L’Humanité à l’aube du 29ème jour

par Henry Moreigne
lundi 3 février 2014

En dehors de la croissance point de salut nous assènent à longueur de journée économistes et hommes politiques. Sans aller jusqu'à la décroissance perçue comme une condamnation à la régression, la recherche d'un autre modèle de développement, équilibré, prenant compte des limites des ressources de notre planète est un impératif si nous voulons éviter un effondrement à court terme de l'Humanité. C'est ce qu'affirme depuis plus de 40 ans le rapport Meadows. Et les faits semblent lui donner raison.

Si on avait 30 jours pour sauver l'Humanité, est-ce qu'on attendrait le 29ème jour ? En mars 1972, répondant à une commande du Club de Rome, de jeunes chercheurs conduits par le physicien américain Dennis Meadows du Massachusetts Institute of Technology (MIT) publiaient The Limits to Growth, un rapport modélisant les conséquences possibles du maintien de la croissance économique sur le long terme.

Le rapport soulignait notamment que les limites physiques à la croissance seraient atteintes au cours de la vie des enfants des auteurs et que si ces limites sont ignorées, on atteindra un point de non retour qui conduira à un effondrement. Pourtant, il existerait une alternative à ce scénario : une démographie et une production équilibrées avec les ressources limitées de la planète. Point positif, les universitaires estimaient cet équilibre atteignable dans les 50 ou 100 ans à venir mais, que chaque année perdue dans la mise en œuvre d'une nouvelle politique rendra la transition nécessaire beaucoup plus difficile et diminuera les chances de la réaliser.

Difficile d'être plus clair. Quatre décennies plus tard les 5 grands principes énoncés demeurent d'une cruelle actualité. Et pourtant, l'idée est aujourd'hui encore largement répandue qu'il n'y aurait pas de limites à la croissance et qu'il ne faut rien changer dans notre mode de développement sinon à la marge, pour atténuer les maux.

Comme le rappelait pourtant Dennis Meadows au quotidien Le Monde en 2012 à l'occasion du 40ème anniversaire de la publication du rapport, " Ce que nous démontrions en 1972, et qui reste valable quarante ans plus tard, est que cela n'est pas possible : le franchissement des limites physiques du système conduit à un effondrement", c'est-à-dire, une société qui devient de moins en moins capable de satisfaire les besoins élémentaires : nourriture, santé, éducation, sécurité.

Et Meadows de prophétiser "Dans les vingt prochaines années, entre aujourd'hui et 2030, vous verrez plus de changements qu'il n'y en a eu depuis un siècle, dans les domaines de la politique, de l'environnement, de l'économie, la technique. Les troubles de la zone euro ne représentent qu'une petite part de ce que nous allons voir. Et ces changements ne se feront pas de manière pacifique".

Elucubrations d'un chercheur brillant mais un peu fou ? Le très sérieux Forum économique mondial de Davos évalue chaque année dans un rapport les 31 risques globaux qui pourraient avoir d’importantes incidences négatives dans de nombreux pays et dans une multitude de secteurs d’activités s’ils se matérialisent.

Avec une perspective de 10 ans le rapport Global Risks 2014 classe ainsi par ordre en risques les plus probables : les disparités de revenus, les phénomènes météo extrêmes, le chômage, le changement climatique, et les cyberattaques. Ramené en risques susceptibles d'avoir l'impact le plus profond, on obtient le classement suivant : crises budgétaires, changement climatique, crise de l'eau, chômage, effondrement des systèmes d'informations critiques (cybergeddon). Autant de scénarii qui dessinent ce que pourrait bien ressembler à un 29ème jour.


 


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