« L’ARBRE » GLYPHOSATE, un débat hypocrite occultant « la FORÊT PESTICIDES/OGM »

par hugo BOTOPO
mardi 18 septembre 2018

Les débats sur l'interdiction (urgente ?) du glyphosate cachent en réalité le grand débat sur les OGM et les pesticides : certains OGM sont autorisés dans l'UE, et interdits de culture en France. Interdire le glyphosate dans l'UE revient à pratiquement interdire la culture du maïs OGM, type Monsanto 810, dans l'UE, tout en acceptant, selon les accords commerciaux, les importations des USA et autres pays. En absence d'un autre couple maïs OGM/herbicide sélectif adapté et autorisé par l'UE, l'agriculture européenne serait un peu plus balayée du grand marché mondial du maïs et c'est là une partie du problème, l'autre étant l'interdiction de toute culture OGM dans l'UE avec un gros impact industriel sur les fournisseurs d'herbicides et de pesticides sélectifs spécifiques.

Enlever les mauvaises herbes autrement que par binage ou arrachage est une préoccupation majeure des chimistes et agrobiologistes depuis de nombreuses décennies. 

Il existe depuis plus d'un siècle un désherbant total, (quasi débroussaillant) le chlorate de sodium dont l'action principale est dans la sol où il reste efficace pendant au moins 6 mois : il pénètre par les racines et détruit les plantes ! Ses grands inconvénients sont d'une part sa durée d'efficacité qui empêche de semer ou planter près d'un an après son épandage et d'autre part ses effets secondaires sur les nappes phréatiques et aussi son instabilité chimique : ce super oxydant est instable, il était utilisé autrefois dans les poudres et explosifs. Le cyanure de calcium et le sulfate de fer étaient aussi utilisés comme désherbants avec une forte toxicité.

Des produits moins violents ont été mis au point par les industriels tel le (2,4 D) en 1946 efficace contre les dicotylédones (beaucoup de mauvaises herbes) et sans effet (aux doses préconisées) sur les monocotylédones dont font parties les céréales comme le blé, le maïs, le riz... cet herbicide peut être répandu avant et pendant la pousse des cultures. Mais les mauvaises herbes s'adaptent progressivement et deviennent plus ou moins résistantes, d'où la mise au point de variantes, tel l'agent orange (2,4,5 T famille de trichorophénols) utilisé entre autres au Vietnam, un herbicide défoliant puissant, interdit dans 24 pays (dont les USA) et en usage restrictif dans 7 autes pays, du fait de sa forte toxxicité pour les humains.

En 1950, l'atrazine bon herbicide mais polluant les nappes phréatiques arrive sur le marché, puis ses dérivés (triazines) pour corriger ses effets secondaires : l'atrazine est bien tolérée par le maïs (naturel ou OGM), assez bien toléré par le sorgho et pas du tout par le blé et le soja. Peu soluble dans l'eau l'atrazine reste dans le sol entre 6 et 12 mois et pose problème dans le cadre de rotation annuelle de cultures.

En 1974 c'est la naissance du fameux glyphosate sous la dénomination Round Up, marque de Monsanto. La formulation de ce produit est donc dans le domaine public depuis près de 25 ans. Monsanto avec des modifications mineures de la formulation et ses concurrents avec leurs propres modifications ou avec le produit de base, ont mis sur le marché une grande quantité de "glyphosates" comme soit déherbant total (mauvaises herbes et cultures) soit comme désherbant sélectif (round up) épargnant une variété de maïs OGM (le MON 810). Il existe plus de 2000 formulations commerciales à base principale de glyphosate dont certaies ont des additifs "surfaçants" dangereux et administrativement interdits.

Les glyphosates sont les herbicides les plus vendus pour ses applications agricoles et comme désherbant pour les allées, les cours, les trottoirs, les rues pavées, les voies ferrées,...

Depuis un grand nombre d'herbicides ont été mis au point, agissant sur les feuilles ou sur les racines, avec une action totale ou sélective. En particulier le Dicamba, (75 à 400 fois plus puissant que le glyphosate), herbicide total détruisant aussi les mauvaises herbes devenues résistantes au glyphosate. Cet herbicide est très volatile et détruit trop facilement les cultures voisines, jusqu'à une trentaine de mètres sans vent. Parmi ces herbicides certains sont dédiés à des semences OGM comme le soja, le tournesol et le riz dits "Clearfield" utilisant le Pulsar 40 de BASF.

Il existe une dizaine de grandes familles de molécules chimiques donnant naissance à des milliers d'herbicides selon les compositions et dosage, selon leur mode d'action et leur destination (vergers, horticulture, maraichage, grande culture, sylviculture, fleuristes...) et selon les marques commerciales. Tous ses produits phytocides contribuent à la perte de biodiversité, certains agissent sur la photosynthèse et sur le fonctionnement interne des cellules végétales, en particulier la transformation des hydrocarbones en lipides. Certains inhibent la division cellulaire : la non-extension à la faune et à l'humain n'est absolument pas garantie !

 

Législations et réglementations en France et dans l'UE sur le glyphosate et sur les OGM

C'est le grand flou avec une dose de démagogie et un manque de logique !

L'UE autorise -au 5 mai 2015- l'importation de produits agricoles OGM (résistants aux pesticides : herbicides, insecticides, fongicides) ou résistants aux attaques directes d'insectes, de larves, de moisissures, en les tuant ou en les repoussant. Ces produits OGM comprennent :

12 sojas, 30 maïs, 4 colzas, 10 cotons, 1 betterave.

Les produits importés rentrent dans l'alimentation des animaux d'élevage et dans des produits directs d'alimentation humaine (sauce au soja...). Pour les aliments du bétail si la teneur en composants OGM dépasse 0,9% l'étiquetage du produit fini doit mentionner la présence d'OGM dans l'alimentation. A 0,9% ou moins l'étiquetage ne mentionne rien sur la teneur en OGM. Si l'étiquetage est conforme pour des volailles, des lapins, il subsiste des doutes sur les animaux de boucherie (produits découpés en barquettes) et surtout sur les produits transformés (pâtés, saucisses...).

En ce qui concerne les cultures dans l'UE, la logique voudrait que les produits OGM d'importation (réputés inoffensifs pour les consommateurs) puissent être autorisés à la mise en culture. Il n'en est rien et les batailles d'influences (gros agriculteurs, agriculteurs écolos et bio, organisme de santé protégeant les ouvriers répandant les produits, industriels de la chimie et des pesticides) ont finalement abouti à l'autorisation de mise en culture du maïs Mon 810 (et TC 1507 de Pionnier) résistant au glyphosate. Comme systématiquement le Conseil d'État en France rejetait (2007, 2012, 2014) toute loi d'interdiction contraire aux directives européennes (d'abord pour toutes les productions OGM, puis uniquement pour le Maïs). À ce jour le Conseil d'État a annulé (le 15 avril 2016) l'arrêté français de 2014 interdisant l'utilisation, la culture et la commercialisation du maïs Mon 810, alors que l'UE (le 4 avril 2016) excluait la France -à sa demande- de l'autorisation de culture du Mon 810 ! La publication par l'UE de ses décisions n'est pas instantanée ! La France a fait jouer cette clause, ainsi que 8 pays de l'UE et 4 régions (Wallonie, Ecosse, Pays de Galles, Irlande du Nord). Mais la France n'a pas pris un nouvel arrêté d'interdiction de mise en culture, donc le dernier rejet du Conseil d'État reste valable : on ne sait pas si des agriculteurs (maïsiculteurs) cultivent en France, sans la moindre publicité, du Mon 810, se sachant couverts contre une action judicaire gouvernementale. Comme le maïs OGM Mon 810 circule librement en France et en UE, comment différentier l'origine des produits par des analyses ?

À signaler que l'UE a autorisé en 2010 une variété de pomme de terre OGM : amflora de BASF, destinée surtout à la féculerie et non pas à la consommation directe. Devant le tollé général et la très faible demande, BASF s'est retiré et l'UE a supprimé son autorisation en 2013.

 

Quid d'une interdiction totale du glyphosate en France ?

Le glyphosate comme tous les pesticides performants doit être utilisé selon des protocoles précis de protextion des manipulateurs des produits (combinaisons étanches, filtres performants au charbon actif, gants...) du fait de la dangerosité des produits pour la santé. Une attention particulière doit éviter les projections parasites vers le voisinage accessible au public, les espaces de circulation, de jeux et les écoles.

Du fait de sa dangerosité, la vente aux particuliers de glyphosate par les jardineries et drogueries serait interdite, ainsi que l'épandage dans les espaces publics (rues, trottoirs, allées de jardins, de cimetières, etc...). Subsiste donc soit un marché parallèle par internet pour les particuliers à leurs riques et périls (et pour le voisinage), soit un marché officiel pour les utilisateurs professionnels en agriculture. Notons que pour ces derniers le glyphosate doit être répaudu (pulvérisé) bien avant la levée, donc avant les semis pour toute culture autre que le OGM Mon 810. Si effectivement les maïsiculteurs français respectent l'interdiction de culture du Mon 810, conformément à l'interdiction implicite, l'interdiction de l'utilisation du glyphosate ne serait pénalisante qu'avant les semis pour détruire les mauvaises herbes existantes, et ce pour toutes les cultures. Et il existe d'autres herbicides de substitution ou des procédures culturales.

Il faut remarquer que certains viticulteurs et arboriculteurs répandent du glyphosate à toute période de l'année pour désherber les allées entre les rangs de vignes ou d'arbres fruitiers  : pour cela il pulvérisent sous une cloche rectangulaire avec des bords frottant sur le sol pour éviter aux souches et troncs d'être atteints. Ces agriculteurs déjà grands utilisateurs de divers pesticides ne se vantent pas de cette utilisation. A contrario, certains viticulteurs et arboriculteurs conservent un enherbagement dans les allées entre les rangs, quitte à enfouir ces herbes à l'automne comme engrais vert.

Dès aujourd'hui une interdiction totale du glyphosate en France est possible sans réellement gêner les agriculteurs.

Cependant la forte pression des lobbies des cultures industrielles et de l'agrochimie est à la hauteur de l'enjeu : l'interdiction du glyphosate serait perçue comme une première étape vers la disparition progressive de tous les pesticides, avec une généralisation de l'agriculture dite "biologique"  : d'où le refus récent des députés de la majorité d'inscrire dans la loi l'interdiction définitive du glyphosate (dans un délai de 3 ans). Un point supplémentaire pour justifier la démission de Hulot ! Les produits issus de l'agriculture bilogiques ne sont pratiquement pas contaminés, de meilleur goût avec plus de qualités organoleptique.

Le 22 février 2018 le Président Macron s'inquiétait d'un déficit commercial de 1 milliard € en produits bio, et annonçait un plan de développement, de conversion des exploitationa agricoles avec un objectif de 15% (en nombre d'exploitations ou en nombre d'hectares ! ?) d'ici 2022. Avec en prime l'incitation gratuite aux cantines scolaires de se pourvoir en bio (cantines subventionnées par les collectivités locales !). La position des députés aux ordres de l'Élysée de ne pas interdire le glyphosate vient en totale opposition aux déclarations du 22 février 2018. Les lobbies ont bien marqué leur territoire !

 

NOTA : il serait impératif, au niveau de l'UE, d'avoir des positions logiques sur les OGM (des dizaines autorisées en alimentation animales et humaine (farines dans le pain), et paratiquement aucune pour les agriculteurs : les solutions sont à trouver du côté des pesticides, poisons pour les plantes, les insectes, les animaux et les hommes. Pesticides dont il faudrait testreindre l'utilisation de façon drastique.


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