Fessenheim et EELV : Emmanuelle cause et Jean-Vincent se tait

par Patrick Samba
samedi 25 octobre 2014

Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV l’a dit et redit : elle est « certaine que la centrale de Fessenheim fermera avant 2017 ». Elle a rencontré le Président le lundi 13 octobre et il le lui a confirmé. Elle reconnait néanmoins qu’elle est « peut-être la seule en France à le croire », mais elle le croit.

Personnellement je ne demanderais pas mieux que de partager sa conviction. Malheureusement la simple connaissance du haut degré de validité des promesses de François Hollande, de l’inaltérable pouvoir de nuisance du Corps des mines dont les membres sont installés au sein de tous les ministères, et en particulier dans celui de l’écologie, ainsi qu’au sein de l’oligarchie industrielle et financière, sans même parler de la puissance d’EDF, du CEA et d’Areva, tous ces pouvoirs précisément décrits dans le récent livre « L’Etat nucléaire » de Corinne Lepage, me rendent beaucoup moins optimiste.

D’ailleurs si elle était à ce point convaincue, pourquoi se serait-elle sentie contrainte d’ajouter : « Si elle ne fermait pas,… » ? Ce qui en dit long sur sa supposée certitude.

Et maintenant que l’on sait qu’Henri Proglio ne sera pas reconduit à la tête d’EDF, il aurait été logique qu’elle nous précise dans quelle fourchette de dates le Président avait l’intention de la fermer ; la centrale de Fessenheim. Elle s’en est bien dispensée, et on imagine aisément qu’elle n’en sait strictement rien. Et comment ne pas en déduire que si elle continue à croire avec conviction aux promesses de François Hollande, c’est qu’elle n’a pas appris grand-chose de ces deux dernières années ? Rappelons-lui simplement qu’il affirmait également que son ennemi était la finance. Et accessoirement que son parti avait signé un accord avec celui de Hollande pour une fermeture de Fessenheim au lendemain immédiat de son élection. Deux ans et demi plus tard il n’y a toujours rien, sinon un nouveau concept hollandien : l’immédiateté à très grande extensibilité. A cela s’ajoute le fait que Ségolène Royal affirme s’être convertie au pragmatisme comptable, selon lequel il vaudrait mieux arrêter deux réacteurs non encore rafistolés qu’une vieille centrale à bout de souffle mais relookée.(iTELE à 8mn)

Alors donc, qu’Emmanuelle Cosse soit sans doute la seule en France à être certaine que Fessenheim fermera avant 2017, on ne lui contestera certainement pas cette conviction. Néanmoins ça devrait tout de même lui mettre la puce à l’oreille…

 

Jean-Vincent Placé de son coté, souvenez-vous, a parlé tout récemment d’une ligne rouge fixée par EELV concernant Fessenheim, que le gouvernement ne devait pas franchir. Lui qui raffole des médias au point de ne pas craindre les dérapages, l’avez-vous entendu s’étouffer d’indignation face à la nouvelle et énorme reculade de Ségolène Royal ? L’avez-vous vu s’enhardir pour soutenir sa secrétaire nationale dans cette joute que se livrent désormais les deux femmes de pouvoir ? Non ! Voler au secours de Nadine Morano méchamment brocardée par un humoriste lucide, là il n’hésite pas. Mais que la ministre de l’écologie franchisse une ligne rouge qu’il a lui-même mis en place… et il ne réagit pas. La firme, cette oligarchie au sein d’EELV, restera toujours la firme : avant tout la culture de la politique politicienne et la défense des intérêts personnels de ses membres. Qu’attendent donc les vrais écologistes pour les remercier ? Et à grands coups de tige de tournesol séché ?

 

Noël Mamère en est convaincu depuis juin, « face au lobby nucléaire, Ségolène Royal a capitulé en rase campagne ». Corinne Lepage le rejoint, mais avait affirmé depuis longtemps qu’Hollande ne fermerait pas Fessenheim avant la fin de son mandat. A la question : « Fessenheim ne fermera jamais, on est bien d’accord ? », elle a récemment répondu sur « 20 minutes » : « Jamais, non car elle finira par fermer. Mais pas avant 2017, oui. Il ne fallait pas que Delphine Batho [l’ex-ministre de l’écologie virée par Hollande] soutienne qu’il n’y avait aucun risque à Fessenheim justifiant sa fermeture…  » (Corinne Lepage : « Il faut construire une alternative pour sortir du guêpier nucléaire » - 20minutes.fr).

L’un comme l’autre, ainsi que Julien Bayou, porte-parole d’EELV mais n’appartenant pas à la « firme » sont signataires de l’Appel solennel à la fermeture, dans les plus brefs délais, de la centrale de Fessenheim .

Car trêve des paroles creuses, de promesses non tenues et de politique purement politicienne, le seul réel moyen d’obtenir quelque chose auquel un dirigeant s’est engagé, ils le savent, est de l’exiger. Que l’arrêt définitif de la centrale de Fessenheim ait lieu avant la fin 2014, voilà ce que réclament les signataires de cet appel. Rejoignez-les !

 

Patrick Samba


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