Les ENR, le nucléaire et la presse
par K-Trunc
mardi 5 janvier 2016
Cela pourrait ressembler à un mauvais western.
hexagones.fr met actuellement en avant un de ses articles vieux de six mois. Voici l'article en question : L’impossible transition énergétique française
Dans cet article, plusieurs points sont abordés :
"la France ne tiendra pas ses objectifs en matière d’électricité verte. Principale cause : la priorité accordée au nucléaire.
le projet de loi prévoit de réduire la part du nucléaire dans la consommation finale d’électricité à 50 % en 2025. [...] Résumons donc la situation en 2025 : 50 % de nucléaire plus 27 % d’énergies renouvelables. Sauf à ne plus rien comprendre aux mathématiques, la somme de ces deux énergies ne fait pas 100 %. Il faudra donc qu’une troisième source vienne compléter le dispositif et produise l’équivalent de 23 % de la consommation.
La simple application du projet de loi, en supposant que les énergies vertes atteignent leurs objectifs, verrait donc la part des énergies émettrices de gaz à effet de serre passer de quelque 5 % du mix électrique en 2014 à 23 % en 2025, alors même que le projet de loi vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % en 2030
[...] selon le dernier bilan de RTE."
Que dit le bilan de la RTE (plus exactement le dossier de presse) ?
"Baisse de la consommation d'électricité et progression des énergies renouvelables qui représentent près de 20 % de la consommation."
"L’énergie électrique produite par les énergies renouvelables autres qu’hydraulique (28 TWh) dépasse la production d’origine thermique fossile pour la première fois en 2014. Plus de la moitié est issue de la production éolienne, le reste se répartit entre photovoltaïque et biomasse."
Bref tout semble rose, si ce n'est le lobby "malveillant" du nucléaire.
La réalité des faits :
Informations extraites du dossier de presse de la RTE :
- Consommation électrique 2014 : 465 TWh (eq. puissance moyenne de 53 GW)
- Part du renouvelable dans le mix électrique : 19.5 %
- Parc éolien installé : 9.1 GW
- Parc éolien effectif moyen : 1.86 GW (18% du renouvelable)
- Parc photovoltäique installé : 5.3 GW
- Parc photovoltaïque effectif moyen : 0.62 GW (6 % du renouvelable)
- Parc hydro-électrique effectif : 7.34 GW (71 % du renouvelable)
- Biomasse convertie en électricité : 0.5 GW (5% du renouvelable)
- Parc nucléaire installé : 63 GW
- Parc nucléaire effectif : 38 GW
- Parc fossile (charbon/gaz) effectif : 5.1 GW
—> 1er constat : les parcs éoliens et photovoltaïques ne produisent qu'à peine plus de la moitié de la production électrique fossile. Vouloir comparer un parc installé à un autre parc effectif relève de la pure manipulation. Le dossier de presse de la RTE est clairement orienté idéologiquement.
Informations extraites de l'Observatoire de l'Industrie Electrique :
(union française de l'électricité)
- Consommation énergétique totale en France en 2014 : 1797 TWH ( 205 GW en moyenne) :
- électricité : 25% (oui, seulement et eq aux 53 GW analysés plus haut)
- gaz : 21 % (utilisation non électrique)
- pétrole : 41 % (utilisation non électrique)
- charbon : 4% (utilisation non électrique)
- biomasse : 10 % (utilisation non électrique)
—> 2ème constat : plus des 2/3 de l'énergie en France est exploitée à partir de combustibles fossiles (gaz/pétrole/charbon)...Comparativement, le pays utilise très peu de charbon par rapport à d'autres pays.
—> 3 ème constat : l'éolien additionné au photovoltaïque ne représentent que 1.2% de l'énergie totale consommée en France (contre 4.1 % pour l'hydro-électrique, 10.2 % pour la biomasse, 18.5% pour le nucléaire, 4% pour le charbon, le reste étant le pétrole et le gaz)
—> 4 ème constat : la consommation d'énergie mondiale est d'environ 143000 TWh sur l'année. La consommation d'énergie en France est de 1797 TWh sur la même période. Le combustible fossile électrique ne représente 1797*0.25*5.1/53 = 43.2 TWh, soit 0.03 % de l'énergie mondiale consommée.
Vouloir agir sur le fossile électrique en France est la manière la plus hypocrite d'agir. D'une ça ne sert absolument à rien (sauf à flatter l'égo des verts de salon), de deux, l'essentiel de nos émissions de CO² n'est pas d'ordre électrique.