La faute à pas de chance
par olivier cabanel
mardi 17 février 2009
La probabilité est une science approximative.
Par définition.
La preuve vient de nous en être donnée avec la collision récente entre deux sous-marins nucléaires.
Il y avait une chance sur un million qu’un sous-marin, nucléaire ou pas, heurte un autre sous-marin.
Or, cet évènement vient de se produire.
Outre les conséquences imaginables que l’on puisse envisager d’un tel accident, comment aujourd’hui faire encore confiance aux certitudes des technocrates qui estiment les probabilités d’accident ?
Sur un million, sur dix millions ?
Comment fonder de telles affirmations ?
Laissons tourner notre imagination :
La collision qui vient d’avoir lieu fragilise la structure des deux sous-marins porteurs d’ogives nucléaires.
Outre le fait que cela puisse finir par la disparition au fond des eaux des deux sous-marins et de leurs occupants, que se passe-t-il avec les matériaux radioactifs ?
Mais la pire des questions à poser est celle-ci : pourquoi les autorités ont-elles attendu si longtemps pour prévenir les médias ?
Pourquoi l’information est-elle venue de l’Angleterre ?
Pourquoi la France a-t-elle tenté de freiner, voire de cacher cet accident ?
Ce n’est pas rassurant.
Il y a quelques jours deux satellites se sont percutés, et sont manifestement tombés sur le sol de notre planète.
A l’heure ou cet article est écrit, nous ne savons pas s’ils étaient porteurs de matériaux nucléaires.
Quelles étaient les probabilités d’une telle rencontre ?
A la lumière d’autres accidents nucléaires, nous sommes tentés de nous interroger.
Passons sur Tchernobyl dont on connaît aujourd’hui une grande partie de la vérité.
Prenons d’autres exemples.
La centrale nucléaire de Creys-Malville (paix à son âme) appelée accessoirement « superphénix », ce qui n’a pas manqué de faire sourire dans les chaumières anti-nucléaires, a fonctionné de manière aléatoire pendant quelques années, a connu ce que les autorités nucléaires ont défini gentiment comme « incident ».
La probabilité qu’une fuite de sodium dans cet ex-centrale ait lieu une fois tous les cent mille ans s’est produite au bout de quelques mois.
Pour ceux qui ne maîtrisent pas complètement le sujet, il faut donner quelques explications.
La technologie nucléaire, dont on nous rebat les oreilles à longueur de communiqués lénifiants, est somme toute, assez simple.
Ce n’est rien d’autre qu’un moteur de voiture.
S’il n’est pas refroidi avec de l’eau, il explose, tout comme le moteur de votre voiture, si le radiateur, ou une durite viennent à avoir une fuite.
Or pour Malville, il faut qu’un circuit secondaire d’eau vienne refroidir le circuit primaire de sodium liquide.
Ce produit, le sodium liquide, s’enflamme spontanément au contact de l’air, et explose au contact de l’eau, et à ce jour, personne n’a pu éteindre un feu de sodium de plus d’une tonne.
On imagine sans peine les dégâts que pourraient causer la fuite du circuit de sodium, surtout si le circuit d’eau est défaillant.
Il y avait a Malville 60 tonnes de sodium liquide.
Que s’est-il passé à Malville ?
Sous l’intense chaleur du réacteur, et suite au choix discutable d’un métal de mauvaise qualité pour fabriquer l’intercuve du réacteur, le sodium a fuit.
Les probabilités d’un tel accident étaient, tout comme pour les sous-marins dont il est question, de l’ordre d’une fois tous les cent mille ans.
Pourtant cette fuite a eu lieu.
Pire, les techniciens n’ont pas cru a cette fuite, et ont pensé qu’il s’agissait d’un problème de détecteurs.
Bref, nous ne sommes passé pas très loin d’une catastrophe majeure.
Mais il y a mieux :
Quelques temps après, suite à une mauvaise manipulation, toujours dans le même site, la passerelle installée au-dessus du réacteur est tombée sur celui-ci.
Les probabilités qu’un poids d’un kilo tombe un jour sur le dôme du réacteur étaient d’une fois tous les cent mille ans.
Ce sont treize tonnes qui sont tombées ce jour là sur le dôme du réacteur de Malville.
La probabilité n’est donc pas une science exacte.
Et comme disait un vieil ami africain :
« la route ne donne pas de renseignements au voyageur »