Le sommet du climat

par D. Artus
mercredi 31 janvier 2007

Aujourd’hui s’ouvre à Paris le sommet sur le climat sous l’égide de l’ONU. On parle de « bombe climatique » et les meilleurs experts gouvernementaux, plus de 500 personnes, vont plancher jusqu’à vendredi. Mais leurs conclusions, déjà connues, sont alarmantes.


Ce rapport de référence du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) se divise en trois parties : le constat scientifique du changement climatique, sur lequel à peu près tout le monde est d’accord, y compris dans les pays en voie de développement. Oui, la planète se réchauffe, de l’ordre de +2° à +4,5°C. Ensuite, vient une partie sur les impacts de ce changement et les possibilités d’adaptation. Là déjà, il n’y a plus consensus. Et enfin, les solutions pour maîtriser les émissions de gaz à effet de serre, encore un sujet de débats et de polémiques, comme en a crée Claude Allègre en octobre dernier.


« Le troisième rapport du Giec, en 2001, s’appuyait sur de nouvelles preuves, mieux étayées qu’auparavant, explique Serge Planton chercheur à Météo France dans un très bon papier de Libé  ; pour affirmer que l’essentiel du réchauffement des cinquante dernières années est attribuable à nos émissions. Depuis, cette conclusion prudente a été confirmée par des études nouvelles, qui portent notamment sur d’autres paramètres que la température moyenne de surface (indicateurs de températures océaniques et études régionales) ».
Donc la planète se réchauffe, la fonte des glaces s’accélère et l’homme en est en partie responsable. Les politiques devraient se montrer très attentifs aux conclusions du sommet de Paris, puisque même George Bush, président envié de la nation la plus pollueuse du monde (en attendant que l’Inde ou la Chine reprennent le trophée), en fait une priorité...sous l’impulsion de son opinion publique. Mais là où les polémiques n’auront pas de cesse, c’est qu’on fait peser sur les particuliers la pression d’efforts incessants alors que les plus grands pollueurs sont les états et les industries lourdes. On vous demande de prendre une douche plutôt qu’un bain et de trier vos ordures ménagères, très bien, voilà des gestes civiques que personne ne conteste. Pendant ce temps, Airbus lance un avion gros porteur, les cultures de maïs s’étendent en France, le survol des montagnes en hélico se développe et la déforestation au Brésil continue. Quant aux éleveurs de bœufs aux Etats-Unis (très gros producteurs de CO2) impossible de leur imposer des quotas.
Sans compter que les pays du Sud, en voie de développement (le Sud incluant la Chine), contestent les facteurs pris en compte par les experts, comme étant des facteurs trop « occidentaux  ». Bref, une histoire très compliquée, mais vitale pour nos enfants et les générations futures.
Alors que dit Claude Allègre pour susciter autant de polémique ? Il rappelle simplement un principe scientifique, le doute, tant que rien n’a été prouvé formellement. Et surtout, il exprime ses doutes sur l’impact du CO2 : « Nous ne nions nullement le changement climatique, mais nous considérons que le réchauffement global n’est pas le phénomène essentiel. Si la température augmente de 1 ou 2 °C par siècle et que le niveau de la mer augmente de 25 centimètres, cela ne nous paraît pas catastrophique. Nous pensons, pour notre part, que le phénomène essentiel est l’augmentation de la fréquence des phénomènes extrêmes : canicule ou hiver russe, fortes pluies avec inondations et sécheresse avec manque d’eau potable, tornades violentes et fréquentes. Le tout avec des répartitions géographiques apparemment aléatoires ».
Cela s’appelle mettre les pieds dans le plat, mais pour l’auteur de la célèbre phrase : « il faut dégraisser le mammouth » à propos de l’Education Nationale, on peut s’attendre à des déclarations iconoclastes. Mais celle-ci l’est-elle autant que cela ? Pas sûr, tant il est vrai que beaucoup de phénomènes climatiques, géologiques, océanographiques s’analysent de diverses façons. « La seconde question est celle de l’influence du CO2, poursuit Allègre. Divers paramètres nous paraissent plus importants que le CO2. Ainsi, le cycle de l’eau et la formation de divers types de nuages, avec les effets complexes des poussières industrielles ou agricoles. Ou bien les fluctuations de l’intensité du rayonnement solaire à l’échelle du siècle et de l’année, qui semblent mieux corrélés avec les effets thermiques que les variations de teneur en CO2. »
Et c’est d’ailleurs pourquoi les scientifiques en charge de ces problèmes se servent de calculateurs de plus en plus sophistiqués pour établir leurs modèles. Mais là encore, les interprétations peuvent diverger. Le recueil des données devient plus simple, mais l’interprétation et surtout le choix des solutions, fait encore appel à l’intelligence humaine. D.A.


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