Japon, accident nucléaire de niveau 6 sur 7 : tous responsables

par hommelibre
mercredi 16 mars 2011

L’accident de référence reste Tchernobyl, qui avait atteint le plus haut degré de dangerosité d’une avarie dans une centrale nucléaire : le niveau 7. La centrale de Fukushima a atteint le niveau 6, selon le président de l'Autorité française de sûreté nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste.

Niveau 6 atteint ?

Ce 15 mars à 13h30 les autorités japonaises ne confirment pas ce classement. L’avis du président de l’ASN se base sur des déductions, en particulier en ce qui concerne le réacteur numéro 2. L’enceinte ne serait plus étanche. De plus un incendie s’est déclaré dans le réacteur numéro 4.

« Un bassin de stockage de combustible nucléaire usagé a été touché par les flammes, selon l'Agence internationale de l'énergie atomique. »

« Selon l'agence de presse japonaise Kyodo, le niveau de radioactivité dans la salle de contrôle de la tranche n°4 de la centrale atomique est devenu trop élevé pour que les ingénieurs puissent effectuer un travail normal. Les employés ne peuvent pas rester longtemps et doivent effectuer des va-et-vient avec la salle de contrôle, et superviser la situation à partir d'autres endroits, précise l'agence.

Le ministre japonais des Affaires étrangères a indiqué mardi que le niveau de radiations consécutif à l'incendie du réacteur 4 de la centrale nucléaire de Fukushima 1 « pourrait endommager la santé » des populations. »


Les employés qui travaillent sur le site pour tenter d’empêcher encore le pire sont peut-être déjà sacrifiés.



Sur son blog Kad fait une très utile analyse du problème fondamental que pose une centrale nucléaire, à lire ici.


Quel degré de danger est acceptable ?

La question vaut dans de nombreux domaines, comme la médecine par exemple. Les avantages d’un médicament, ou d’une radiothérapie sont-ils supérieurs aux inconvénients ? Dans le domaine de l’énergie nucléaire c’est une question majeure à cause de l’importance des risques : nombre de personnes atteintes en cas d’accident majeur, et durée des effets néfastes.

Des voix s’élèvent avec force depuis 3 jours pour demander la sortie du nucléaire. Quelles que soient les conséquences politiques et les choix ultérieurs que l’accident de Fukushima déterminera, et en cas d’abandon du nucléaire, cela ne pourra se faire que très progressivement. L’économie et la vie quotidienne en Europe sont dépendants de l’électricité. Prendre un tram, téléphoner, remplir d’essence le réservoir de la voiture, regarder les infos, lire, sont directement liés subordonnés à l’usage de courant. Sans compter les implications dans la fabrication d’objets du quotidien, dans la construction, etc. Stopper le nucléaire ne saurait se faire d’un coup sans prendre le risque de provoquer l’effondrement de l’économie, provoquer des famines, du chômage de masse, bref, un cataclysme pire que l’explosion d’une centrale.

Quoi qu’il se passe au Japon, quelles que soient les perspectives terribles d’un accident de niveau 7 pour les riverains, pour le pays et pour la planète, et quelle que soit l’indignation des citoyens qui refusent que la Terre devienne une poubelle invivable, il faut accepter en partie ce qui arrive. Les centrales nucléaires n’existent pas simplement parce que le capitalisme veut faire des profits. Cette mode de tout mettre sur le dos du système économique et de quelques décideurs exonère un peu vite la responsabilité de chacun.


Tous responsables

En effet, si nous avons un téléphone portable, un ordinateur, un mp3, des chaussures, si nous lisons un journal, disposons d’un réfrigérateur, prenons le train, si nous nous éclairons autrement qu’à la bougie, c'est parce que nous consommons de l’électricité. Nous sommes co-responsables du besoin en énergie de notre civilisation. Gardons donc notre énergie mentale pour examiner comment nous pouvons déjà tempérer notre propre consommation, avant de dénoncer des coupables qui au fond ne font que répondre à notre demande.

Il y a eu des erreurs, en particulier un manque d’anticipation dans l’installation de la centrale de Fukushima au bord de l’océan. C'est une erreur majeure. Mais c'est toujours plus facile de le dire après. Et rien ne sert pour autant d'utiliser la démesure dans les propos (c‘est vraiment à la mode la démesure !). Il y a eu peu d’accidents nucléaires civils, comparé par exemple aux drames des mines de charbons et à la pollution de l’air engendrée par le C02 et son incidence sur les troubles respiratoires. Sans parler du DDT, ou de certains médicaments. Là aussi la liste des atteintes à l’environnement et à la santé serait très longue et l’on peut imaginer que le nombre de personnes décédées ou blessées est très important. Pourtant pas de harangues violentes comme on en lit depuis 3 jours sur les forums.

Aller vers une société moins dangereuse, d’accord. Mais il faudra plus que l’isolation des bâtiments et des panneaux solaires ou des éoliennes pour faire le compte et remplacer le nucléaire. Surtout si l’on souhaite que les pays émergents disposent aussi d’une abondance énergétique.

Alors, avant de désigner trop facilement des coupables - les ingénieurs, le gouvernements, les décideurs économiques - il faut bien admettre que nous consommons et sommes contents de dialoguer sur les forums du net à l’heure qui nous convient. Pour cela il faut du courant.

Par contre il est pour le moins souhaitable qu’un coup d’accélérateur soit donné aux énergies alternatives déjà existantes, en attendant de trouver de nouvelles sources moins dangereuses et productrices de grandes quantités d’électricité. D’ici là le danger continuera d’exister. Et sur ce point particulier il est normal de vouloir minimiser ce danger, mais il est illusoire de penser que l’on pourrait vivre dans un monde sans aucun danger.

Le danger nucléaire frappe les esprits. Pourquoi donc plus que les autres sources énergétiques polluantes, plus dangereuses, comme je le suggère plus haut ? A cause d'Hiroshima ?

Où est la rationalité entre notre besoin individuel d'énergie et de liberté et le refus collectif d'une société énergivore ?


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