Le nucléaire pour lutter contre le réchauffement climatique...

par ÇaDérange
lundi 16 juin 2008

La réaction de Greenpeace à la suggestion du Premier ministre, François Fillon, de construire un deuxième EPR est révélatrice de la difficulté idéologique qu’ont nos ONG à admettre qu’il faudra bien en passer par le redéploiement du nucléaire pour satisfaire nos besoins en énergie primaire. Je reconnais que, pour elles, c’est devoir avaler un très grand chapeau, mais on ne peut être considérée comme une ONG responsable comme, je crois, Greenpeace l’est, sans devoir admettre les évidences et penser à la satisfaction des besoins de ses compatriotes.

Car la crise pétrolière actuelle montre bien que nous sommes à la limite des possibilités de la planète dans l’extraction journalière de pétrole brut face à une demande qui ne cesse de croître. Par ailleurs, on ne voit pas bien au nom de quelle logique on devrait priver les pays émergents et les autres, encore plus pauvres, de leur développement économique. Enfin, certaines des mesures présentées par les écologistes comme des solutions miracles commencent à faire long feu. On construit des éoliennes à tout-va partout dans le monde sans que nous n’en voyions l’effet sur la demande pétrolière. Parce que cette dernière augmente certes du fait du développement économique, mais surtout parce que l’éolien n’est pas une énergie de masse et qu’elle demande la mise en place, chaque fois que l’on construit une ferme éolienne, d’une capacité de production classique, au gaz ou au fuel vu les puissances concernées, pour le suppléer quand les éoliennes ne tournent pas, soit 75 % du temps (!).

Même problème pour les panneaux photovoltaïques qui ne produisent rien la nuit et par temps couvert. On ne sait toujours pas stocker l’énergie électrique.

Je passe sur les biocarburants, censés être la panacée et dont on s’aperçoit qu’ils "prennent", modestement certes, sur les surfaces consacrées à l’alimentation humaine. Comme les centrales photovoltaïques d’ailleurs.

Alors ? Il faut, certes, développer éolien et photovoltaïque, mais on peut discuter de leur coût extrêmement élevé par rapport à d’autres sources d’énergie. Il faut, certes, diminuer considérablement le gaspillage d’énergie en isolant les logements existants, en poussant via le système des bonus/malus vers les équipements les moins consommateurs d’énergie. Il faut, certes, promouvoir le transport ferroviaire et les transports publics, mais à la condition que ce ne soit pas par un transfert pur et simple vers une nouvelle centrale émettrice de CO2 comme on l’oublie trop souvent. Quant aux bâtiments HQE voire producteurs d’énergie, je demande à voir tout d’abord quelles performances ils afficheront dans la réalité de tous les jours et surtout à quel coût ! Je ne crois pas une seconde que nous bâtirons bientôt des HLM autosuffisants en énergie.

On peut retourner le problème dans tous les sens, nous n’échapperons pas au nucléaire et il serait souhaitable que Greenpeace et d’autres ONG acceptent la réalité des choses. La seule augmentation des prix des aliments de base, première conséquence émergente de la crise de l’énergie, crée déjà des émeutes dans beaucoup de parties du monde, alors je vous laisse deviner l’ampleur du rejet du monde écologique que nous voyons venir. Il appartient aux gouvernements et à tous ceux qui éduquent l’opinion, dont les ONG, de minimiser les conséquences inévitables de cette mutation du monde en en acceptant les moins mauvaises solutions et en y préparant les populations dans les pays développés, mais aussi dans les pays pauvres.

C’est pourquoi l’idée de construire d’autres centrales nucléaires tombe sous le sens et doit même passer de l’idée à la réalisation concrète le plus tôt possible quand on sait qu’il faut en moyenne dix à douze ans pour en construire une seule ! La seule acceptation par les ONG de l’inévitable ferait d’ailleurs gagner deux ans au processus !

A suivre... inévitablement


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