Elle a bon dos, l’écologie !
par olivier cabanel
jeudi 16 août 2018
L’écologie est à la mode, après avoir été longtemps moquée, voire tournée en dérision, et chaque parti met aujourd’hui un point d’honneur à parsemer son programme de « mesurettes » à prétention écologiques de nature à séduire l’électeur... Certains vont plus loin, et s’enrichissent sans scrupules sur le dos de la défense de l’environnement.
On a vu de quelle façon le nouveau ministre de l’écologie, Hulot, pour ne pas le nommer, tergiversait régulièrement, repoussant la mise en place des bonnes mesures, au nom d’un pragmatisme peu convaincant.
Or il nous est demandé de positiver, et d’y croire : ce gouvernement, sous la houlette de Hulot, aurait la ferme intention de ne plus recourir aux énergies fossiles, au moins sur le sol national, annonçant la fin de la vente des voitures à essence et diesel d’ici 2040, et accompagnant la décision par une mesure en faveur des plus modestes, sous la forme d’une prime afin de remplacer les voitures à essence d’avant 1997, ou à diesel d’avant 2001.
Naturellement, le montant de cette « prime de transition » n’est pas fixé…pas plus que de savoir par quoi les voitures essence ou diesel seraient remplacées.
S’il s’agit de voitures électriques, ce qui est probable, la manœuvre aura pour conséquences de multiplier le nombre de centrales nucléaires, avec les risques que l’on sait… et de doper EDF et surtout AREVA, qui en ont bien besoin, vu l’état de quasi faillite dans laquelle ces entreprises sont plongées.
En même temps, il annonce pour d’ici 2022, la fin de la production d’électricité provenant du charbon.
Bien sûr, il reste l’opportunité de remplacer essence ou diesel par le méthane fabriqué, ou par l’hydrogène, mais pour l’instant, un joli flou artistique est développé par le nouveau ministre de l’environnement.
Et puis, comment expliquer l’évidente contradiction qu’il y a en annonçant parallèlement réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50% d’ici à 2025 ?
Et si le ministre annonce qu’il doit identifier « quels réacteurs seront fermés en fonction des critères de sécurité, sociaux, et économiques », on peut aussi s’étonner que le gouvernement précédent ait été infoutu d’en fermer un seul, malgré les annonces réitérées. lien
Il est répondu régulièrement qu’il ne serait pas possible de fermer d’un seul coup tous les réacteurs nucléaires...au risque de manquer d’électricité... oubliant qu’au Japon, c’est bien ce qui s’est passé, après la catastrophe de Fukushima, sans pour autant que le pays soit plongé dans le noir.
Soyons objectifs, Hulot est quand même le champion en ce qui concerne les annonces... récemment, il a beaucoup communiqué sur sa dernière mesure, la simplification de l’ECO-PTZ, lancée en 2009, mesure dont l’efficacité reste à être prouvée.
Le ministre nous affirme qu’elle va aider 35 000 ménages aux revenus modestes par an, grâce à un fond doté de plus de 50 millions d’euros.
Sauf que la CAPEB (confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment) doutant manifestement de son efficacité, juge ce plan « insuffisamment ambitieux ».
Ce qu’a confirmé dans un communiqué « l’initiative Rénovons », qui regroupe des entreprises et des ONG, soulignant que « le plan ne prévoit aucun financement supplémentaire d’envergure », par rapport au quinquennat précédent. lien
Finalement, on est tenté de se demander à quoi sert encore Nicolas Hulot dans ce gouvernement ?
Il n’a pas bougé le petit doigt lorsque la majorité présidentielle a refusé d’inscrire dans la loi une date de sortie du glyphosate... alors que les preuves de la dangerosité de ce produit s’accumulent. lien
Il a critiqué, mais sur le fond accepté, l’accord du CETA, accord qui fait courir le risque d’un moins disant environnemental...lien
Il a donné l’autorisation à Total d’ouvrir une raffinerie à La Mède, laquelle va importer de l’huile de palme avec les conséquences que l’on sait... disparition de la forêt ancienne... et des espèces qui y vivent, à commencer par les orangs outans, tout ça pour quelques pots de Nutella. lien
Il a validé l’axe autoroutier alsacien qui va détruire 500 hectares de champs et forêts. lien
Il s’est poliment écrasé lorsque son Macron de président a accumulé les cadeaux faits aux chasseurs. lien
Il se défend de toutes les attaques en affirmant qu’il a choisi « la politique des petits pas », mais comme le questionne Arnaud Gonzague dans les colonnes de « l’Obs » « à partir de quand les pas sont si petits qu’ils ne conduisent nulle part ? ». lien
D’autres ne manquent pas d’air non plus en se déclarant écolos, tout en faisant la promotion de l’énergie nucléaire.
L’association s’appelle l’AEPN, et affirme sans rire que son objectif est « d’informer de manière complète et honnête sur les questions énergétiques, de faire connaître les avantages écologiques de l’énergie nucléaire (...) dans un esprit de respect de l’environnement, avec une bonne gestion des déchets nucléaires ». lien
On ne sera pas surpris en découvrant que son vice-président, un certain Gérard Martin, a dirigé le service de radioprotection du CEA à Mururoa, tristement célèbre pour ses essais nucléaires dévastateurs. lien
Tout ça est raconté dans un documentaire poignant : « Bon baisers de Mururoa » réalisé par Larbi Benchiha.
Au cours des 193 essais nucléaires, 150 000 personnes, civils ou militaires, ont été concernées par les retombées radioactives, sans compter les populations locales, et à cette époque, tout était connu sur la toxicité des rayonnements ionisants, s’il faut en croire le docteur Annie Thébaud-Mony, sociologue de la santé à l’INSERM : « ceux qui organisaient les essais nucléaires étaient complètement conscients des risques » a-t-elle affirmé. lien
Mais les plus ambigus sont probablement les membres de l’Apure (association paris urbanisme responsable et écologique).
« Ils se servent de l’écologie pour encaisser un max de pognon », comme l’écrit H.L. (probablement Hervé Liffran) dans les colonnes du « Canard Enchaîné ».
Leur méthode est simple : ils déposent des recours contres des projets portés par des banques ou des promoteurs, avec comme motif « sauvegarder les intérêts et préserver la qualité de vie des riverains »...et lorsque les banques ou les promoteurs s’émeuvent de ces recours, ils négocient leur retrait contre des indemnités sonnantes et trébuchantes.
En 2 ans, ils ont réussi à encaisser pas moins de 1,6 million d’euros. lien
Sauf que certains promoteurs n’ont pas voulu se laisser faire, telle la SFL (société foncière lyonnaise), qui a porté plainte contre Pierre-Alain Wanten, le président de l’APURE, et obtenu gain de cause, puisque le tribunal a rendu en juillet un jugement en faveur de la SFL : 30 mois de prison (avec sursis) et une lourde sanction financière pour escroquerie, faux et blanchiment. Lien (page 4)
Finalement tous ces gens ont donné naissance à un nouveau métier, les escrologiques, et comme dit mon vieil ami africain : « seul un idiot mesure la profondeur de l’eau avec ses deux pieds ».
Le dessin illustrant l’article est de Pablo
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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