Energie : peut-on débattre sereinement des gaz de schistes ?
par Laurent Herblay
jeudi 8 août 2013
Voilà un sujet très difficile. D’une part, les opposants à leur exploitation affirment que c’est une calamité environnementale, s’appuyant sur l’expérience étasunienne. De l’autre, ses partisans disent qu’il n’y a aucun risque et pointent son impact économique. Comment dénouer le vrai du faux ?


Le débat impossible
Est-il possible de voir clair sur la question ? D’un côté, les arguments des opposants pèsent lourd. Le documentaire Gasland est édifiant et inquiétant, pointant les risques de leur exploitation, que ce soit sur l’environnement immédiat ou les réserves d’eau potable. En outre, comme le souligne Jean Quatremer sur son blog, les lobbys sont attirés par les sommes considérables qui sont en jeu et il est probable que cela joue grandement sur leur opinion, de même que sur l’opinion de l’hebdomadaire des élites mondialisées, The Economist, qui y avait consacré un dossier sans nuance.
Si l’hebdomadaire balaie trop rapidement les craintes environnementales, en revanche, il soulignait justement l’énorme impact économique de l’exploitation des gaz de schistes, qui fournissent 7% de l’énergie des Etats-Unis et contribuent fortement à la croissance du pays. Mais comment faire confiance à ceux qui refusent d’admettre les problèmes environnementaux ? En même temps, certains opposants n’exagèrent-ils pas quand ils refusent par principe toute exploration ou test. Il est quand même difficile de croire que l’on ne pourra pas les exploiter un jour de manière plus propre.
Non à l’exploitation, oui à l’exploration ?
En ce sens, les déclarations d’Arnaud Montebourg semblent empreintes de bon sens. Pourquoi refuser de savoir ce qui est existe dans notre sous-sol, sachant que les estimations ne semblent pas encore très solides ? En outre, le ministre a raison de souligner que l’exploitation des gaz de schistes doit être faite avec des entreprises nationales. Il est aussi dommage que nos industriels dépensent autant à l’étranger sur le sujet et pas en France. Et il ne faut pas oublier que le gaz émet deux fois moins de CO2 que le charbon, qui a le vent en poupe du fait de l’effondrement du prix du carbone.
Aujourd’hui, je crois qu’il faudrait explorer pour savoir ce sur quoi nous sommes assis. Il faut également s’assurer que l’exploitation éventuelle se fasse principalement par des entreprises françaises et que l’Etat ait un juste retour. Enfin, il faut développer des techniques d’exploitation plus propres. Plus globalement, je crois qu’il convient d’associer les écologistes non obtus à la démarche pour s’assurer que les intérêts financiers en jeu ne font pas oublier le principe de précaution ou le respect de notre environnement, tout en assurant une plus grande transparence globale pour les citoyens.
Oui, les gaz de schistes représentent un enjeu économique qu’on ne peut pas balayer d’un revers de main, surtout dans un pays sans hydrocarbure. Mais, non, on ne peut pas laisser au seul marché leur exploitation sans prendre des risques. Dommage que le débat soit trop souvent entre deux extrêmes hystériques et que nos gouvernements aient trop cédé aux écologistes dogmatiques.