Et si le low-tech concurrençait le high-tech ?
par arnistote
mardi 16 juillet 2019
Le monde dans lequel nous vivons est en pleine mutation. Le climat se réchauffe et la température sur Terre devrait augmenter de 2 à 5°C d’ici à la fin du siècle. La Chine prend peu à peu l’ascendant sur les États-Unis et lui dispute la place de première puissance mondiale. Conséquence ou pas, alors que les start-up rivalisent pour conquérir le marché de la maison connectée, le citoyen lambda rêve d’autonomie et cherche des tutos de panneaux solaires DIY sur Internet. Gros plan sur une contre-culture du bricolage qui pourrait, si les prévisions des climatologues se confirment, être les prémices d’un vrai phénomène de société.
Qu’est-ce que le low-tech ?
Alors que le climat se dérègle, les ingénieurs des grandes multinationales qui font la pluie et le beau temps sur les marchés mondiaux ont la tête tournée vers la 5G, l’intelligence artificielle (IA) et Mars. D'ailleurs, la conquête spatiale, comme celle de l’Ouest américain au XIXe siècle, est le nouveau cheval de bataille des puissants de ce monde. Or, passés les effets d'annonce, l’Homme est loin de pouvoir fouler le sol martien. Face à cette confiance démesurée dans la technologie, les partisans du low-tech répondent sobrement : « Il n’y a pas de planète B. » Leur leitmotiv ? Il faut réhabiliter les techniques simples et non polluantes pour lutter contre le réchauffement climatique, plutôt que chercher un nouveau monde.
Une vraie contre-culture
Bien que les signes avant-coureurs d'une crise majeure se multiplient, le monde économique ne réagit pas. Pire, il remet parfois en question les conclusions des experts et continue à investir dans des technologies non durables - les banques financent encore massivement les projets pétroliers. Face à ce déni de réalité, le vrai changement viendra peut-être de la société civile ou d'une partie d'entre elle qui pressent confusément l'imminence de la catastrophe, comme le héros du film Take Shelter de Jeff Nichols. Ces anonymes sont notamment des bricoleurs, parfois géniaux, qui publient sur Internet des tutoriels pour construire des fours solaires, des pompes bélier, des réchauds à double paroi, etc. Youtube regorge de chaînes de ce style. Certaines vidéos dépassent le million de vues. Les groupes de constructeurs de mobilier en palettes font aussi le plein sur Facebook. On y parle recyclage, autoconstruction et écologie. Cette émulation rappelle la débrouillardise des pays en voie de développement, où les gens rivalisent d’ingéniosité pour produire de l’énergie avec les moyens du bord. Malgré tout, il ne s'agit encore que de quelques posts viraux. Mais l'angoisse que suscitent les rapports alarmistes des scientifiques pourrait bien faire de cette mode un vrai phénomène de société.
Décroissance et autoproduction
En effet, si les prédictions en matière de changement climatique se confirment, il paraît important politiquement que le public se réapproprie la production d'objets. Ainsi, la technologie retrouverait un véritable pouvoir émancipateur - ce qui n'est pas toujours le cas à l'heure actuelle. Aujourd'hui, les brevets appartiennent à des industriels qui veulent garder leur position dominante sur les marchés. Les process échappent donc complètement au citoyen, à qui on impose un mode de vie. Il ne s’agit pas de revenir à l’Âge de pierre, mais de ne plus être dupe des appareils que nous utilisons. Tout cela peut paraître utopique, mais ce contre contre-pouvoir populaire existe déjà. Il est chez les particuliers qui prennent l'initiative de poser des panneaux photovoltaïques sur le toits de leur maison pour être, au moins en partie, autonome en électricité. Il est aussi dans cette multitude d’internautes qui échangent sur le réseaux sociaux pour autoproduire au maximum. En effet, si les industriels sont peu enclins à partager leur secret de fabrication, ils sont aussi attentifs aux nouvelles tendances, car ils cherchent toujours à flairer le marcher de demain.