Les énergies renouvelables progressent... moins vite que la consommation d’énergies fossiles !

par écologie réaliste
mardi 17 mars 2015

Les pays pauvres et émergents... émergent. Donc, la demande d'énergie sur la planète croît.
Comment répondre à cette demande ? Les énergies renouvelables en seront-elles capables ?

Prévoir l'avenir est un exercice périlleux ; en dépit de la plus grande science, il y a toujours risque de se tromper. Parlez-en à Nostradamus. On peut chercher la réponse dans le marc de café ou dans les sites militants ; il est plus raisonnable de s'adresser aux professionnels en la matière, même si eux aussi peuvent se tromper. Mais moins que madame Irma.

Je rapporte ici des résultats produits par :

-  L'IEA : International Energy Agency‌ policy - Agence indépendante à laquelle participent 29 pays.

-  L'EIA : US Energy Information Administration - "agence indépendante de la statistique au sein du ministère de l'énergie des États-Unis".

L'avenir dépend de réalités physiques, mais aussi de la capacité des hommes à s'adapter et à changer de comportement. Je présente les résultats de L'IEA, selon deux scénarios qu'elle a définis pour tenir compte de ce paramètre :

- le scénario Current Policy : les gouvernements – et les hommes qui les élisent – continuent à se comporter plus ou moins comme par le passé.

- Le scénario New Policies : les gouvernements prennent de bonnes résolutions, on suppose qu'elles seront appliquées, un jour, et que les électeurs suivront sans rechigner. Il faut bien reconnaître et avouer et que c'est un scénario très optimiste ; reconnaître que les belles promesses ne sont pas toujours appliquées, avouer que les électeurs n'acceptent pas toujours les conséquences des belles promesses lorsqu'elles sont appliquées. Taxe carbone, écotaxe, etc.

On constate, pour l'ensemble des statistiques, d'où qu'elles viennent :

- Les différentes statistiques sont relativement homogènes ; il est rassurant de constater que différentes équipes parviennent à des résultats similaires.

- Les prévisions montrent un prolongement de ce qui s'est déjà passé, avec des inflexions plus ou moins mineures selon les hypothèses. C'est un autre bon signe de la fiabilité de ces prévisions. 
(Par contraste, lorsque madame Irma, ou un site militant, proposent un avenir révolutionnaire, dans un monde merveilleux où les courbes changeraient subitement de sens, on a raison de se méfier : ni la réalité (à moins de révolution technique), ni surtout pas les hommes, ne changent brusquement.)

- Les énergies renouvelables progressent.
On le savait, c'est ce que les médias claironnent chaque jour, et c'est parfaitement vrai.

- Mais la consommation d'énergies fossiles croît aussi. Elle croît même plus vite, beaucoup plus vite en valeurs absolues, que les énergies renouvelables ! C'est parfaitement vrai. Mais les médias n'en claironnent rien. Pourtant, le réchauffement climatique, les ouragans de plus en plus nombreux et puissants, tout cela est visible là, dans ces coubes. 
Pendant que les caméras des médias sont braquées sur les énergies renouvelables, on oublie le maillot jaune qui caracole en tête, loin devant, qui se détache de plus en plus du peloton des poursuivants. Le maillot jaune, c'est celui de l'équipe énergies fossiles.

L'énergie de demain sera principalement assurée par ce que nous avons sous la main, ou plutôt sous le pied : les énergies fossiles. Les énergies renouvelables en sont incapables.

Le mur du réchauffement climatique est devant nous. Nous allons trop vite, nous ne pouvons l'éviter. Le bon sens serait de ralentir, pour retarder et atténuer le choc. Sinon, on peut aussi accélérer, pour entrer dans le mur encore plus vite ; c'est le choix d'amateurs de vitesse qui refusent des énergies peu émettrices de CO2, le nucléaire, le gaz de schiste...

Il faut en outre préciser que :

- Dans "autre", il y a toutes les énergies que nous croyons renouvelables. Parmi elles, la part des nouvelles stars, éolien et photovoltaïque, est négligeable, moins de 1%. Elles font beaucoup de cinéma dans les médias, mais ce ne sont pas ces starlettes qui empêcheront la planète de brûler.

- La part la plus importante dans les énergies renouvelables, c'est le bois, qui enfume les cuisines des pays pauvres. Ce bois est responsable :

- de millions de morts par an du fait des particules fines ;

-  de la désertification de régions entières. Parce que le bois est renouvelable, mais à son rythme. Celui des saisons, du vent et des nuages, du soleil ardent et de la pluie rare. À l’échelle des besoins de la multitude des hommes, le bois n'est plus une énergie entièrement renouvelable, son utilisation inconsidérée dans des pays peu développés est synonyme de désertification. (Document de l’Unesco "Comment se produit la désertification ?")

- L'hydraulique est le principal atout écologique des ENR. Mais, hélas, il est confronté à l'opposition... des écologistes ! Ils s'opposent aux projets de barrages, en Amérique du sud ou ailleurs.

Pendant ce temps, le mur du réchauffement climatique se rapproche.

Prévoir l'avenir est un exercice périlleux. Et avant même que l'avenir ait rendu son verdict, on est déjà exposé à toutes sortes de contestations. J'imagine quelques-unes des réactions que cet article peut provoquer. J'y réponds par avance, afin d'arriver plus rapidement au cœur du débat.

- On répondra peut-être que la solution, c'est d'économiser l'énergie. Bonne idée ! La petite France par exemple pourrait sans doute faire des économies d'énergie. Mais les Français le feront-ils ? Et surtout, même s'ils le faisaient, serait-ce suffisant, face aux énormes besoins de développement et d'énergie des immenses pays pauvres et émergents ?

- Une remarque voisine : la solution serait de consommer moins, et aborder le sujet de la décroissance. La réponse est voisine : bonne idée ! Mais qui aura le mauvais goût de demander aux pauvres d'Afrique ou d'ailleurs, de décroître, d'être plus pauvres encore ?

En résumé, il s'agit ici de considérer l'énergie pour toute la planète. Pas seulement dans les pays développés.

Une page pour distinguer les cas des pays développés et des pays émergents :

http://ecologie-illusion.fr/emissions_co2_rechauffement_climatique_echec.htm

Pierre Yves


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