Facenuke, le réseau social du nucléaire

par Kiagi.org
vendredi 20 avril 2012

Greenpeace publie FaceNuke, réseau social des femmes et des hommes du nucléaire en France.

On entre sur un fond bleu constellé de points noirs reliés entre eux par d’innombrables fils. Si l’on devait dessiner l’internet mondial, il prendrait très certainement cette forme. Cette énorme toile d’araignée représente en fait les méandres d’un autre monde tout aussi énigmatique, celui du nucléaire français. Facenuke est en effet un outil en ligne interactif qui donne à voir une cartographie des femmes, des hommes et des organisations, le réseau social qui fait la politique énergétique de la France. Areva, EDF, le corps des Mines, l’UMP, le PS, les grands patrons, les femmes et hommes de l’ombre, les passerelles entre politique et industrie, les chercheurs, etc. : tous sont au cœur du système ‘facenuke’.

A l’origine de l’initiative on trouve l’association environnementale Greenpeace qui a souhaité montrer les connexions entre les différents acteurs de la filière. « FaceNuke donne à voir une sorte d’État dans l’État, qui décide de la politique énergétique de la France depuis 40 ans. C’est un univers d’experts et de technocrates dans lequel il est possible de faire carrière de 18 à 77 ans : des grandes écoles aux associations de défense du nucléaire, en passant par les postes clés dans les grands groupes énergétiques, les centres de recherche ou encore les cabinets ministériels ».
 
 
Hommes de l’ombre

Quelle est la taille et l’ampleur des réseaux (connus et visibles) de l’ex patronne d’Areva Anne Lauvergeon ? Ceux du Président et candidat Nicolas Sarkozy, qui nomme la plupart des responsables ? Ou encore d’un expert très médiatique comme Elie Cohen… Qui sont les personnes de l’ombre, au pouvoir immense, qui sont les "passerelles” entre groupes, entre groupes industriels et partis politiques, entre partis et associations ? L’internaute pourrait naviguer pendant des heures au coeur du système.
 
Le nombre de critères retenus pour établir ces connections et choisir les personnes qui figurent sur la carte a été volontairement limité pour permettre la lisibilité du résultat final. Les connections entre les personnalités, qui sont le cœur et la source de cette cartographie, sont : un mandat actuel ou récent (environ cinq ans) dans un conseil d’administration, de surveillance, un poste de direction dans un grand groupe, la présence dans un centre de recherche, l’adhésion à une association ou encore un mandat dans une autorité de régulation, etc. ; un mandat passé significatif ; l’adhésion ou un mandat actuel dans une organisation politique ; l’adhésion ou un mandat passé à une organisation politique ; la formation.
 
Cet outil est appelé à évoluer dans les semaines à venir. Les internautes sont d’ailleurs invités à communiquer leurs commentaires, les liens qui pourraient manquer ou toute autre suggestion afin d’améliorer l’outil. 
 
Inertie
 
Pour l’ONG, la visualisation de ce système explique l’inertie de la politique énergétique française dont "le citoyen a été systématiquement tenu à l’écart depuis les années 1970".
 
"L’inertie et l’entêtement de la France dans son obsession nucléaire est le produit des femmes et des hommes de ‘facenuke’, unis par leur intérêt commun de maintenir et prolonger leur monopole. Pourtant tôt ou tard, il faudra fermer les centrales françaises vieillissantes, et il sera impossible de les remplacer par des EPR,” conclut Karine Gavand. "Amorcer la transition énergétique, par une décision de sortie du nucléaire et la fermeture progressive des centrales nucléaires, est la seule attitude responsable pour le prochain Président. C’est ce que font nos voisins européens. C’est précisément la décision politique allemande de sortir du nucléaire qui a amené les industriels de l’énergie, comme Siemens, E.ON ou RWE, mais aussi le secteur de la recherche à se réorienter massivement vers les renouvelables et les économies d’énergie."
 
A deux jours du premier tour des élections présidentielles, Facenuke devrait faire parler de lui et donner du grain à moudre aux anti-nucléaires.
 
Kiagi.org est un des projets de l'association e-graine

Lire l'article complet, et les commentaires