L’imposture de la fiscalité « verte »

par c481
mercredi 14 novembre 2018

 

Certes, je suis écolo (ou j'essaie de l'être)...

Mais non, je n'approuve pas la hausse des taxes sur les carburants, du moins pas de cette manière !

Si l'on écoute nos ministres et autres porte-voix du gouvernement, nous voilà engagés sur le chemin de la « transition écologique » (terme inapproprié ; il serait plus juste de parler de « transition énergétique »), dans le but louable de réduire notre dépendance aux énergies fossiles.

Le gouvernement a donc décidé d'augmenter fortement la taxe sur les carburants (TICPE, ex-TIPP), dont le produit passera de 30,5 milliards € en 2017 à 37,7 milliards en 2019.

Et ce, officiellement afin d'inciter la population à changer ses comportements.

Vue de haut, l'opposition est perçue au mieux comme l'expression râleuse du français moyen, au pire comme un refus de changer de mauvaises habitudes.

 

Sur la forme, vous constaterez que la méthode choisie (hausse brutale des taxes) pénalise en premier lieu les citoyens ruraux et périurbains, dépendants de la voiture, alors même qu'ils ont souvent été chassés des centre-villes par l'envolée des prix de l'immobilier.

Les gens ne font pas exprès de polluer : donnons-leur une alternative crédible, et ils changeront.

C'est là que le bât blesse : la faiblesse des mesures d'accompagnement.

Seule une petite partie des recettes fiscales supplémentaires (15%, soit 7,2 milliards en 2019 contre 6,1 milliards en 2017) servira à financer la hausse des subventions pour les énergies propres (éoliennes, photovoltaïque..) et très accessoirement pour les véhicules électriques.

Subventions qui profiteront surtout à des personnes aisées vivant en centre-ville, et bien peu, à des personnes vivant en milieu rural ou trop modestes pour acquérir une voiture électrique neuve, même subventionnée.

La plus grande partie du surplus (85%) sera tout simplement versée au budget de l'Etat et des collectivités locales...

Dès lors, la hausse des taxes n'aurait-elle pas pour but réel de financer la suppression de la taxe d'habitation ? Si tel est le cas, encore une fois, les gagnants de ce transfert seront les habitants des centres-villes... Au détriment des foyers modestes, périurbains ou ruraux, dont la taxe d'habitation est souvent bien plus faible que les dépenses de carburant.

En cela, Macron fait ce que tous les autres ont fait avant lui : augmenter la pression fiscale, mais en épargnant si possible son électorat.

 

Sur le fond, rappelons que l'électricité représente actuellement 1 quart seulement de la consommation française d'énergie... les 3 quarts restants correspondent à la consommation directe (véhicules, chaudières, etc...) de gaz, pétrole, fioul, bois ou charbon.

Admettons que sur ces 3 quarts, une petite partie, disons 1 quart, soit convertie en électrique...

Il faudrait alors doubler la consommation d'électricité !

Or, l'électricité n'est pas une source d'énergie ! Il faut d'abord la produire...

En France, 74% de l'électricité produite en 2017 est d'origine nucléaire, 10% d'origine thermique, et seulement 16% d'origine renouvelable (surtout hydraulique).

Autrement dit, une voiture électrique française est surtout... une voiture nucléaire !

Or, le gouvernement n'a aucun plan pour démultiplier la production d'énergie renouvelable.

De plus, le bilan carbone des voitures électriques n'est pas si brillant, à cause des batteries : ces dernières contiennent de grandes quantités de métaux lourds, dont l'extraction est polluante, et le recyclage loin d'être évident.

Plutôt que de construire des véhicules électriques surpuissants et pesant 2 tonnes (les batteries pèsent lourd), ne serait-il pas plus sage, dans l'immédiat, de réduire la consommation des véhicules thermiques (par exemple, en légiférant pour réduire le poids et la puissance des véhicules) ?

Tout cela n'est probablement rien d'autre que du greenwashing appliqué à la politique ; ça camoufle un peu la vacuité politique, et ça permet de justifier la hausse de la gabelle... heu pardon, de la TICPE.

 

Pour conclure, il est regrettable que l'écologie soit instrumentalisée par le personnel politique.

Bien sûr, pour clamer haut et fort la lutte contre le réchauffement climatique, il y a du monde ! Et pour cause : il s'agit d'un engagement à long terme ; aucun risque d'échec à court terme (en gros, les prochaines élections) ; et en cas d'échec, on pourra toujours accuser les autres (Chine, USA, Russie, Inde...).

Les questions écologiques sont pourtant nombreuses : réchauffement climatique bien sûr, mais aussi pollution chimique que l'on retrouve partout, jusque dans notre corps ; prolifération des déchets plastiques et autres ; gestion du risque nucléaire ; urbanisation des espaces naturels et agricoles ; baisse de la biodiversité...

Autant de thèmes généralement absents du débat politique...


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