En France on a pas de pétrole, et on n’a pas d’idées non plus !

par olivier cabanel
mardi 2 janvier 2007

Alors que l’Europe entière se tourne activement vers les énergies renouvelables, en France, on en reste à la portion congrue.

Quelques éoliennes plantées çà et là, des centrales photovoltaïques clairsemées, quelques capteurs solaires, mais tout cela n’est prodigué qu’à dose homéopathique, et ne représente qu’un pourcentage modeste de notre consommation.

Pourtant, l’Europe fait beaucoup mieux, et une fois de plus, notre pays se trouve à la plus mauvaise place, près du radiateur.

Le message que nous entendons est clair : les énergies nouvelles c’est bien, mais ça ne sera jamais suffisant pour compenser le nucléaire, et le pétrole !

On nous jure que le nucléaire est propre, puisqu’il ne produit pas de gaz à effet de serre... Et si on nous expliquait comment se débarrasser des déchets radioactifs qui traînent dans nos poubelles françaises depuis quarante ans , et que nous ne sommes pas à l’abri d’un accident !

Faisons les comptes.

Toutes consommations confondues, nous utilisons chaque année 200 millions de tonnes équivalent pétrole (MTEP). Mais peut-on consommer moins, en ayant le même confort ?

Avec les sept gestes qui sauvent :


décentraliser l’énergie : en consommant sur place l’énergie produite

recycler, ce qui permet de consommer moins d’énergie

isoler mieux, en adoptant le coefficient 0,6

choisir des appareils ménagers moins énergivores

transporter mieux, et bien.

Avec ces mesures applicables dès aujourd’hui, notre consommation passerait à 150 MTEP, soit un gain de 50 MTEP.

L’éolien, même bien développé, produirait 8 MTEP, le solaire photovoltaïque à peine plus, même en installant massivement des centrales photovoltaïques. Le bois, avec une forêt bien gérée, peut dépasser 20 MTEP, l’hydraulique 50 MTEP, au total 76 MTEP.

Mais nous oublions le méthane, l’une des énergies les plus sous-exploitées de ce pays, avec le double danger de laisser partir ce gaz dans l’atmosphère et d’accélérer ainsi le réchauffement climatique !

Egouts, stations d’épuration, broussailles broyées, coupes d’herbe, déchets ménagers, fosses septiques, étables, etc., il y a là théoriquement plus de 90 MTEP non utilisées ! D’autres pays européens l’ont bien compris, comme la Suède qui étudie un TGV roulant au méthane. Pensons aussi aux 45 camions de ramassage d’ordures de la ville de Bochum, en Allemagne, qui tournent grâce au méthane produit par les déchets qu’ils ramassent !

Or, en additionnant cette énergie aux autres décrites, on dépasse déjà allégrement la demande du pays.

Et c’est oublier que d’autres sources énergétiques renouvelables existent, par exemple la géothermie. La France est très riche en gisements d’eau chaude qui représentent l’équilavent de 30 MTEP. Aujourd’hui, à part la Maison de la Radio, équipée de cette énergie depuis longtemps, il n’y a que quelques installations, ici ou là.

Il reste une énergie encore plus importante, théoriquement réalisable, et toujours dans les tiroirs d’un bureau ministériel : la gazéification. En exploitant les veines de charbon de grande profondeur, dont la France est très riche, à 1000 mètres de profondeur, entre un et deux milliards de tonnes, exploitées pour 15 000 tonnes de charbon gazéifié, on peut produire jusqu’à deux millions de tonnes de gaz.

Or, ce gisement représente théoriquement 90 MTEP !

Si l’on rajoute à cela les voitures qui tournent au colza, les moteurs à air comprimé... Les japonais ont déjà fait tourner sans problème un moteur à hydrogène !

Au total, on frôle les 300 MTEP, et on peut se passer facilement et du nucléaire et du pétrole.

Mais notre pays est champion en discours, et peu généreux dans les actes.


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