L’environnement, selon que vous serez petit ou puissant…

par Laurent Herblay
jeudi 27 décembre 2018

Elle a beau dos l’écologie, qui rend nécessaire la hausse du prix de l’essence. Si le principe n’est pas inintéressanttout le problème est la profonde injustice de ces taxes, frappant des ménages à faible pouvoir d’achat qui dépendent de leur voituremais oublient les touristes aisés qui prennent l’avion, pour qui le kérosène vaut 40 centimes le litre… Une nouvelle illustration d’un problème plus profond.

 

Une écologie partielle et partiale, injuste et oligarchique
 
 Cette affaire de taxation de l’essence est profondément symptomatique de l’époque. Bien sûr, il n’est pas déraisonnable d’augmenter la taxation sur les produits dérivés des hydrocarbures, parce qu’ils polluent, jouent un rôle dans le rechauffement climatique, et que nous les importons. Mieux vaut donc en limiter l’usage, mais à la condition, et seulement à cette condition, que cette taxation soit uniforme, prévisible, et surtout juste socialement, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Un bon papier d’un blog de Médiapart rappelle ainsi que les avions, paquebots, cargos et supertanker, outre le fait de brûler des produits particulièrement polluants, le font sans payer la moindre taxe sur le fuel.
 
Quand on sait qu’un paquebot peut brûler 250 000 litres de carburant par jour, on se rend compte que la fiscalité sur les hydrocarbures est profondément injuste, oubliant la plupart des plus gros pollueurs, et se concentrant anormalement sur les voitures particulières, alors même que l’utilité sociale de ces dernières est probablement beaucoup plus grande… Encore une fois, les intérêts des plus riches et des multinationales passent avant ceux de la grande majorité, seule mise à contribution, avec des hoquets réglementaires aux conséquences potentiellement dramatiques socialement, poussant certains dans la pauvreté, comme le montre le mouvement des gilets jaunes depuis un mois.
 
Malheureusement, en réalité aujourd’hui, nos dirigeants font peser l’essentiel du coût de la transition écologique sur les classes moyennes et populaires, avec des compensations totalement inexistantes ou bien très limitées, quand les intérêts du monde des affaires sont toujours bien préservés. C’est ainsi que Monsanto et compagnie peuvent non seulement continuer à vendre du glyphosate, et que la commission européenne ose interdire son interdiction, comme elle vient de le faire pour la région de Bruxelles  ! Cela est d’autant plus inquiétant que de récents travaux ont montré que le chlorpyriphos, un pesticide, est autorisé depuis un demi-siècle sur la foi d’une étude biaisée.
 
Plus globalement, bien des lois sur l’environnement en deviennent suspectes tant nos institutions semblent toujours défendre les mêmes intérêts et il y a d’exemples de conflits d’intérêt, le glyphosate étant bien sûr un cas emblématiquecomme l’avaient rappelé les Monsanto papers. Malheureusement, quand ce ne sont pas les institutions européennes qui poussent les intérêts d’industriels peu regardants, des décisions récentes du Conseil Constitutionnel sont particulièrement inquiétantes, comme la censure de 23 articles de la loi Egalim, qui semble, faisant passer à la trappe plusieurs avancées votées par la majorité macroniste qui ne plaisaient pas aux lobbys, sans même donner de justifications.
 
 
Ce qui se passe en matière environnementale est symptomatique d’une époque où les intérêts du monde des affaires passent avant tout, et où circuleraient des aliments pour bétail contaminés par un OGM interdit. Non seulement les avancées environnementales sont bien trop timides, mais les législations servent trop souvent des intérêts particuliers, pas toujours dans un sens très vertueux…

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