Euthanasie d’une plančte

par Gabriel
mercredi 30 janvier 2019

 Je regarde les jours se lever irrémédiablement, se succéder. Les soleils chaque soir dans leur sang carmin agoniser, s’éclipser et enfin les lendemains, ressusciter. Les horloges biologiques s’emballer, les enveloppes terrestres se flétrir, se faner, s’assécher. Les acteurs de cette farce planétaire glissent sur la pente du temps vers un inconnu qu’ils espèrent meilleur. Depuis que l’homme est sur terre, période dérisoirement courte à l’échelle de l’univers, il n’a cessé de conquérir, tuer et détruire son environnement à seule fin de posséder et régner sur les autres espèces et sur ses congénères. Soyons factuels, nous faisons face à une situation sans précédent dans l’histoire humaine. Depuis le 19e siècle, cela s’est accéléré pour atteindre son paroxysme au début du 21e siècle et sans doute le dernier pour son espèce s’il ne réagit et n’agit pas de manière radicale face aux catastrophes écologiques, climatiques et numériques annoncées.

 Pendant des années nous avons ignoré, malgré les avis de milliers de scientifiques, les bouleversements qui prenaient forme. Nous sommes entrain d’atrophier notre planète par des activités humaines fortement négatives et exponentielles dans leur nocivité. 13 000 articles impliquant plusieurs milliers d'experts à travers le monde et le résultat est net et sans appel : «  La vie est entrain d’agoniser sur terre  » les disparitions d’espèces ont été multipliées par 100 depuis le début du 20e siècle. Maintenant, on annonce deux degrés de plus pour la fin de ce siècle, mais c’est deux degrés dans la mesure où sont mises en œuvre des actions fortes et immédiates contre les activités humaines destructrices de l’écosystème sinon, c’est six degrés supplémentaires  ! Je vous laisse imaginer l’avenir ou plutôt le manque d’avenir. Dans 30 ans, seulement 10 % des terres auront échappé à la rapacité d'une marchandisation vampire. La pollution tue trois fois plus que le virus du Sida soit, six millions de morts par an et cela progresse. 74 % de la population devrait subir d’ici la fin de ce siècle des canicules mortelles de plus de vingt jours à des températures de plus de 50 degrés. La sécheresse au Sahel n’a pas d’équivalent depuis 1600 ans. Un continent de plastique d’une taille de trois fois la France, se déplaçant dans le pacifique, alimenté par nos déchets, continu son inexorable expansion et de plus, il a été observé 500 zones mortes dans les océans. Chaque année 80 000 km² de forêts disparaissent. La surpopulation plus la surconsommation poussant à la surproduction polluent, détruisent et assèchent la terre de ses matières premières. 89 millions d’êtres humains supplémentaires naissent chaque année. Ce modèle de société humaine basé sur la possession et l’accumulation de biens matériels ne correspond plus et ne peut plus répondre au besoin du nombre d’individus peuplant la planète. L’homme, se prenant pour l’espèce la plus intelligente, a pillé le vivant qui l’entourait et en a fait son esclave oubliant que même la nature dans son ensemble minéral, végétal et animal, a aussi une âme et que ses composants sont les maillons nécessaires et incontournables à l’équilibre vital.

  L’ONU, organe reconnu comme mesuré dans ses propos et ne pas faire spécialement dans la catastrophisme, a annoncé il y a quelques mois que l’humanité faisait face à une menace directe. Aujourd’hui, les capitaines de la planète terre se gargarisent de plaisirs éphémères que sont le pouvoir et l’argent et sabordent le navire. À tous les passagers sur ce même bateau, minuscule poussière dans le cosmos, d’ouvrir les yeux et de refuser ce naufrage, de se libérer des mensonges proférés par une minorité dont le seul but est l’enrichissement personnel. Il est plus que temps, s’il n’est pas déjà trop tard, à l’homme de s'affranchir des camisoles religieuses, politiques ou financières dans lesquelles on l’a ficelé pour mieux le manipuler. La publicité poussant à l’extrême le fantasme du bien, du beau, de l’immortalité au moyen d’images frelatées, maquillées, confine le citoyen à l’abêtissement en orientant et contrôlant ses choix. Les majors de la production comme ceux de la distribution, avançant masqués derrière des façades écologiques de papier, n’ont que faire de la sauvegarde du climat, des espèces ou de la biodiversité. Ils sont dans un délire total où la raison n’a plus sa place et où la seule religion est «  business  » et son prophète «  bénéfice  ». Il faut comprendre et accepter que la question écologique est intimement liée à la question sociale et économique.

 Nous sommes tous pour les libertés individuelles, mais quand ces libertés nuisent trop au bien commun, nuisent trop à la terre, alors peut-être qu’en régulant ces libertés on se préserve un avenir. La seule chose importante c’est la sauvegarde et le respect de la vie sous toutes ses formes et dans sa totale émancipation. Il ne s’agit pas de changer ses modes de vie en priorité, car quoi qu’il en soit pour la majorité des Occidentaux cela dans leur tête est impensable, mais de penser la vie autrement avec sa fin inéluctable afin de retrouver un peu d’humanité, de spiritualité. Les épreuves qui nous attendent non plus de solution humaine globale, mais chaque entité peut trouver sa solution propre pour encore se sauver et partir sans trop de regret et avec un minimum de sérénité. Pour vivre pleinement, il ne faut jamais perdre de vue la précarité du temps qu’il nous reste.

 En conclusion, devant l’inéluctable on se fout des appartenances politiques, religieuses, idéologiques ou philosophiques. Que cela plaise ou non, que les détracteurs viennent gémir leurs litanies contraires et mensongères aux faits ni changeront rien. L’obsédant tic tac d’une fin annoncée amplifie ses échos dans le monde. À cause des fautes morales politiques majeures, un peu partout la révolte couve, la révolte gronde. La mèche dynamite climat est pratiquement consumée. Le revolver sur la tempe, après cinq essais infructueux, l’ogive surpopulation est cadrée, millimétrée en face du canon. Une ribambelle d’enfants gâtés et inconscients, se dispute le triste privilège d’en presser la détente.


Lire l'article complet, et les commentaires