Le pétrole d’algues : bientôt sur le marché ?

par hommelibre
vendredi 1er avril 2011

Les problématiques énergétiques (pollution, dépendance, épuisement) imposent d’avancer vers la substitution des ressources habituelles par d’autres ressources plus durables et moins polluantes. C’est une question de société majeure pour laquelle les blogs jouent un rôle de relais de l’information et de lieux de débats contradictoires.

Les recherches concernant le remplacement du pétrole ne sont pas nouvelles. Les premiers moteurs diesel ont même fonctionné à l’huile végétale, et certaines voitures ont roulé à l’éthanol (alcool). L’abondance et le prix bas du pétrole en ont fait le produit de base. Mais les recherches sur les carburants non fossiles a continué et s’est accélérée ces 10 dernières années. La filière des biocarburants est très développée au Brésil, pays pionnier en la matière, ces carburants étant produits à partir d’huiles végétales ou de canne à sucre.

L’inconvénient de cette filière est l’importance des surfaces agricoles utilisées pour produire ce carburant. Ces surfaces sont détournées de la production alimentaire de base dont le prix augmente très rapidement. Elle demandent de grosses quantités d’eau, et les cultures intensives ont toujours ceci de gênant d’user les sols et leur humus de manière accélérée tout en réduisant la diversité et en diminuant les prédateurs naturels d’insectes, les oiseaux. Elle encouragent donc à l’utilisation de nombreux pesticides et engrais.

Une autre filière est à l’étude depuis quelques années et semble prête à passer à l’étape industrielle : les micro-algues. L’information revient au premier plan grâce à l’annonce faite par une société espagnole, BFS (Bio Fuel Systems), de l’étape industrielle d’une technologie capable de produire rapidement et à faible coût d’importantes quantités d’essence.

Les deux atouts majeurs de cette technologie sont la rapidité de production et le recyclage du dioxyde de carbone, le célèbre gaz carbonique ou CO2. En effet le phytoplancton, qui est à l’origine du pétrole, se nourrit d’eau et de ce gaz. L’usine pilote d’Alicante utilise le gaz produit par une usine voisine.


La filière est prometteuse mais elle n’est évidemment pas sans inconvénients. D’abord, ce pétrole produit lui aussi du gaz carbonique quand il brûle dans un moteur. Mais comme il en consomme à la fabrication, la charge environnementale est moins forte qu’avec le pétrole. « Pour produire un baril, BFS annonce capter 2 168 kg de dioxyde de carbone et neutraliser définitivement 937 kg de ce même gaz à effet de serre après combustion, notent nos confrères de Francebtp.com. » Et les constructeurs automobiles continueront à étudier et à fabriquer des moteurs de moins en moins polluants, d’autant plus que c’est devenu un argument de vente.

Un autre inconvénient est la surface utilisée pour produire. 2500 km2 pourraient produire 1 million 250‘000 barils par jour. Pour produire l’équivalent des presque 90 millions de barils consommés quotidiennement il y aurait besoin de près de 200‘000 km2, soit environ 1/3 de la surface de la France métropolitaine. Cela peut être réparti de manière à ne pas sacrifier un pays pour cette production. D’ailleurs chaque pays, ou presque peut produire, à condition d’avoir du soleil pour la croissance du plancton. Les pays nordiques ne diminueraient donc par leur dépendance vis-à-vis de l‘étranger. Sauf à éclairer le plancton artificiellement. Ce qui diminue l’intérêt énergétique du biopétrole.

Enfin, selon les initiateurs du projet, ce pétrole pourrait être vendu l’équivalent de 30 dollars le baril, 3 à 4 fois moins que le Brent.

Bien sûr cela pourrait être combiné avec des transports en communs plus fréquents et efficaces de manière à diminuer l’usage de la voiture privée et donc la consommation. Mais la voiture ne cessera pas d’exister : elle est un moteur de la liberté de mouvement et d’une certaine autonomie individuelle. Son industrie fournit de très nombreux emplois. Toutefois les pressions sur le prix du pétrole seront peut-être moindres si la production est morcelées en plus petites unités donnant d’avantage d’autonomie à nombre de pays.

Un rapport en anglais synthétise les avantage du pétrole d’algues comparé aux autres biopétroles. La production d’huiles est particulièrement importante :


pour satisfaire en huile 50% de la consommation actuelle en pétrole des Etats-Unis il faut :

1540 millions d’hectares de maïs
595 millions d’hectares de soja
99 millions d’hectares de noix de coco
45 millions d’hectares de palmiers à huile
2 à 4,5 millions d’hectares de production de micro-algues, selon la variété utilisée.


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