Le Cambodge pille sa pharmacopée pour satisfaire la demande de ses voisins
par boddah
mercredi 2 mars 2011
Hier sur le marché de Kampot j’ai vu un loris à vendre. Pour 10€ j’aurai pu acheter ce petit animal nocturne et protégé. Une question de conscience se pose souvent dans de tels moments. Faut-il céder à la sensiblerie et acheter l’animal pour le libérer ? Par cette question, une réflexion plus profonde s’impose sur l’utilisation de la faune et la flore sauvage au Cambodge.
Le marché de Kampot est un concentré de vie, comme tous les marché du Cambodge. Les fruits étranges et les animaux de tout genre peuplent les étals ; les odeurs nous guident vers telle ou telle spécialité. J’adore me promener le matin au milieu de l’effervescence. Mais hier je ne m’étais pas préparé au choix de conscience que j’allais devoir affronter : au détour d’un marchand, une femme assise à même le sol vendait un loris vivant (mais plus pour très longtemps). La petite bête aux yeux énormes me regardait apeurée et semblait implorer mon aide.
Que faire ? est-ce une bonne chose de l’acheter pour le libérer ou le soigner ?
La réponse peut paraître simple pour certains, mais lorsque de grands yeux sombres plongent au plus profond de votre âme, les évidences deviennent discutables. Première chose avant de juger trop rapidement ; pourquoi cet animal protégé se retrouve sur l’étal d’un marché ?
Le loris est utilisé au Cambodge dans la médecine et la cuisine traditionnelle.
La nature cambodgienne, préservée par une histoire politique « mouvementée » est pillée quotidiennement pour les besoins de ses voisins.
Au Vietnam et en Thaïlande, de nombreuses espèces ont totalement disparu. Le Cambodge attise les convoitises, et le peuple cambodgien perd un patrimoine rare sans aucun bénéfice, même à court terme. La protection de la faune et la flore cambodgienne nous concerne tous parce qu’elle recèle des richesses méconnues et rares.
Alors que dois je faire de mon petit loris qui me regarde de ses grands yeux habitués à la nuit en forêt tropicale ?
La solution semble beaucoup plus complexe. En écoutant les organismes de protection de la nature, on se rend compte que la solution passe par l’éducation et la sensibilisation de la population. Il est important de sensibiliser la population à la disparition certaine des espèces qu’ils ont toujours connues ; mais il est vain de faire tout ce travail sans proposer d’alternatives intéressantes aux chasses en forêt.
L’exemple de Kampot est intéressant à ce sujet. Les gardes forestiers du parc national de Bokor sont en sous-effectifs et sont inefficaces à cause de la corruption généralisée. Les touristes sont demandeurs de treks dans la jungle, de nombreuses possibilités sont possibles pour faire découvrir la richesse du parc tout en le protégeant (exemple des balades en bateau). Avec une gestion plus saine du parc (sans parler de Bokor), accompagnée peut-être par des instances professionnelles étrangères ; une source de revenus significative peut être créée pour protéger la vie du parc tout en créant des emplois.
Il est beaucoup plus aisé de penser à la planète lorsque nos enfants ne meurent plus en bas âge.
source : LGV