Le début de la fin ?

par olivier cabanel
vendredi 17 octobre 2008

 Le réchauffement climatique risque de s’accélérer à une vitesse bien plus grande que prévu, à cause du méthane qui était piégé au fond de la mer.
S’il faut en croire Orjan Gustafsson, l’un des responsables de l’expédition embarquée dans le navire scientifique russe Smimiskyi Jacob, le méthane contenu dans les gisements sous-marins en Arctique s’échappe par milliers de tonnes, en raison du réchauffement climatique, et va accélérer encore plus celui-ci.
Dans The Independent du 23 septembre dernier, le journaliste Steve Conor a pris connaissance d’une partie des premiers résultats.
 
Les chercheurs ont pu observer le bouillonnement provoqué par le gaz à la surface de la mer.
 
Dans son dernier mail Gustafsson écrit :
 
« Nous avons travaillé fiévreusement pour terminer le programme de prélèvement d’échantillons hier et la nuit dernière. Une vaste zone d’intense libération de méthane a été découverte. Sur les précédents sites, nous avions observé de fortes concentrations de méthane dissous. Hier, pour la première fois, nous avons observé une zone où la libération est si intense que le méthane n’a pas eu le temps de se dissoudre dans l’eau de mer. Il arrive sous forme de bulles de méthane à la surface… A certains endroits, les concentrations de méthane atteignaient 100 fois les niveaux habituels.

Ces anomalies ont été constatées dans la mer de Sibérie orientale et la mer de Laptev.

Elles portent sur plusieurs dizaines de milliers de kilomètres carrés, et totalisent des millions de tonnes de méthane.

Cela pourrait être du même ordre de grandeur que ce que l’on estime actuellement pour l’ensemble des océans.

L’hypothèse habituelle était que le "couvercle" de pergélisol sur les sédiments sous-marins du plateau continental sibérien pouvait retenir ces énormes gisements de méthane.

L’augmentation de libération de méthane dans cette région peut donner à penser que le pergélisol présente maintenant des petits trous, et laisse donc fuir le méthane en grosses quantités ».

Les résultats préliminaires de l’étude du plateau sibérien 2008 vont être publiés par l’American Geophysical Union, et sont supervisés par Igor Semelitov du Département de l’Extrême-Orient de l’Académie russe des sciences.
 
Semelitov a dirigé, depuis 1994, une dizaine d’expéditions dans la mer de Laptev, mais depuis 2003 il a constaté une importante augmentation du nombre de « points chauds » de méthane.
 
L’Arctique a connu une hausse des températures moyennes de 4 degrés centigrades au cours des dernières décennies.
 
Le phénomène est double :
 
D’une part, l’océan absorbe plus la chaleur du soleil que ne le fait la surface réfléchissante de la glace.
D’autre part, la glace de la banquise fond à une vitesse grand V.
Si à cela on ajoute les millions de mètres cubes de méthane relâchés, le réchauffement planétaire va s’accélérer d’autant.
 
D’après l’encyclopédie Britannica, on apprend que la concentration atmosphérique moyenne de méthane est équivalente aujourd’hui à 3,5 milliards de tonnes de carbone.
 
Or, le pergélisol arctique contient près de 3 000 fois plus de méthane (10 trillions de tonnes équivalent de carbone), lequel est en train de se libérer dans l’atmosphère.
On estime en effet que la quantité de méthane piégé sous l’Arctique est supérieure à la quantité totale de carbone contenue dans les réserves mondiales de charbon.
Pendant que les « experts » du Grenelle montrent surtout du doigt le dioxyde de carbone comme responsable du réchauffement planétaire, ils oublient que le méthane est vingt fois puissant que celui-ci.
 
Tout compte fait, l’éco-taxe gouvernementale prévue pour encourager les voitures propres semble un outil bien désuet pour lutter contre le réchauffement planétaire.
Cela va peut-être relancer l’industrie automobile, mais pas grand-chose de plus.

Car comme disait un vieil ami africain :
« Quand l’éléphant trébuche, ce sont les fourmis qui pâtissent ».

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