Le retour du gaz de schiste, encore une solution énergétique miracle !

par Enjeux Electriques
jeudi 1er mars 2012

Dans certains milieux écologistes, l’avenir énergétique sera exclusivement renouvelable (solaire, éolien…) ou ne sera pas. Pour d’autres, le moindre questionnement sur la place du nucléaire en France serait un parjure à la nation et nous ferait retourner directement à l’âge de pierre.

Alors avec quelle solution pour se chauffer, se déplacer, produire, alors que les prix de l’essence atteignent de nouveaux records ?
 

La France sur un tas d’or

Dormez tranquille, personne ne le sait encore mais, comme l’annonce les Echos dans son éditorial du 28 février, la France est « sur un tas d’or ». De quoi s’agit-il ? La réponse est une du Monde du 29 février : le gaz de schiste qui « attend », pendant que le pétrole flambe.

Pour certains experts de l’Agence Internationale de l’Energie nous serions à la veille « d’une âge d’or du gaz ». Le gaz serait ainsi le nouvel eldorado, notamment pour la France qui, « posséderait avec la Pologne, une des plus grandes réserves d’Europe ». Aux Etats-Unis « où les prix du gaz sont désormais trois à quatre fois plus faibles qu'en Europe, le gaz de schiste a donné un formidable coup de pouce à la productivité de l'industrie, au point que de grands groupes y relocalisent des usines », selon Les Echos.

De sorte que, pour Le Monde, « les gaz de schiste dessinent un scénario économique moins sombre que certaines prédictions écologistes », avec : un renforcement de l’indépendance énergétique, un regain de compétitivité et « pourquoi pas la relocalisation des certaines industries avec plus d’emplois et de recettes fiscales à la clé » !

Controverses et retournements

En période de campagne électorale, de quoi alimenter les promesses de plus d’un candidat à la présidence de la République ! Il serait cependant périlleux pour eux de s’aventurer sans précaution sur ce terrain explosif. De fait, l’actuel gouvernement s’est déjà fait prendre à des bisbilles et des retournements écologistes sur ce dossier (voir notamment : Gaz de schiste : Borloo a fait une "erreur" affirme Kosciusko-Morizet), suite à un soulèvement d’opposition radicale de la part de mouvements écologistes.

Pour ces derniers, les répercussions environnementales du procédé d’extraction du gaz de schiste posent encore de nombreuses questions, qui rendent toute expérimentation condamnable, en application du principe de précaution. En plus, des critiques s’élèvent aussi sur la question de la rentabilité des investissements dans ce domaine aux Etats-Unis, où certains s’interrogent sur l’existence d’une « bulle de gaz de schiste ».

Pas de solution miracle

Ainsi, les oppositions radicales et les incertitudes qui pèsent lourdement sur cette nouvelle énergie, qui « attend » dans nos sous-sol, rend l’avènement proche d’un « âge d’or du gaz » peu probable. Par ailleurs, les tensions qui pèsent sur le pétrole ne laissent pas augurer d’une tendance à la baisse des prix et, enfin, les énergies renouvelables ne sont pas, pour le moment, en mesure de se substituer par un claquement de doigt à celles que nous utilisons aujourd’hui.

Devant de tels défis, médias, politiques et porte-voix de la société civile feraient mieux de faire œuvre de plus de transparence et de pédagogie, pour explorer ensemble l’ensemble des pistes sur lesquels des progrès sont réalisés (économie d’énergie, réseaux intelligents, stockage de l’électricité etc.) et sans exclure, par dogmatisme, toute nouvelle piste, ni proclamer chaque matin avoir trouvé LA solution miracle.


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