Kampot, la communauté bouge pour l’environnement

par boddah
mardi 20 mars 2012

Le 14 mars dernier, un nettoyage de la rivière de Kampot a été organisé dans le cadre de la journée mondiale pour la protection des rivières.

Il n’a pas été aisé de tout organiser dans les temps. Un mois avant la journée internationale pour la protection des rivières, le groupe d’activistes de Kampot n’existait pas encore. J’étais seul, dans mon coin à essayer d’agir et à me plaindre du manque de solidarité des habitants de Kampot pour leur magnifique environnement.

Mais avec la volonté et le dynamisme d’Anne (paddleboard Cambodia), et avec l’aide inconditionnelle de Dirk (Ganesha), la création d’un groupe d’activistes a vu le jour à Kampot. Lors de la première réunion, le groupe a décidé d’agir pour la rivière en organisant un grand nettoyage volontaire. Il ne fallait pas perdre de temps si l’on voulait que cette action entre dans le cadre de la grande journée mondiale pour la protection des rivières.

Le groupe n’a pas chômé, les taches réparties chacun est parti accomplir son devoir d’éco-responsable. Lever des fonds, trouver des volontaires, obtenir les autorisations, organiser les repas et transports des volontaires,… Certains ont passés des nuits blanches et des journées stressantes afin d’accomplir, dans les délais, ces tâches titanesques (surtout au Cambodge).

Comme d’habitude des mauvaises langues ont critiqué le projet et sa finalité. Au lieu de parlementer sans agir, les activistes du groupe ont réussit le tour de force d’organiser leur action dans les temps. Finalement les autorisations ont été facilement obtenues malgré les craintes quand au sérieux et à l’incorruptibilité des administrations. Au contraire, les fonctionnaires ont accueilli agréablement cette initiative qui leur facilite le travail (surtout celui du ministère de l’environnement).

crédit photo : Derrick Dennis

Le 14 mars à 7h30, 3 grandes tentes furent montées pour accueillir les volontaires, servir les repas, abriter les documents éducatifs et plus tard le groupe de musique des « Kampot Playboys ». A 8h les premiers volontaires arrivaient des écoles avoisinantes. Peu de temps après, 350 personnes attendaient le gouverneur qui arrivait en bateau pour faire un discour.

En repartant, le gouverneur jeta dans l’eau un gobelet en plastique ; en voyant les mines des volontaires et des activistes, il stoppa rapidement le bateau pour rattraper le gobelet. Ainsi par ce geste involontaire, le gouverneur fut le premier à nettoyer la rivière et marqua ainsi le début du grand nettoyage.

crédit : Derrick Dennis

De nombreux bateaux, chargés de volontaires sont partis en amont et aval de la rivière, et jusqu’à midi, chaque recoin de mangrove fut débarrassé des plastiques. Au retour, les troupes, affamées se sont jetés sur les bols de noodles préparés par les activistes.

A 16h une grande armada de bateaux, arborant le drapeau vert frappé d’un cœur rouge remonta la rivière à la rencontre des bateaux de pêcheurs qui chaque soir descendent jusqu’à la mer. Ensemble, le retour sur Kampot fut impressionnant. Le concert eu finalement lieu dans un bar face à la rivière car le vent s’était levé et soulevait dangereusement les tentes…

L’événement fut un succès pour une première édition. Le nettoyage avait pour but d’allumer l’étincelle de conscience écologique des cambodgiens. 350 volontaires furent sensibles à la bonne santé de leur rivière ; de nombreux habitants de Kampot vinrent en curieux et repartirent avec des supports éducatifs (livres de coloriages,…). La presse nationale était présente et les articles dans le « Phnom Penh Post » furent élogieux.

Les cambodgiens aiment la rivière qui les fait vivre et leur apporte prospérité. En effet la région de Kampot, riche en ressources (poivre, sel, durian,…) procure la santé et la qualité de vie aux habitants courageux. La rivière, propre et riche en biodiversité voit accourir des pêcheurs à chaque marée haute (la rivière est en faite un estuaire qui se prolonge dans les terres) et les pêcheurs de crabes et crevettes peuplent les berges chaque nuit.

Le plastique a envahi l’Asie ces 20 dernières années, les habitants n’ont pas eu, comme nous, le temps de voir les dégâts causés par ce sous-produit du pétrole. Les activistes ne cherchaient donc pas à dire quoi faire aux cambodgiens, mais à partager leurs connaissances des dangers du plastique. Mission accomplie, l’étincelle est née. Reste maintenant à entretenir la fragile flamme de la conscience écologique.

Le tourisme représente la deuxième source de revenus du Cambodge, la nature préservée par des années de guerre et d’horreurs est unique en Asie du Sud-Est. L’éco-tourisme est LA solution pour maintenir des revenus aux populations qui vivaient jusqu’alors des ressources (qu’ils pensaient inépuisables) de leur généreuse nature.

Source : LGV


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