Gestion des énergies : pourquoi faire compliqué alors que ce serait si simple ?
par AntoineR
jeudi 18 novembre 2010
On parle tout le temps, aussi bien en entreprises qu’au gouvernement, de la culture du résultat mais on applique systématiquement l’inverse : on récompense les moyens mis en place sans même s’intéresser aux résultats obtenus. Vous pouvez donc théoriquement vous faire offrir par l’état (pour moitié) une jolie pompe à chaleur et chauffer votre pavillon de 300 m² à 24°C. Cet investissement n’aura été bénéfique qu’au secteur du bâtiment qui en plus d’augmenter son activité, aura au passage augmenté ses marges sur les produits assujettis aux crédits d’impôts.
Aucune mesure n’a aujourd’hui de réel impact écologique, le green-washing est organisé à grande échelle. Chaque mesure ou mesurette cache une aide de l’état pour un secteur ou un lobby.
Un jour on fait, le lendemain on défait (un bonus-malus écologique, une prime à la casse), un jour on dit le lendemain on contredit (« l’environnement, ça commence à bien faire »). Si aujourd’hui Big Brother est pour la plupart des français une émission de téléréalité, il serait temps de relire Orwell car la double-pensée est bien en place. Nous sommes capable d’entendre blanc et de comprendre noir, de vouloir consommer plus tout en polluant moins, et surtout d’accepter que les comportements que nous dénonçons tous ne soient finalement jamais pénalisés.
Prenons l’exemple de l’eau (mais c’est aussi vrai pour le pétrole, le gaz, l’uranium, et l’environnement en général). Le problème est assez simple et tient en 2 points :
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L’eau est un besoin vital
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L’eau est une ressource rare et précieuse
La plupart des foyers paye actuellement dans leur facture d’eau deux éléments :
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Une partie fixe : un abonnement (une cinquantaine d’euros par an)
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Une partie variable : proportionnelle à la consommation (en moyenne 3 Euros par m3)
Le tout majoré d’une TVA minorée à 5,5% (l’eau étant considérée comme un besoin fondamental au même titre que l’alimentation, les médicaments ou un bon repas au Fouquet’s).
Cette facturation a donc pour conséquence de créer un tarif dégressif. En d’autres termes, plus vous consommez et moins cher est votre litre d’eau. Une petite mémé qui se lave tous les deux jours avec un gant de toilette au lavabo paiera donc plus cher son eau qu’un bipède à l’encéphalogramme plat qui nettoie son 4X4 toutes les semaines avec 800 litres d’eau, qui remplit sa piscine autoportée (achetée en promo-pas cher) avec 25m3 d’eau qu’il videra en fin de saison (après que ses enfants Brian et Kevin l’ai utilisé en tout en pour tout 2 fois) avec tout son chlore directement au fond de son jardin ou celui du voisin s’il a le malheur d’être encore en vacances. La petite mémé à l’empreinte écologique négligeable paye donc plus cher : logique ! (Elle ne fait pas tourner l’économie elle, monsieur !). Voici un tableau et un graphique illustrant cela (avec les tarifs de mon distributeur).
En appliquant à l’inverse un tarif progressif, on pourrait
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mieux récompenser les économies d’eau (ou d’énergie) sans avoir à subventionner les moyens,
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ne pas pénaliser les plus modestes comme le ferait une taxe carbone.
La première des actions à mener serait de supprimer l’abonnement et de l’intégrer au tarif par m3. Ce tarif pourrait être très faible pour une première tranche de consommation puis augmenter fortement de tranche en tranche. Cette progressivité pourrait être accentuée par une taxation variable aussi selon les tranches. L’eau pour remplir une piscine n’étant pas un besoin aussi primaire que celle pour faire cuire les pâtes, il n’y a aucune raison que toute la facture soit taxée à 5,5%. Et pourquoi pas supprimer totalement les taxes sur la première tranche. L’état retrouverait au global ses billes et les fournisseurs aussi. Et malgré une facturation un peu plus complexe, le système serait au final beaucoup plus simple pour tout le monde (sans ces stupides crédits d’impôts).
Voici un exemple de tarification que l’on pourrait appliquer pour un foyer de 3 personnes (on pourrait l’extrapoler aussi aux entreprises) :
L’impact écologique est évident mais c’est aussi une vraie mesure sociale. Imaginez un pays où les besoins vitaux en eau et électricité sont gratuits pour tout le monde, financés par ceux qui en abusent. C’est une idée apolitique pouvant être reprise aussi bien par la gauche que par la droite. C’est juste une mesure de bon-sens.
L’eau est rare, elle doit donc être chère mais elle est vitale et doit donc être gratuite. Equation insoluble hormis avec une tarification progressive.