Le Maroc, biodiversité et écologisation

par Michel Tarrier
samedi 3 décembre 2011

Un regain biologique embellit le Maroc...

Étant connu pour mon esprit critique, ce billet admiratif n’en aura que plus de portée.

Voici longtemps, plus de 15 ans, que j’entretiens, selon mes faibles moyens, la meilleure concertation possible avec les autorités de tutelle chargées au Maroc du destin des écosystèmes, lesquels y sont comme partout malmenés.

Bien d’autres amis naturalistes, Marocains ou non, participent à cette « croisade » pour un maintien d’une biodiversité que l’on voudrait en équation avec un développement soutenable.

Les handicaps sont rudes, la route est longue, l’utopie préside en raison du rapport de forces, comme partout fatal au respect de la Nature.

Comme partout, on pense en démiurge que la Nature aurait besoin de l’homme, alors que c’est l’homme qui a besoin de la Nature pour survivre. Comme partout, on se montre anthropocentriste et environnementaliste, alors qu’il convient de vivre en biocentriste pour continuer à jouir du label « vie ».

Comme partout, l’écologie devenue écologisme a pris une place prééminente en politique, jusqu’à n’être plus, trop souvent, que strictement vouée à la communication. Mais voici des preuves que l’on retrouve, en pratique et sur le terrain, des mesures concrètes qui viennent à prouver que certaines promesses sont tenues et n’étaient donc pas que des effets proclamatoires :

- Des panneaux comme celui en photo annoncent partout dans les paysages naturels et les espaces protégés que le Maroc protège la flore, la faune et notamment les invertébrés. Cette démarche s’inscrit dans une mise sous cloche que j’avais suggérée des papillons et de leurs habitats (une plante = un papillon), lorsqu’une biocénose de haute valeur est évaluée fragile et fragilisée. Outre les parcs nationaux et les réserves de la biosphère, il existe plus de 150 aires protégées. Le Maroc s’inscrit ainsi comme l’un des pionniers dans la conservation des papillons, et tout particulièrement des espèces endémiques et patrimoniales, son administration ayant su en admettre le bien-fondé de bio-indicateurs éminents.

- Un éco-musée vient d’ouvrir ses portes dans la charmante ville forestière d’Azrou, au cœur de la cédraie du Moyen Atlas. Sa vocation didactique est remarquable et la présentation de la problématique conservatoire est objective, n’occultant nullement les dangers économiques en vigueur, tel l’effroyable surpâturage qui ronge les écosystèmes marocains.

- Une Maison de la cédraie ouvrira prochainement ses portes dans la même région. Elle concrétise en partie mon vieux projet de la Maison de l’Ecologie et des Ecosystèmes du Maroc.

- Une toute récente tournée complète des écosystèmes de la montagne marocaine (Rif, Moyen Atlas, Haut Atlas, Anti-Atlas) m’a aussi enseigné une consolidation de la plupart des figures de conservation et des mises en défens, réservoirs d’une biodiversité insigne.

Il reste bien entendu des efforts à faire, comme pour le Val d’Ifrane (Source Vittel), l’un des plus beaux sites d’intérêt biologique de l’Atlas, malencontreusement victime de sa notoriété. Les mesures pour sa sauvegarde, impulsées par Mohammed VI, ont induit de gros travaux de préservation, mais il reste à évaluer si l’aspect festif dont on veut encore doter cet écosystème est compatible avec sa pérennisation. Evidemment que non pour ce qui est de mon humble avis.

Sachez enfin que depuis deux ans a été lancé une vaste campagne nationale d'éradication des sacs en plastique, avec pour objectif leur élimination progressive et la promotion d’alternatives. Pour commencer, le fameux sac de plastique noir, toxique et difficilement dégradable, est interdit par arrêté ministériel depuis septembre 2009. Je puis témoigner qu’aucun de ces affligeants sacs qui ponctuaient le pays n’est plus distribué et qu’ils ont disparu de la surface du paysage marocain. Fabriqué en une seconde, d’une durée moyenne d’utilisation de 20 minutes, sa décomposition demande 400 ans.

Tous n’ont pu être récupérés et il en demeure des millions, mais enfouis…

Ces dernières années, de longs hivers pluvieux contribuent à couronner ces efforts d’écologisation en embellissant partout le pays, reverdi et superbement fleuri, véritable paradis pour les amoureux de la Nature. J’engage les Marocains à faire du tourisme dans leur propre pays, et les vacanciers européens à la recherche d’une destination éco-touristique à ne pas hésiter un instant pour leur prochain séjour. Leur conduite devra être écologiquement et culturellement respectueuse.

Mieux connaître le Maroc naturel : http://homepage.mac.com/jdelacre/carnets/index.html

Documents joints ŕ cet article


Lire l'article complet, et les commentaires