Les énergies renouvelables, 100% décarbonées… oui, lorsqu’elles fonctionnent !
par Enjeux Electriques
mercredi 25 juillet 2012
Alors qu’une conférence gouvernementale sur « la transition énergétique » est prévue à la rentrée, le difficile équilibre des énergies renouvelables dans le mix énergétique demeure peu connu. Le cas du paradoxe danois.
Le Danois, un écolo qui pollue beaucoup
Erigé en exemple depuis quelques années, le Danemark se veut le fer de lance de l’éolien offshore en Europe. Et pourtant, ce petit Etat arrive quatrième du classement mondial (WWF) des plus importantes empreintes écologiques par habitant… derrière trois pétro-économies (Qatar, Koweït et Emirats Arabes Unis) et devant les Etats-Unis ! L’Agence Internationale à l’Energie estime que le mix énergétique danois (en 2009) ne se compose que de 3,3% d’énergies éoliennes, solaires ou thermiques, auxquels s’ajoutent néanmoins 16,2% issus des biocarburants et de l’incinération des déchets. Le pays est donc tout de même en bonne voie pour atteindre son objectif de 30% d’énergies renouvelables à l’horizon 2020.
Cacher ce CO2 que je ne saurai voir
Revers de la médaille, le modèle danois repose largement sur le pétrole (37,9%), le charbon (21,6%) et le gaz (21%). Peu conciliable avec l’image d’écologistes que les Danois ont d’eux-mêmes, le champion national de l’énergie, DONG Energy, a pendant un temps tenté de développer ses activités carbonées à l’étranger. Aussi bien en Ecosse qu’en Allemagne, deux territoires cherchant à réduire leur dépendance au nucléaire, DONG a planifié la construction de méga-centrales à charbon, avant de devoir faire machine arrière fin 2009.
L’atome, l’autre énergie décarbonée
Aussi légitime soit le recours aux énergies renouvelables, demeure cependant un problème… une production aléatoire d’électricité ! Faute de pouvoir stocker l’énergie, il faut donc importer. Or, si le Danemark a fait le choix dans les années 80 de renoncer à l’atome, ses voisins eux continuent à l’utiliser. De fait, l’Association Nucléaire Mondiale (dont les adhérents sont les principales entreprises de ce secteur) estime que le pays d’Andersen a consommé 3 600 GWh (soit 11% de la consommation annuelle) issus des centrales atomiques allemandes et suédoises.
Le coût du mix énergétique danois
Plus l’éolien se développe, plus l’ensemble des territoires interconnectés sont soumis à l’aléa climatique (soufflera ou soufflera pas ?). A ce niveau, l’intégration des réseaux électriques régionaux a du bon.
Lorsque les éoliennes danoises fonctionnent, il y a abondance électrique et le kWh est peu coûteux, on s’en sert alors pour remplir les barrages norvégiens. Quand le vent cesse, l’on commence la production hydroélectrique, mais en situation de pénurie côté danois, prêt dès lors à payer plus cher pour réimporter de l’électricité. S’y ajoute une politique intensive de subventions de l’éolien accompagnée d’une hausse continue des prix des matières fossiles.
En cumulé, le coût supporté par les ménages danois est le plus important d’Europe : 0,31 €/kWh alors que le tarif français est en comparaison de 0,14€/kWh.
En définitive, sauf progrès phénoménaux en matière de stockage de l’énergie, le recours massif aux éoliennes en l’état montre ses limites en matière de rejet de CO2, de fiabilité et de prix. Par contre, il est possible d’intégrer avantageusement cette source de production dans le mix énergétique à la condition sine qua non de coordonner le réseau électrique européen et de le rendre plus réactif. Bref de favoriser l’intelligence énergétique avec les fameux smart grids.