Le sommet du climat
par D. Artus
mercredi 31 janvier 2007
Aujourd’hui s’ouvre à Paris le sommet sur le climat sous l’égide de l’ONU. On parle de « bombe climatique » et les meilleurs experts gouvernementaux, plus de 500 personnes, vont plancher jusqu’à vendredi. Mais leurs conclusions, déjà connues, sont alarmantes.
« Le troisième rapport du Giec, en 2001, s’appuyait sur de nouvelles
preuves, mieux étayées qu’auparavant, explique Serge Planton chercheur
à Météo France dans un très bon papier de Libé
; pour affirmer que l’essentiel du réchauffement des cinquante
dernières années est attribuable à nos émissions. Depuis, cette
conclusion prudente a été confirmée par des études nouvelles, qui
portent notamment sur d’autres paramètres que la température moyenne de
surface (indicateurs de températures océaniques et études régionales) ».
Sans compter que les pays du Sud, en voie de
développement (le Sud incluant la Chine), contestent les facteurs pris
en compte par les experts, comme étant des facteurs trop « occidentaux
». Bref, une histoire très compliquée, mais vitale pour nos enfants et
les générations futures.
Alors que dit Claude Allègre pour susciter autant de polémique ? Il rappelle simplement un principe scientifique, le doute, tant que rien n’a été prouvé formellement. Et surtout, il exprime ses doutes sur l’impact du CO2 : « Nous ne nions nullement le changement climatique, mais nous considérons que le réchauffement global n’est pas le phénomène essentiel. Si la température augmente de 1 ou 2 °C par siècle et que le niveau de la mer augmente de 25 centimètres, cela ne nous paraît pas catastrophique. Nous pensons, pour notre part, que le phénomène essentiel est l’augmentation de la fréquence des phénomènes extrêmes : canicule ou hiver russe, fortes pluies avec inondations et sécheresse avec manque d’eau potable, tornades violentes et fréquentes. Le tout avec des répartitions géographiques apparemment aléatoires ».
Cela s’appelle mettre les pieds dans le plat, mais pour l’auteur de la célèbre phrase : « il faut dégraisser le mammouth » à propos de l’Education Nationale, on peut s’attendre à des déclarations iconoclastes. Mais celle-ci l’est-elle autant que cela ? Pas sûr, tant il est vrai que beaucoup de phénomènes climatiques, géologiques, océanographiques s’analysent de diverses façons. « La seconde question est celle de l’influence du CO2, poursuit Allègre. Divers paramètres nous paraissent plus importants que le CO2. Ainsi, le cycle de l’eau et la formation de divers types de nuages, avec les effets complexes des poussières industrielles ou agricoles. Ou bien les fluctuations de l’intensité du rayonnement solaire à l’échelle du siècle et de l’année, qui semblent mieux corrélés avec les effets thermiques que les variations de teneur en CO2. »
Et c’est d’ailleurs pourquoi les scientifiques en charge de ces problèmes se servent de calculateurs de plus en plus sophistiqués pour établir leurs modèles. Mais là encore, les interprétations peuvent diverger. Le recueil des données devient plus simple, mais l’interprétation et surtout le choix des solutions, fait encore appel à l’intelligence humaine. D.A.