Je fais partie des 13%
par Vive la République
vendredi 22 décembre 2006
Si l’on en croit l’IFOP, 87% des Français ont une bonne ou une très bonne opinion de Nicolas Hulot. Ce chiffre constitue un record dans l’histoire de ce baromètre, l’animateur de télévision surclasse donc Bernard Kouchner, Ségolène Royal ou encore Simone Veil. Et d’aucuns de célébrer cette belle unanimité, pour une fois nous sommes tous d’accord sur un sujet, l’écologie, et sur les solutions à y apporter. Pour une fois un homme a su imposer aux candidats à la présidentielle les mesures qui permettront de lutter contre le réchauffement climatique. Sauf que...
Sauf que si tout le monde s’accorde sur la réalité du réchauffement
climatique, il y a débat sur son impact réel et sur les moyens à mettre
en oeuvre pour agir. J’aimerais tout d’abord faire remarquer à quel
point la position de certains écologistes est conservatrice : le monde
actuel nous est décrit comme idyllique et chaque changement est vécu
comme un cataclysme potentiel. En somme, il ne faut surtout toucher à
rien, et respecter le bel équilibre de la nature. Cette affirmation me
semble relever d’une double erreur : d’une part le monde actuel est
loin d’être parfait et nos lunettes de riches occidentaux troublent
notre vision de la réalité, et d’autre part la Terre, la nature
et le climat n’ont cessé d’évoluer au fil du temps sans que cela se
traduise par une détérioration générale de la qualité de vie. Ce à quoi
je m’oppose, finalement, c’est à une vision religieuse de la nature,
qui prétend que chaque action humaine est une perturbation dangereuse
d’un merveilleux équilibre. C’est notamment sous cet angle qu’est
abordée la question des OGM.
Cette religion a ses prêtres médiatiques, chargés d’annoncer l’apocalypse et de dénoncer la vanité des hommes : "La nature va se venger", annoncent-ils de conserve. Nous sommes mis au banc des accusés pour notre prométhéisme. Cet élément devrait nous alerter car il est dangereux d’aborder des problèmes scientifiques en des termes uniquement moraux. Quelles sont les solutions avancées par ces prêtres de l’écologie : la modération, qui n’est qu’une manière sympathique de dire le rationnement, c’est-à-dire la gestion de la pénurie. L’innovation technologique est perçue comme ne pouvant qu’agir à la marge. Concrètement, c’est à un certain retour de l’économie dirigée et planifiée que nous sommes invités. Pour preuve : les mesures proposées par Nicolas Hulot dans son Pacte écologique relèvent essentiellement de l’action de l’Etat.
Je pense que s’il est bon d’aborder de manière approfondie ce thème, la façon dont le débat prend tournure est extrêmement dommageable : à cette éloge de la modération, je préfère la confiance dans le progrès technique. L’humanité doit s’adapter à la nouvelle donne par son génie propre, et dire cela, ce n’est pas faire preuve de vanité. L’Etat peut bien entendu jouer un rôle grâce à la fiscalité, en rendant rentables des investissements et des technologies propres qui ne le sont pas encore, mais d’autres pistes doivent être explorées. Citons entre autres l’investissement socialement et environnementalement responsable, appliqué par exemple par le fonds norvégien qui gère l’argent du pétrole et qui obtient, malgré les contraintes qu’il se fixe, des taux de rentabilité sensiblement supérieurs à ceux du marché ; il y a là le début d’un cercle vertueux.
Contrairement à ce que l’on croit en Europe occidentale, l’énergie du futur dans le monde sera le charbon. On peut s’en offusquer, mais les faits sont là : cette source d’énergie fossile est la plus abondante, et les pays en voie de développement, notamment la Chine, construisent à un rythme très soutenu des usines à charbon pour produire de l’électricité (de même que les Etats-Unis, qui disposent d’immenses réserves). Il faut donc massivement investir dans des usines à charbon propre et développer les technologies de captage et de stockage de CO2 pour pouvoir renouveler le parc de centrales et le rendre plus propre. Cet exemple montre bien que le défi environnemental peut être demain ce que les nouvelles technologies sont aujourd’hui en matière de croissance, il y a là des opportunités fabuleuses.
Investissons donc massivement dans ce domaine, faisons de l’Europe le leader mondial, plutôt que de nous replier sur nous-mêmes et d’abandonner l’idée de croissance, donc de progrès, donc de civilisation.