Le Tour de France : événement sportif le plus polluant au monde ?

par Matthieu Stelvio
jeudi 23 mai 2013

12 moteurs pour un vélo, jusqu’à une tonne de déchets par km, la foule sur des zones sensibles, une caravane qui distribue 16 millions d’objets par an… Le Tour de France est un événement polluant qui nuit à l’image du vélo.

Chaque année, au moins 2200 véhicules accompagnent le peloton du Tour de France sur 3400 km. 12 moteurs pour un vélo. 8 000 000 de km cumulés, 200 tours de l’équateur, plus d’un million de litres d’essence rien que pour l’organisation ! (1)

Sur le bord des routes, les concentrations de spectateurs peuvent atteindre des chiffres vertigineux. Lors des ascensions, on compte, en général, plusieurs centaines de milliers de spectateurs par tranche de 10 kilomètres. (2) La quasi-totalité de ces spectateurs brûle une quantité importante d’essence pour arriver sur des sites souvent sauvages transformés en véritables stades ! Il y a, par exemple, 60 km qui séparent l’Alpe d’Huez de la grande ville la plus proche ; et il est vraisemblable que pour assister à une arrivée à l’Alpe d’Huez, chacun des 1 000 000 de spectateurs brûle, en moyenne, au moins « 100 km de carburant » (voire 200).

Au-delà de cette énergie fossile qui part en fumée, alors que dans les océans, le plastique commence à supplanter les planctons, chaque année, ce sont environ 16 millions d’objets dérisoires (souvent sous blister) qui sont jetés sur la chaussée par la caravane publicitaire. (1)

Contrairement à ce qui est dit à la télévision (publique), les quantités de déchets laissés sur les bords des routes sont colossales. Ainsi, en 2009, 20 tonnes de déchets (20000 canettes, 30000 bouteilles en plastique) ont été récoltées sur les 19 km du Mont Ventoux ; soit plus d’une tonne de déchets par km ! (1) Dans les Hautes Pyrénées, à proximité du Tourmalet, le chiffre de 30 tonnes a été avancé ! (3) Bien évidemment, ce ne sont pas les organisateurs (chiffre d’affaires estimé à 100 millions d’euros) qui ramassent ces déchets, mais les communes (tout du moins si elles en ont les moyens).

Il n’est pas rare que des travaux impactant fortement l’environnement (et financés par les contribuables) soient engagés à la demande des organisateurs du Tour de France ; et ce, parfois contre l’avis de nombreux citoyens. En 2012, dans les Vosges, le paisible sommet de la Planche des Belles Filles a été rasé et bétonné pour l’arrivée d’une étape. (4) En 2013, en Corse, les bassins du port de Porto Vecchio pourraient être approfondis pour accueillir les grands ferries qui transporteront la caravane du Tour de France ; le dragage des fonds du port mettrait en suspension dans la mer d’importantes quantités de mercure et de métaux lourds. (5) Dans les Alpes, 500000 euros de travaux ont été et sont encore effectués (à la demande des organisateurs du Tour) sur la très petite route pastorale de Sarenne. (6)

Chaque année, le Tour de France traverse des zones fragiles dans lesquelles vivent des espèces animales sensibles. En 2011, au Cap Fréhel, malgré l’indignation de spécialistes en environnement, une arrivée a été jugée à proximité de « landes uniques en Europe ». (7)

Sur les routes préservées des Alpes (La Bonnette 2802m, L’Iseran 2770m…), la foule (qui peut rester sur place plusieurs jours) a toujours un impact sur une faune fragile soumise, tout au long de l’année, à de rudes conditions climatiques (le stress estival diminue les réserves métaboliques hivernales). En 2013, au Col de Sarenne, une foule importante est attendue aux abords d’une des rares zones humides protégées du haut Oisans ; et ce malgré, la protestation de plusieurs milliers de personnes. (8)

Le Tour de France est une des manifestations sportives les plus polluantes au monde. Dans la mesure où il est prouvé que 80% des 17 dernières éditions du Tour de France ont été des mensonges, nous sommes en droit de nous demander si de tels dégâts environnementaux sont proportionnés à la crédibilité de l’événement.

Malgré toutes ces dérives, le Tour de France reste un puissant lobby qui a, à ses pieds, nos télévisions et radios publiques (de France Info à France Culture) et autres services collectifs ! France Télévisions débourse ainsi 24 millions d’euros pour retransmettre et « greenwasher » l’épreuve ! (9)

Les organisateurs sont peu enclins au dialogue sur les sujets environnementaux. (10) Une prise de conscience est nécessaire, d’où l’utilité de signer certaines pétitions : http://avaaz.org/fr/petition/Non_au_passage_du_Tour_de_France_2013_au_Col_de_Sarenne/ 


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