Le capitalisme sauvera peut-être l’environnement
par uchimizu
lundi 15 décembre 2008
L’écologie présente souvent le capitalisme, et la course aux profits comme responsable des drames environnementaux. Pourtant, la plupart de ces tragédies peut être reliée à l’abus d’un bien public accessible gratuitement aux individus et aux entreprises : l’atmosphère, l’eau des rivières, ou le poisson sauvage. Si la société dans son ensemble a intérêt à préserver la ressource, chaque individu a lui intérêt à en abuser au maximum le plus rapidement. Même s’il se restreignait, ses congénères n’en feraient pas autant, et la ressource finirait par disparaître. La méthode la plus efficace pour sauvegarder cette ressource commune est peut-être de lui donner un prix.
On peut avoir l’illusion que par la persuasion et la pédagogie, il est possible de modifier les comportements en faveur de l’intérêt général. Certes, la plupart des individus obéïssent à des règles de bonne conduite facultatives comme la politesse, mais cette dernière ne coûte rien. Quand la réussite sociale et économique est en jeu, chaque individu et chaque entreprise regardera d’abord son intérêt particulier. Et cela est bien naturel : pour les habitants des pays les plus pauvres, la priorité quotidienne et pressante est bien de loger, nourrir et soigner sa famille. Que cela génère de la pollution qui un jour peut-être mettra en danger la planète n’apparait pas très important. Même pour les habitants des pays développés, la réussite est importante, principalement pour obtenir les meilleures places en société, et donc les meilleurs logements, les meilleures études pour ses enfants, ou même tout simplement pour épater ses amis et partenaires potentiels. Il est bien normal que l’on préfère prendre sa voiture si cela est plus pratique et parfois moins cher que les transports en communs si cela permet d’être plus en forme au travail ou de passer une heure de plus avec sa famille le soir. Comme les technologies polluantes sont souvent les moins coûteuses et les plus pratiques, la persuasion et l’éducation ne pourront seuls résoudre les problèmes écologiques
Une autre méthode pour changer les comportements est le dirigisme : l’état décide ce qui est tolérable ou pas. Mais cela suppose que les quelques centaines de hauts fonctionnaires qui dirigent notre pays soient capable de faire la bonne analyse, Et cela peut créer des règles très compliquées, avec des effets pervers difficiles à prévoir : une technologie polluante peut être nécessaire dans certains cas pour le bien de la société : On peut penser interdire les 4x4, voitures peu économes, mais le forestier qui produit du bois écologique a peut-être besoin d’un 4x4 pour accéder à son exploitation. De plus, l’état est très sensible aux groupes de pressions bien organisés prêts à des manifestations spectaculaires. Ces réglementations compliquées sont donc susceptibles de manipulations.
Au contraire, s’il est possible de donner un prix à ces ressources rares, et donc, dans un sens de les privatiser, les différents acteurs économiques, individus et entreprises, auront un intérêt à bien se comporter dans la plupart des cas. Et plutôt que quelques centaines de hauts fonctionnaires, ce seront des millions d’individus et d’entreprises qui contribueront à inventer de nouveaux modes de vie et de nouveaux moyens de production plus adaptés à l’environnement. Concrêtement, une taxe carbone substantielle, par exemple le litre d’essence ou de fioul domestique à 3 euros, inciterait à des comportements plus raisonnables : maisons plus isolées, voitures plus économes. La vente à des sociétés privées de zones de pêches donne de même un intérêt à ses sociétés pour exploiter la ressource raisonnablement, comme le font les exploitations forestières modernes. Et si l’on sait qui possède une portion d’océan, cela permet à l’état de demander des comptes.
Respecter l’environnement ne signifie d’ailleurs pas abandonner notre société entrepreneuriale. Les biens et les services sont composés à la base de ressources naturelles et de travail humain. Si une société écologique contraindra certainement l’accès à de nombreuses ressources naturelles, cela n’empêche en rien d’augmenter la productivité du travail humain. Un coiffeur qui apprend à mieux couper des cheveux ne pollue pas plus, mais en offrant un service plus luxueux, il contribue à la croissance économique. On peut, pour d’autres raisons, vouloir une société contemplative d’ailleurs probablement utopique, mais cela n’a rien à voir avec l’environnement.