La fin d’un monde
par Désintox
lundi 10 décembre 2018
Il est difficile de comprendre l'étrange phénomène de déni du réchauffement climatique ainsi que les motivations de ses auteurs. En réalité, cela n'a rien de surprenant. Analyse.
Pour tout un tas de raisons, nous ne pourrons pas maintenir notre consommation actuelle de carburants fossiles. Il y a bien sûr le réchauffement climatique, mais aussi un certain épuisement des ressources. Un autre cause qu'on a tendance à oublier, c'est que nous n'avons pas les moyens de nous payer davantage de pétrole. En effet, la France présente un déficit dommercial de 60 milliards d'euros par an, et la facture énergétique s'élève à une quarantaine de milliards d'euros. Toutefois, le plus gros problème est bien le changement climatique.
Le bas prix des carburants induit des conséquences fâcheuses sur le type de développement. Pour s'en convaincre, il suffit de penser aux États-Unis, où le litre d'essence coûte environ 63 centimes d'euros, ce qui engendre des véhicules très lourds. Le bas prix des carburants favorise aussi l'étalement urbain, qui condamne en retour les habitants à utiliser leur voiture en permanence. C'est un cercle vicieux. Si on veut en sortir, il n'y a pas d'autre voie que d'augmenter le prix des carburants.
La transition énergétique est indispensable, mais elle est très coûteuse. Ainsi, la seule rénovation énergétique d'un logement coûte entre 300 et 400 euros par m², ce qui constitue une charge énorme pour des ménages déjà endettés. Dans les années qui viennent, pour assurer notre survie, il faudra donc faire des choix douloureux.
Face à cette réalité, on a vu apparaître le déni du réchauffement. Ce phénomène peut sembler étonnant, mais il n'est pas sans précédent. Auparavant, nous avons connu la négation du SIDA, comme le montre cet article du site "théière cosmique" qui en décortique les mécanismes : théorie du complot, témoignages et données fantaisistes, assimilation fallacieuse de la science à un dogme, faux experts, exigence continue de nouvelles preuves, etc. Ces arguments avaient convaincu certains dirigeants sud africains et impacté négativement les politiques sanitaires dans ce pays. Les conséquences ont été catastrophiques : 18% des adultes et 30% des femmes enceintes infectés en Afrique du Sud ! On retrouve exactement les mêmes mécanismes à propos du réchauffement climatique, mais les conséquences pourraient en être encore plus dramatiques.
Un des arguments qui revient le plus souvent sous la plume des négateurs est qu'il y a déjà eu des changements climatiques dans le passé et que l'homme n'est donc pas responsable du changement actuel. Ce graphique spectaculaire rétablit la vérité.
À l'échelle individuelle, on retrouve aussi ces phénomènes lorsqu'on est confronté à une maladie grave. On passe classiquement par plusieurs étapes : le déni, la culpabilité, la révolte, le combat, le marchandage, l'acceptation. Dans une maladie collective, ici le réchauffement, on trouve des gens qui sont à différentes étapes du processus. Certains en sont encore à nier la réalité, d'autres l'admettent mais se révoltent contre les conséquences, d'autres encore essaient de préserver leur mode de vie en reportant le problème sur les autres. Ainsi, le mouvement des "gilets jaunes" peut être compris comme une révolte contre les conséquences du réchauffement, même si d'autres choses sont venues s'y greffer au fil des semaines.
Tout ceci serait risible si l'enjeu n'était pas aussi important. Ces dernières années, hélas, les négateurs ont gagné du terrain, alors même que les manifestations concrètes du réchauffement devenaient alarmantes : tempêtes, canicules, incendies de forêts, etc. Le déni s'est traduit de façon spectaculaire par l'accession de Trump à la présidence des États-Unis. En France aussi, l'idée que le porte-monnaie passe avant le changement climatique est désormais bien ancrée.
Bien-sûr, de nombreux citoyens ne partagent pas cet avis. Les négateurs leur ont trouvé un nom : "les bobos". Ça ne veut rien dire, cela ne correspond à aucune catégorie sociale ni professionnelle. Qu'importe. Au collège, les enfants qui veulent s'instruire sont traités "d'intellos" par les cancres. Le "bobo" n'est autre que l'ancien "intello" du collège qui a grandi, inutile de chercher plus loin.
Pour les négateurs, l'important n'est pas d'empêcher le naufrage du Titanic, mais de garder leur cabine en première classe. L'iceberg ? Quel iceberg ? C'est une invention de la compagnie maritime pour nous faire payer un supplément, ne changeons pas de cap !
Si on les laisse décider, le naufrage sera inévitable, mais ceux là même qui ont refusé le changement de cap exigeront alors l'exclusivité des canots de sauvetage. Lorsque la terre commencera à se transformer en étuve, des centaines de millions de réfugiés se presseront aux frontières des pays encore tempérés Vous verrez que les négateurs d'aujourd'hui exigeront qu'on les refoule, les condamnant ainsi à une mort certaine.
Quand on lit les forums, dans lesquels la parole raciste est totalement libérée, on s'aperçoit que les négateurs et les racistes sont bien souvent les mêmes personnes. Quand ils ne postent pas pour nier le changement climatique, ils se plaignent des migrants ou du "grand remplacement". Ce n'est pas un hasard. On ne peut pas vouloir sacrifier des milliards de gens pour le maintien de son niveau de vie, sans les exclure par avance du genre humain.
Le seul problème, c'est que celui-ci risque fort de disparaître dans sa totalité.
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