EPR, transparence, fait accompli et désobéissance civique

par Olivier Bonnet
jeudi 19 avril 2007

Il a raison, José Bové, sur l’EPR (réacteur pressurisé européen). Il en parlait ce matin dans La matinale de Canal +. C’est quand même ahurissant que ce gouvernement, à onze jours du premier tour, se permette de prendre à la va-vite le décret autorisant la construction de ce réacteur nucléaire de dernière génération. Encore une fois, une décision majeure intervient en dehors de toute prise en compte de l’opinion des citoyens. Vite, pendant qu’on est encore au pouvoir ! Dominique Voynet est sur la même longueur d’onde : "Cette décision a été prise alors que le débat public n’était pas terminé, au mépris de la volonté des populations", a-t-elle déclaré sur TF1. Elle juge "accablant de constater que ce gouvernement, à la veille de quitter le pouvoir, cède à la mauvaise tradition de signer en vrac toute une série de textes qui permettent de satisfaire des clientèles". Le PS de son côté "s’engage à ouvrir un débat transparent et approfondi sur l’avenir de l’EPR au lendemain de l’élection présidentielle, pour définir les orientations de la politique énergétique du pays". Un débat national, bien-sûr ! Et un moratoire en attendant. "Pas d’accord" clame-t-on à droite. "Renvoyer perpétuellement au débat public, c’est aussi le moyen d’éviter de prendre des décisions", ose Nathalie Kosciusko-Morizet, Secrétaire nationale de l’UMP en charge de l’environnement et députée de l’Essonne. Donc au lieu "d’éviter de prendre des décisions", on les impose vite fait une dizaine de jours avant que le pouvoir ne soit remis en jeu par les règles démocratiques... Passage en force. En outre, dites-nous, Nathalie, à quand remonte le dernier grand débat public sur le nucléaire ? Quand a-t-on exactement consulté les gens ? Mais il est vrai que le faire serait courir le risque de prendre certaines décisions... Alors ? N’est-ce pas justement la finalité de la consultation du peuple ? La question pour ou contre le nucléaire n’est désormais plus prioritaire, tant il semble acquis qu’on ne puisse tourner le dos à moyen terme à cette source d’énergie qui a le mérite de ne pas plomber la couche d’ozone. Arrêter le nucléaire ? Encore faut-il disposer de l’alternative. Travaillons-y. Mais en attendant, il y a un vrai déni de démocratie dans la pratique française d’opacité totale pour toutes les questions concernant le nucléaire. La façon dont on est, au mieux, sous-informé, quand il ne s’agit pas de pure désinformation... Et le nuage de Tchernobyl ? Allo Monsieur Sarkozy, en charge à l’époque de la lutte contre les risques chimiques et radiologiques ? Mensonge d’Etat. Et politique cynique du fait accompli  : à Flamanville, les travaux de terrassement sont déjà largement entamés. Nucléaire, OGM, lobbies, puissances de l’argent, droite politique, transparence et intérêt général : cherchez les deux intrus. Surtout éviter que les sortants ne soient à nouveau aux affaires. Donc miser sur le PSG. Parti socialiste de gouvernement. Sinon, on en revient au médiatique paysan moustachu diplômé d’une business school américaine. Qui préconise tout bonnement la désobéissance civique : "Je trouve aberrant qu’en pleine campagne électorale le gouvernement sorte un décret pour construire une nouvelle centrale nucléaire à Flamanville. C’est un déni de dé­mocratie. C’est prendre les citoyens pour des objets. (...) Ils seront peut-être capables de construire leurs pylônes, mais ils ne pourront pas laisser en permanence deux cents CRS derrière chaque pylône. Nous les démonterons..." Bien-sûr, c’est violer la loi. Mais le droit à l’insurrection face à l’injustice est un droit de l’homme ! Un dernier recours pour simplement obtenir le droit que les citoyens soient consultés sur des questions aussi cruciales. Evidemment, qu’on y parvienne par des voies non-violentes serait largement préférable.


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