émettent des infrasons qui rendent fous, ni lignes à haute tension qui provoque des cancers des cheveux ni barrage sur leur rivière chérie, cela perturbe le cycle naturel de la rivière, des brochets et des saumons. Le projet d'un incinérateur près de chez eux les transforme en Ulk colériques. Ils peuvent parfois manifester leur désaccord de manière extrèmement violente, le spectacle des zadistes de Notre Dame des Landes et de Sivens est là pour l'attester. Ils se contrefoutent du changement climatique (logique, d'ici que le climats prenne 2°c, ce qui n'est pas sûr et qui ne serai pas forcément catastrophique pour l'humanité, ils seront mort), de la densité des ours blancs et des pets des vaches indiennes, de la dévastation due à l'exploitation de l'uranium nigerien et des terres rares en Mongolie.

 Leur surnom est tout trouvé, ce sont les NIMBYs (Not In My BackYard : pas dans mon arrière cour).

 

 

Selon la nomenclature attalienne, les bobo sont évidement le pendant « nomades  » des ecolos, Les nimby les sédentaires. http://www.fayard.fr/lhomme-nomade-9782213617268
http://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/jacques-attali-une-breve-histoire-39906

 

 

Seulement voilà, les énergies renouvelables, chéries par les ecolobobo, ont une densité d'énergie ou de puissance (les Wh/kg, Wh/l, W/kg, W/l) très inférieure à celle qui est concentrée dans les hydrocarbures ou les noyaux d'uranium, cela oblige à construire des infrastrucures gigantesques qui, n'étant pas logées dans la dimension X, ne manqueront pas d'empiéter sur l'arrière cour d'écolonimby grincheux.
( A propos de dimension X, il existait un projet d'envoyer des panneaux photovoltaique de grande dimension en orbite et de réexpedier l'énergie sur terre sous forme de microonde, on en entend plus parler, peut être s'est-on donné la peine de calculer le taux de retour énergétique : mettre des trucs en orbite demande de l'énergie et il faut quand même s'assurer que la production qui arrive au sol au cours de la vie en orbite soit supérieure).

Les exemples ne manquent pas, nous allons en détailler certains, particulèrement savoureux.

 

Le cas des éoliennes, solution d'avenir si il en est

Le moindre projet d'implantation entraîne une levée de bouclier, de la part des riverains, ce qui est parfaitement compréhensible, je ne souhaiterais pas voir ma qualité de vie se dégrader ni ma résidence perdre un tiers de sa valeur du fait du sifflement ininterrompu du vent dans les pales. L'écologie et les chti zoiseaux ont parfois bon dos. Il faut dire que c'est des monstres et qu'il en faudra plusieurs milliers : une éolienne moderne de quelques megawatt a un rotor perché à 100 m et des pales de 50 m, soit une demi tour Eiffel, même en tournant lentement à 20 tour/min, le bout de pale se déplace à 300 km/h. Ces éoliennes sont d'ailleurs un compromis : une grande vitesse en bout de pale (=vitesse spécifique) augmente le rendement (qui peut ainsi s'approcher de la limite de Betz), mais le bruit devient insuportable au riverain. Ne parlons pas de la solution des mini-éolienne de pignon, la puissance d'une éolienne étant proportionnelle au carré de la longueur de pale et au cube de la vitesse du vent, les économies d'echelle sont évidentes, rapporté au kW.h produit, une grande éolienne est plus efficace, plus économique et plus écologique que plusieurs petites

Pourtant, si l'on devait développer au maximum les renouvelables, les éoliennes semblent indispensables (en pays tempéré, le solaire ne produit que l'été et le vent est plus fort l'hiver), et les sites venteux et isolés sont probablement déja équipés (au passage, le racordement d'un site éolien isolé coûte certainement plus cher qu'à proximité des habitations), il faudra nécessairement piétiner les plates-bandes d'ecolo des champs, que de procès en perspectives, les avocats devraient se frotter les mains.

 

Le cas des barrage (et des STEP) est particulièrement éloquent.

La Loire est considérée comme "un des dernier fleuve sauvage d'europe" car c'est l'un des bassin hydrographique européen le moins aménagé, pourtant c'est pas faute pour EDF d'avoir essayé mais il s'est presque à chaque fois cassé les dents sur les blocages des écolonimby, sur fond de protection de la faune piscicole. Il existe même du lobbisme pour la destruction de certains ouvrages. Quelques noms pour ceux qui voudraient faire des recherches : Serre de la Fare, St Etienne du Vigan, Veurdre. J'en oublie certainement.
Un développement accru des renouvelables nécessitera probablement de bétonner un peu plus cette Loire chérie par leur riverains, l'hydraulique de barrage étant particulièrement précieuse pour contrebalancer l'intermittence vent+solaire.

Nous allons maintenant calculer la surface qu'il faudrait noyer pour assurer le stockage de l'électricité intermitennte sous forme de STEP (station de Pompage et turbinage), la seule qui soit adaptée aux grandes quantités avec un rendement pas trop pourri (les délires power-to-methan=>méthan-to-power sont justement plombés par un rendement trop faible. Quant aux batteries, si elles ont en rendement correct, elles sont "plombées" par les masses de composés chimique à pelleter, purifier, assembler, recycler.

 

Quelques exemples de calcul "réalistes" :
http://euanmearns.com/the-quest-for-100-renewables-can-curtailment-replace-storage/
https://www.energie-crise.fr/Polemique-engagee-par-Benoit-Thevard-et-Francois-Lemperiere-contre-Jean-Marc

Ce sont des sites avec un fort tropisme pronucléaire, eux au moins ils savent compter.
 L'un trouve 12 TW.h, l'autre 29 TW.h . Je vais prendre 20 TWh.

 

Soit un système de STEP constité de barrages assimilés à des pyramides rectangles inversées : la pointe est le fond du barrage de hauteur moyenne h= 21m. La surface de base S est la surface à noyer en m²
Le volume V (m3)présent dans un tel barrage peut s'estimer par la formule V= S * h /3. soit une masse en kg M=1000V = 1000*S*h/3 , donc pour h = 21, une masse M=7000*S

turbinée sur un denivelé de d=100m, (avec un rendement magique de 100% et une pesanteur accrue à g=10m/s²) cette eau dégagerai une energie en joule de  : E = M g d = 7*106* S (surface à noyer en m²).

Pour stocker une energie de 20 TW.h = 2 * 1013 Wh = 7.2*1016 J , dans mes barrages
on a besoin de noyer S = 7.2*1016 /7*106 = 1010 m² soit 10000 km². Cette surface doit être évidement doublée car il faut prévoir le barrage amont et aval soit 20000 km²

La france métropolitaine a une surface approximative de 500000 km². c'est donc de l'ordre de 4% ( à majorer) du territoire (4 départements) que d'après les délires des ecolo des villes il faudrait noyer. Pas sûr que les ecolo des champs se laissent marcher sur les pieds.

Prenons un exemple proche de l'actualité, le barrage de Sivens. Certes, c'était un barrage réservé à l'irrigation du maïs, et d'autre cultures, moins gourmandes en eau (mais moins rentables) pourraient être promues. L'opposition y fut dantesque, on déplore un mort. D'après wikipedia il devait noyer 40 ha soit 0.4 km² pour 1.5 Mm3 d'eau grâce à un barrage de 13 m ( on remarque que mon approximation "pyramidale" de calcul de volume de barrage est étonnement proche puisque elle aurait donner V = S*h/3 = 400 000m² * 13m/3= 1.7 Mm3 vs 1.5 réel).
Mes 20000 km² à noyer correspondent à 50000 barrages de Sivens :

 50000 Sivens, çà risque de réveiller un bon paquet d'ecolonimby

Il devrait y avoir à ce sujet un débat national sur ce sujet, il me semble incohérent, voire schizophrénique de vouloir développer des énergies renouvelables intermittentes et de refuser la construction de barrage qui permettent de juguler leur intermitence. Les batteries n'étant pas préférable même avec une correspondance approximative et généreuse de 1kg de batterie = 1MJ = 1m3 d'eau turbinée sur 100 m, au moins l'eau de barrage n'a pas besoin d'être fabriquée, ni recyclée, ni mise à l'abri des intempéries (si il pleut sur l'eau du barrage, on s'en fout). Il est à noter que, hors de toute considération économique, des STEP sont faciles à envisager dans les pays montagneux (norvège, suisse, autriche) plus difficile dans des pays moyennement montagneux (France, Italie, Espagne), ubuesques dans les pays plats ( Allemagne, belgique, angleterre, pays bas et baltes, pologne etc). Certains ont envisagé des STEP sous forme de lagon artificiels : https://www.lesechos.fr/24/09/2009/LesEchos/20516-036-ECH_des-atolls-artificiels-pour-stocker-l-electricite.htm , mais est il si écolo de mobiliser de telle quantités de roches et de ciment ?

L'impossibilité de construire des barrages devrait être selon moi un prétexte suffisant pour ne pas pousser plus loin les investissements dans les renouvelables.

 

On continue avec les lignes hautes tension

Il existe/existait un projet nommé Desertec qui voulait faire profiter les pays européens de l'énergie solaire du maghreb (et accessoirement du gaz algérien). Il est de notoriété publique chez les ecolo des villes qu'un carré de quelques centaines de km de solaire à concentration au milieu du sahara pourrait alimenter l'Europe assoiffée d'électricité propre et pure. Quelques précisions à ce sujet :
http://www.amides.fr/pdf/sewtha-ch25.pdf
(vous pouvez d'ailleurs lire tout le livre en accès libre, bien plus intéressant que mes élucubrations) :
http://www.amides.fr/sewtha.html

Mais les électrons ne traversant pas la Méditerrannée par téléportation quantique ; Il faudra bien forger, financer et installer les lignes quelque part. Les projets de lignes à haute tension au travers des Pyrenées ont par le passé fait monter la tension chez les nimby locaux. (rech google "vallée pyrenee ligne haute tension") :
http://www.liberation.fr/france-archive/1996/11/21/haute-tension-sur-les-pyrenees-les-vallees-ne-veulent-pas-de-la-ligne-de-400-000-volts-destinee-a-l-_189674

https://www.ladepeche.fr/article/2002/11/29/358645-haute-tension-sur-la-ligne.html

Les nimby ont tellement fait chier EDF/RTE que ces industriels ont dû la faire passer en souterrain, pour un surcoût pas négligeable, répercuté d'une manière ou d'une autre sur les consommateurs. Or les capacités des interconnexions entre pays ne concernent que quelques GWatt ( moins de 10% de la puissance consommée sur place https://fr.wikipedia.org/wiki/%%3%89lectricit%C3%A9_en_Europe#R%C3%A9seaux_de_transport_et_interconnexions .
Donc si l'on veut faire Desertec, c'est plusieurs centaines de GW qu'il faudra faire passer à travers les Pyrennée et/ou les Alpes. Pareil pour le concept du foisonnement éolien : dépressions et anticyclones étant de la taille de l'Europe, quand bien même il y aurait une dépression sur la partie Ouest et un anticyclone sur la partie Est (ou vice versa), c'est là aussi des centaines de GW de capacité d'interconnexions qui seraient nécessaire pour transferer une surproduction coté Ouest vers un deficit coté Est (ou viceversa).
On a oublié un peu vite que la disposition des centrales correspond certes aux contraintes topographiques pour l'hydraulique, mais que les autres ont été disposées afin de minimiser les besoins en lignes électriques. En plus d'être économique, c'était de l'écologie avant l'heure !!!!
On retrouve le même phénomène en Allemagne où les éoliennes ont été disposées sur les côtes Nord (là ou il y du vent) tandis que la demande est au sud, industrialisé et peuplé. Les lignes permettant de tansférer le jus du nord au sud y sont notoirement sousdimensionnées. Les allemands de certaine régions "du milieu" voyant les tombereaux de subventions éoliennes leur passer sous le nez, ne souhaitent pas en plus voir une ligne THT leur passer au dessus de la tête. Affaire à suivre.

https://www.lesechos.fr/01/04/2014/LesEchos/21659-057-ECH_en-allemagne—les-rates-du---tournant-energetique—.htm

 

Conclusions

Les énergies renouvelables sont elles si écologiques que leur promoteurs l'annoncent, compte-t-on vraiment la totalité de leur impacts ? l'espace qu'il faudra leur reserver ?

Les partis politiques "ecologistes" (entre guillemets) ne devraient il pas se scinder entre bobos et nymbys ?
peut-t-on sans être incohérent promouvoir les énergies renouvelables, être antinucléaire et s'opposer aux barrages et à la construction de lignes electriques ? cela permettrait en outre de diminuer le pouvoir de nuisance des verts.
Quite à choisir entre la peste nucléaire et les cholera(ts) (des villes et des champs) je préfère la peste nucléaire, d'autant plus que si l'on considère les "fuites d'argent" comme une forme de pollution les énergies renouvelables deviennent extrèmement pollantes.

 


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