Les bouteilles réutilisables sont-elles vraiment écolo-friendlys ?

par Emma75
mercredi 25 juillet 2012

Importées des Etats-Unis, des bouteilles d’eau en acier ou aluminium proposent des solutions de « bouteilles durables », en se positionnant sur une alternative écologique à l’eau en bouteille traditionnelle. Mais quel est le bilan environnemental de ces produits ?

Les bouteilles réutilisables se présentent comme écologiques. Pourtant, les fabricants engouffrés dans ce nouveau business donnent peu d’informations sur l’empreinte écologique de leurs produits…
 
Le raisonnement, tel qu’il est présenté dans pas mal de magazines féminins, se suffirait à lui même : une bouteille d’eau réutilisable serait forcément écolo puisqu’elle permet d’éviter l’utilisation des bouteilles jetables, ce qui induirait une réduction de sa consommation d’emballages.
 
C’est simple. Mais probablement un peu court.
 
Surtout lorsqu’on analyse le cycle de vie accablant des bouteilles en aluminium ou acier qui séduisent de plus en plus d’américains en se présentant comme écologiques…
 
Ainsi le New York Times(1) a t-il calculé que la fabrication d'une bouteille d’eau de 300 grammes en acier inoxydable utilise sept fois plus de combustibles fossiles, libère 14 fois plus de gaz à effet de serre et multiplie par plusieurs centaines le nombre de produits toxiques générés que la fabrication de 32 bouteilles en plastique !
 
Les bouteilles en aluminium n’ont pas un bilan plus flatteur. Selon une étude australienne, le cycle de vie des bouteilles en aluminium est encore pire que celui de l’acier, l’aluminium étant le matériau qui demande le plus de consommation d’électricité et d’eau. Il génère également une quantité démesurée d’émissions de carbone pour sa transformation par rapport au plastique. 
 
Selon les calculs du magazine Times, les bouteilles réutilisables en acier et aluminium auraient un cycle de vie plus avantageux à partir de 500 utilisations. Mais combien d’acheteurs gardent cet objet aussi longtemps ?
 
Made in ?
 
Reste les bouteilles réutilisables en plastique, matériau qui génère une empreinte écologique inférieure à l’acier et l’aluminium.
 
Problème : certains fabricants de bouteilles réutilisables en plastique n’indiquent aucune information sur l’origine de leurs produits. Est-ce que parce que ces produits sont fabriqués en Chine ? On retrouve en tout cas quelques modèles sur les sites d’achats directs made-in-china. 
 
Quel crédit écologique peut-on accorder au fabricant chinois de ce modèle de bouteille sportive présenté comme éco-friendly et vendu au prix imbattable de 0,1$ à 0,5$ pièce par lot de 5000 unités… ?
 
Qui peut croire, en plus des émissions générées par le transport, qu’un prix aussi bas peut permettre de respecter la moindre exigence de développement durable ?
 
Un cycle de vie opaque
 
Au-delà de la provenance des produits, les fabricants de bouteilles réutilisables passent sous silence le fait que ces bouteilles nécessitent un lavage après chaque usage.

Un détail qui n’est pas tout à fait neutre : s’il faut faire couler 1 litre d’eau pour le rinçage complet du récipient, cela implique une consommation d’eau et d’énergie supplémentaires qui devraient être pris en compte.

Il faudrait aussi prendre en compte l'impact de l'usage des produits détergents nécessaires pour éliminer les microbes bucaux qui pourraient se former dans le récipient ou sur le goulot.

En résumé, il serait temps que ces fabricants de soi disant « éco-bouteille », dont certains se contentent juste d’inscrire des slogans écologiques sur des bouteilles en acier, communiquent les études sur le cycle de vie de leurs produits, puisque c’est leur principal argument marketing.

Pour le moment, ils préfèrent s’autoproclamer « vert », sans rien dévoiler de l’impact environnemental de leurs produits.

(1) Cité par The Cornell Daily Sun, (le lien original du NYT est introuvable)


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